« On pourrait dire back to basics mais moi je dis plutôt back to the future. » C'est sur ces mots que la nouvelle présidente du Festival de Cannes, Iris Knobloch – qui succède à Pierre Lescure -, a préfacé l'annonce de la sélection officielle 2023. Une formule parfaite pour introduire le retour au premier plan de cinéastes confirmés en quête permanente de renouveau, à l'image du finlandais Aki Kaurismäki, récompensé à Cannes en 2002 pour L'Homme sans passé et de retour avec la comédie dramatique Fallen Leaves. La Compétition officielle accueillera d'autres cinéastes primés sur la Croisette, dont cinq palmés. Le metteur en scène japonais Hirokazu Kore-Eda présentera Monster, un drame en milieu scolaire dans la lignée de Rashômon et dont le regretté Ryuichi Sakamoto a composé la musique. Autres anciens lauréats de la Palme d'Or, le Turc Nuri Bilge Ceylan, sélectionné pour Les Herbes sèches, et l'Anglais Ken Loach, qui dévoilera The Old Oak, une histoire d'amitié entre un tenancier de pub et une jeune réfugiée syrienne. Enfin, on retrouvera Nanni Moretti devant et derrière la caméra dans Vers un avenir radieux, ainsi que Wim Wenders pour Perfect Days. Le réalisateur, palmé en 1984 pour le road movie Paris, Texas, filme le monde vu par un homme chargé de nettoyer les toilettes publiques à Tokyo. A noter que l’artiste prolifique ne présentera pas un seul mais bien deux films sur la Croisette cette année avec la sélection en séance spéciale du documentaire Le Bruit du temps, Anselm Kiefer sur le célèbre artiste contemporain allemand.
Plusieurs autres cinéastes aguerris concourront pour la Palme, comme Wes Anderson (Asteroid City), Marco Bellocchio (Rapito), Todd Haynes (May December), sans oublier le documentariste chinois Wang Bing (Jeunesse). Cette 76e édition sera également marquée par la présence de six réalisatrices en compétition officielle, dont l'Autrichienne Jessica Hausner pour Club Zero et l'Italienne Alice Rohrwacher, grande habituée du festival, pour La Chimera. Après le remarqué L'Homme qui a vendu sa peau, la metteuse en scène tunisienne Kaouther Ben Hania reviendra avec Les Filles d'Olfa. Trois cinéastes françaises ont également été retenues, à savoir Justine Triet pour Anatomie d'une chute, Catherine Breillat pour L'Eté dernier, et la cinéaste franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy qui montrera son premier long métrage, Banel et Adama. Toujours côté français, le festival accueillera le La Passion de Dodin Bouffant de Tr?n Anh Hùng, adaptation d'un classique de la littérature gastronomique portée par Juliette Binoche et Benoît Magimel. Enfin, on relèvera la première sélection du très rare Jonathan Glazer (Under the Skin) pour The Zone of Interest ainsi que celle du réalisateur brésilien Karim Aïnouz pour le film historique Firebrand.
Une sélection mêlant « de jeunes cinéastes qui viennent rarement ou pour la première fois (à Cannes) avec des vétérans dont on connaît le nom, le travail et l'œuvre. En matière d'art, il n'y a pas de date de péremption pour les cinéastes ni pour les œuvres», a ainsi déclaré Thierry Frémaux.
Concernant les films présentés hors-compétition, Jeanne du Barry, réalisé par Maïwenn, ouvrira le festival le 16 mai. Seront également projetés en exclusivité le dernier long métrage de Martin Scorsese, Killers of the Flower Moon, Cobweb de Kim Jee-woon, mais aussi la série The Idol du créateur d'Euphoria, Sam Levinson, ainsi que les nouvelles aventures du célèbre archéologue Indiana Jones et le cadran de la destinée de James Mangold. Le cinéma documentaire est à l’honneur dans les séances spéciales avec Portraits fantômes de Kleber Mendonça Filho, Occupied City de Steve McQueen, ainsi que Man in Black, deuxième long métrage de Wang Bing retenu pour cette édition. Le réalisateur du monumental À l'ouest des rails (2003) s'intéresse ici à la vie du compositeur chinois autodidacte Wang Xilin, exilé en Allemagne.
Lauréat des deux derniers César du meilleur acteur, Benoît Magimel sera particulièrement présent cette année sur la Croisette, que ce soit en Séance de Minuit chez Elias Belkeddar (Omar La Fraise) ou dans la sélection Un Certain Regard chez Stéphanie Di Giusto (Rosalie). C'est Le Règne animal de Thomas Cailley qui fera l'ouverture de cette section, dans laquelle on retrouve, entre autres, Monia Chokri (Simple comme Sylvain), Anthony Chen (The Breaking Ice) et Zoljargal Purevdas (If Only i Could Hibernate), première cinéaste mongole en compétition sur la Croisette. Enfin, citons le retour de Takeshi Kitano à la réalisation avec le long métrage Kubi, un film de samouraïs présenté dans la sélection Cannes Première.
