Un polar en costumes pour Les Enfants des Lumière(s)

Un polar en costumes pour Les Enfants des Lumière(s)

27 mai 2021
Cinéma
Sur le tournage de "En quête au Muséum" © Laure Farantos
Sur le tournage de "En quête au Muséum" © Amélie Aimedieu et Elise Phalipaud
Sur le tournage de En quête au Muséum © Amélie Aimedieu et Elise Phalipaud
 
 
 
Programme d’éducation à l’image imaginé pour accompagner les élèves dans la découverte des œuvres et des métiers du cinéma, Les Enfants des Lumière(s) nous entraîne cette fois-ci dans les coulisses d’un court métrage policier. L’occasion de se pencher sur le choix des costumes et des accessoires, qui non seulement donnent vie aux personnages mais insufflent aussi une esthétique singulière au film.

Au voleur ! Un matin d’automne, M. Azote, le directeur du Muséum d’Histoire Naturelle, a fait une bien triste découverte : la corne du rhinocéros offerte à Louis XV, naturalisé depuis 1793, a été dérobée ! Malgré une intime conviction, M. Azote sollicite l’aide d’une brillante enquêtrice Mme Poucet dont l’efficacité n’est plus à prouver. L’affaire sera suivie de près par le jeune acolyte en formation Joe Flare, débutant dans la fonction mais déjà très fin observateur. La lumière est faite ? Pas si sûr…

Tel est le synopsis d’En quête au Muséum, court métrage réalisé par la classe de 5 e -4e du Collège André Malraux à Asnières-sur-Seine.  Entourés de la réalisatrice Kahina Asnoun et d’Amélie Aimedieu et Elise Phalipaud, leurs professeurs, les élèves ont travaillé sur le genre policier et ont décidé de réaliser leur court métrage en costumes. Ils nous racontent les coulisses de leur film.

Sur le tournage de En quête au Muséum
Sur le tournage de "En quête au Muséum" Amélie Aimedieu et Elise Phalipaud

Pourquoi avoir choisi de faire un film policier en costumes ?

Akram Mebarkia, qui interprète le personnage de Joe Flare : Imaginer le costume d’un personnage apporte quelque chose au jeu de l’acteur et donne du sens à l’histoire.


Alfred Vieru, qui joue le rôle de M. Azote : De plus, les costumes apportent de la profondeur au film et donnent du charme. Quand nous avons commencé à parler de l’idée de faire un film en costumes, je n’étais pas convaincu. J’avais peur que l’on perdre du temps et de l’énergie alors que nous avions peu de jours de tournage et qu’il y avait beaucoup à faire ! Je me suis finalement rendu compte que les costumes avaient un réel impact sur l’ambiance du film, sur l’esprit qu’il s’en dégage. Ce n’est pas qu’une affaire de style. Ils permettent de caractériser tout de suite les personnages. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons choisi des costumes très marqués pour les personnages principaux des détectives et d’autres plus en nuance pour les personnages secondaires.

Kélann Doumbe : L’idée des costumes est venue naturellement : un détective en survêtement, ça n’a pas de sens !

Le costume permet de construire un personnage, et inversement
 
Dessin préparatoire
DR

Selon vous, qu’est-ce qu’un costume raconte ou révèle d’un personnage ?


Maïssane Sari, qui incarne la minéralogiste : Je pense qu’avant tout, le costume permet de construire un personnage, et inversement. Par exemple, quand nous avons eu à déterminer les caractéristiques des détectives, on a tout de suite imaginé les habiller de manière élégante, en complet, avec un chapeau et des lunettes. Et leur faire porter la moustache aussi. Je ne sais pas pourquoi mais souvent, les détectives ont une moustache ! Nous avons aussi pensé aux accessoires : une montre gousset – qui d’ailleurs, est un élément important de l’histoire -, un carnet pour noter les indices… Et puis, si nous n’avions pas eu de costumes, nous n’aurions pas joué de la même manière.

 

Justement, comment le costume influence-t-il le jeu de l’acteur ?


Nassim Sarih: C’est difficile à expliquer, mais le fait de porter des vêtements qui ne sont pas les nôtres aident à jouer quelqu’un d’autre. Mon personnage était celui d’un universitaire qui était interrogé dans le cadre de l’enquête. J’ai très vite eu l’idée de porter un pull, que Maïssane m’a prêté, avec un badge à mon nom. Ces détails m’ont aidé à me sentir crédible.


Alfred Vieru : Le moment des essayages a aussi été important. Essayer nos costumes nous a aidé à mieux ressentir nos personnages et nous a même donné des idées supplémentaires. On s’est aussi rendu compte de certains petits soucis. Par exemple, je porte des lunettes, mais cela faisait un reflet caméra lors du tournage. Il a donc fallu que je les retire pendant les prises. Parfois, j’oubliais de les enlever, parfois, elles dépassaient de ma poche, ce qui pouvaient donner lieu à des faux raccords…

A ce propos, y avait-il une ou plusieurs personnes préposées aux costumes sur le tournage ?


Alice Liao : En fait, c’était un travail collectif : tout le monde faisait attention pour éviter les faux-raccords.


Ketsia Etinof : Et puis tous les acteurs avaient leur sac de costumes et d’accessoires individualisés. C’était plus simple et plus efficace.

