En quoi, et comment, un festival de cinéma laisse-t-il sa trace, année après année, édition après édition ? Au delà du succès populaire et de la médiatisation, qui ne sont « que » des indicateurs parmi d’autres, le travail de médiation scientifique relève de la course de fond : par la mise à disposition des œuvres et des contenus, par la mise en relation de milliers de liens (souvent invisibles) entre des sujets qui auraient pu ne pas se rencontrer, une équipe de médiateurs, de chercheurs, de programmateurs, peut finir, collectivement, par « faire œuvre ».
C’est cela, cette fidélité, que vient récompenser le CNRS en décernant sa première Médaille de la médiation scientifique 2021 au Festival international Jean Rouch. Le couronnement de trente-neuf années de travail de fond par l’équipe d’organisation et les membres de l’association du Comité du film ethnographique. L’équipe du festival rappelle que celui-ci a été « fondé en 1982 par l’ethnologue-cinéaste Jean Rouch (1917-2004), scientifique novateur et père de l’anthropologie visuelle (…) Depuis près de 40 ans, il fait ainsi découvrir ou redécouvrir au grand public des filmographies, des chercheurs-cinéastes, des courants et des tendances en SHS à travers les films documentaires d’aujourd’hui et du patrimoine ethnographique (…) L’objectif du festival est de rendre compte de la diversité et de l’originalité des genres et des écritures cinématographiques, ainsi que de la richesse de la recherche en sciences humaines. Tous les ans, plus de 70 films documentaires y sont programmés en compétition internationale ou en séances thématiques ».