Le Monde animé de Grimault, retrouve ses couleurs

Le Monde animé de Grimault, retrouve ses couleurs

10 mars 2020
Cinéma
Le Chien mélomane
Le Chien mélomane Tamasa Distribution
Projeté dans le cadre de l’édition 2020 du festival Toute la mémoire du monde à la Cinémathèque française, ce programme regroupe huit courts métrages de Paul Grimault, entièrement restaurés. Pour Studiocanal, à l’initiative de ce travail, ce projet s’inscrit dans la redécouverte du génie de Paul Grimault débutée avec Le Roi et l’Oiseau.

Pour beaucoup, le nom de Paul Grimault est associé à son film emblématique, Le Roi et l’Oiseau, relecture libre d’un conte d’Andersen écrite par Jacques Prévert. Un long métrage sorti en 1980 mais dont les premiers essais dataient de 1946. En 1946 justement, Grimault collabore pour la première fois avec le célèbre poète. Ce sera pour le court métrage Le Petit Soldat sur une musique de Joseph Kosma. On  trouve déjà des motifs qui ressurgiront bien plus tard dans Le Roi et l’Oiseau. Le Petit Soldat fait partie des huit courts métrages qui composent aujourd’hui le programme Le Monde animé de Grimault, dont la première projection s’est déroulée en octobre 2019 lors du Festival Lyon Lumière.

Les huit films en questions, dont l’état de conservation était jugé préoccupant, ont été entièrement  restaurés par Studiocanal avec l’aide du CNC. Tournés entre 1942 (Le Marchand de notes) et 1973 (Le Chien mélomane), ils permettent de suivre l’évolution du travail de son auteur et ses multiples expérimentations. Sophie Boyer, responsable du patrimoine chez Studiocanal, explique : « Nous nous étions occupés de la restauration du Roi et l’oiseau qui a été une belle aventure. Immédiatement après nous avons voulu creuser plus en profondeur le travail de cet auteur et nous sommes tombés sur ce long métrage étonnant coréalisé avec Jacques Demy, La Table tournante (1988). C’est un mélange de prises de vue réelles et d’animation. On y voit Paul Grimault dans son atelier interagir avec ses personnages, le tout entrecoupé d’extraits de plusieurs courts métrages. Lorsque nous avons récupéré la copie de La Table tournante nous nous sommes aperçus que la copie du film contenait aussi tous les courts métrages dans leurs versions intégrales. Leur qualité était mauvaise. Nous avons décidé de tout restaurer.»

Ce projet amorcé en 2017 va durer près de trois ans. Pour la majeure partie des « petits »  films les couleurs ont gardé leur fraîcheur et il est aisé de les nettoyer sans trahir les intentions de Grimault. Seul le film Les Passagers de la Grande Ours de 1943 restera en noir et blanc, faute d’avoir pu retrouver une copie couleur. « La seule référence que nous avions sur celui-ci c’était le rouge qui avait été conservé, pour les autres couleurs, impossible de savoir. Nous nous sommes donc abstenus de le coloriser. » L’autre difficulté de cette restauration est l’hétérogénéité des éléments à disposition : « Pour pouvoir intégrer des extraits de ses courts métrages dans La Table tournante, Paul Grimault avait fait des copies de ses propres films. Certains éléments étaient donc de troisième génération. Pour les films réalisés dans les années quarante, les copies étaient en bonne état. Ceux des années soixante-dix étaient sur des pellicules qui n’existent plus aujourd’hui. Il a donc fallu harmoniser tout ça.»

Le programme baptisé Le Monde animé de Grimault, vient d’une demande du distributeur Tamasa, soucieux de projeter tous les films les uns à la suite des autres. Jean-Pierre Boiget, directeur d’exploitation chez Studiocanal, précise : « Lorsque nous nous sommes tournés vers le CNC pour nous soutenir sur ce gros projet de restauration, ils nous ont aidés à hauteur de 60% du budget global. Sans cette aide, nous aurions été obligés d’abandonner et ces films merveilleux n’auraient pas retrouvé leur beauté d’origine. »   
Les travaux de restaurations ont été réalisés par le laboratoire Hiventy.