Yasmine Fariad : D’ailleurs, pour  éviter les faux-raccords, nous avions fait des photos le premier jour. Ça nous a beaucoup aidé.

 

Dessiner les personnages nous a aidé à nous faire une idée de la direction à prendre

A quel moment du film le choix des costumes s’est décidé ?


Cécile Liao, qui joue le rôle de la taxidermiste : Cela s’est fait assez tôt, au moment d’écrire le scénario. Nous avons précisé les caractéristiques de chaque personnage. Puis, au moment d’écrire les scènes, plusieurs élèves ont dessiné les personnages, ce qui nous a aidé à nous donner une idée plus précise de la direction que l’on souhaitait prendre. Notre court métrage est dans un thème vintage et je ne voyais pas ce court métrage sans costumes accordés avec. Le costume rajoute beaucoup à l’acteur qui le porte : on retrouve l’esprit détective chez Mme Poucet ou encore Joe Flare. On retrouve aussi l’esprit des scientifiques chez la taxidermiste, la zoologiste et la minéralogiste.


Maïssane Sari: Nous avons alors réalisé une liste pour noter tout ce dont on avait besoin, séquence par séquence, acteur par acteur, costume par costume. Chacun a apporté ce qu’il avait, même les professeurs. Il n’y a que pour les chaussures où finalement, au lieu de partir sur l’idée des mocassins, on a tous porté nos propres baskets. On trouvait le mélange assez classe. Et puis de toute façon, personne n’avait de mocassins !
 

Sur le tournage de En quête au Muséum
Sur le tournage de "En quête au Muséum" Amélie Aimedieu et Elise Phalipaud

 

Arsène Lupin, Hercule Poirot, Hitchcock et Sherlock Holmes


Quelles recherches, quel travail de documentation avez-vous fait pour choisir les costumes des personnages ?


Amélie Aimedieu : Nous avions travaillé l’an passé le genre policier à travers la littérature, que ce soit par la lecture des aventures d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc, ou de La Reine des fourmis a disparu, de Fred Bernard et François Roca. Cette histoire a d’ailleurs inspiré le scénario d’En quête au Muséum. Nous avons également visionné des extraits de Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock pour familiariser les élèves au polar, à l’atmosphère qui se dégage de ce genre. Nous avons aussi fait tout un travail sur le langage et sur des expressions particulières de la langue française, comme on peut en entendre chez Hercule Poirot. Et bien évidemment, nous avons projeté un épisode des aventures de Sherlock Holmes et du commissaire Maigret. Cela a permis d’emmagasiner un certain nombre de références dans lesquelles les élèves ont pu puiser au moment de l’écriture du scénario.

Les détails apportent un plus à l’histoire
 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans le choix des costumes et des accessoires ?


Alfred Vieru : Le plus dur selon moi a été d’inventer le médaillon de la famille Tavernier. Il fallait imaginer un symbole à la fois simple mais qui ne révèle pas tout non plus.


Néhémie Lurika Makasila: Ce médaillon est inspiré de l’histoire du diamant bleu de Louis XIV. Quelques élèves ont dessiné le logo qui devait représenter le symbole de la famille. Puis nous avons fait un vote à main levée pour choisir quel dessin avait notre préférence et c’est celui de Maïssane qui a été choisi. Nous sommes partis sur une forme triangulaire avec un T, initiale de Tavernier, et dont le symbole ressemble à un bateau, puisqu’il s’agissait d’une famille de navigateurs et d’explorateurs. Une fois le symbole dessiné, nous l’avons fait graver chez un bijoutier.

Chéline Chen : Ce genre de détail est très important car ça apporte quelque chose en plus à notre histoire.

Tourner dans un décor réel facilite le jeu et accentue l’atmosphère mystérieuse du film

Y’a-t-il eu des éléments de décor qui existaient déjà et dont vous vous êtes inspirés ?


Alfred Vieru : Là aussi, tourner à la Galerie de Paléontologie et d’Anatomie Comparée du Muséum d’Histoire naturelle m’a beaucoup aidé à jouer mon personnage. J’étais entouré de squelettes, d’animaux empaillés… Comme nous avions en plus le musée pour nous tout seuls, j’avais vraiment l’impression d’être le directeur du musée. Je regardais tout ça avec sérieux, ça m’a permis de trouver le côté autoritaire de mon personnage. Et puis ce décor me donnait aussi un repère dans mon placement puisqu’encore une fois, je devais jouer sans lunettes !


Alice Liao : Le fait de tourner dans un décor réel facilite le jeu et accentue l’atmosphère mystérieuse du film. Et le fait d’avoir déjà visité les lieux auparavant lors des repérages m’a permis d’être plus sereine lors du tournage.

Ruth Kassa : Cela nous a aussi aidé à créer une unité de lieu car nous avons également tourné à la mairie et au château d’Asnières. Nous nous sommes servis de squelettes et d’objets que nous avions en salle de SVT au collège pour donner l’impression que l’histoire se passe dans un seul et même lieu. Et c’est ce qui est magique dans le cinéma !

Sur le tournage de En quête au Muséum
Sur le tournage de "En quête au Muséum" Amélie Aimedieu et Elise Phalipaud