Disparition d’Anémone, actrice libre et impertinente

Disparition d’Anémone, actrice libre et impertinente

02 mai 2019
Cinéma
Le Quart d'heure américain
Le Quart d'heure américain 1982 UGC - Top n°1 - Swanie Productions - StudioCanal

Anémone avait fait de la liberté son moteur. Très à l’aise dans la comédie burlesque, elle n’avait pas son pareil pour envoyer des répliques passées à la postérité. Elle maîtrisait aussi une veine plus dramatique chez Michel Deville ou Jean-Loup Hubert dont Le Grand Chemin lui a permis d’obtenir le César de la meilleure actrice en 1988.


Née en 1950 à Paris, Anémone débute au cinéma à 17 ans chez Philippe Garrel dans Anémone. Elle figure au générique sous son vrai nom Anne Bourguignon. Le film lui donnera son pseudonyme. Elle rencontre ensuite les bandes du Café de la Gare (Coluche, Romain Bouteille…) puis du Splendid (Jugnot, Balasko, Chazel, Clavier, Lhermitte, Blanc) qui lui apporteront le succès. Retour en 5 films sur sa carrière marquante.

Le père Noël est une ordure (1982)

Au départ, le rôle n’était pas pour elle. Quand la troupe du Splendid écrit Le père Noël est une ordure (après l’immense succès des Bronzés au cinéma), elle n’imagine pas encore Anémone dans la peau de Thérèse, mais Josiane Balasko. Cette dernière étant accaparée par le cinéma, elle ne peut créer le rôle sur scène. Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et les autres ont alors l’idée de faire appel à celle que Coluche avait choisie pour Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine : Anémone. Elle crée Thérèse dans Le père Noël est une ordure sur scène, le 17 octobre 1979. Elle campe à merveille cette bourgeoise étriquée mais généreuse et son duo avec Thierry Lhermitte fait des étincelles. La pièce obtient un tel succès que la troupe est contrainte de jouer dans un théâtre plus grand. Elle est filmée par Philippe Galland, compagnon d’Anémone. Très vite, l’idée d’une adaptation sur grand écran est envisagée. Jean-Marie Poiré (le futur réalisateur des Visiteurs) prend les commandes du film. Le succès sera de nouveau au rendez-vous. Les rediffusions télé l’ont depuis transformé en film culte d’une génération.

 


Le Quart d’heure américain (1982)

Philippe Galland a l’idée de cette comédie romantique originale dont Anémone est la vedette avec Gérard Jugnot. La comédienne interprète une animatrice radio qui, au hasard de ses déplacements, propose à des automobilistes de gagner de l’argent. Gérard Jugnot est un chômeur au bout du rouleau. Leur rencontre, c’est l’attirance de deux contraires. Anémone est parfaite en ambitieuse des médias rongée par la culpabilité et désireuse de bien se conduire dans la vie. Derrière la comédie, Le Quart d’heure américain est une critique acerbe de la différence de classes.

 

Péril en la demeure (1985)

Ce polar élégant et sulfureux de Michel Deville permet à Anémone d’interpréter son premier rôle dramatique. Elle est Edwige Ledieu, une jeune femme mystérieuse qui espionne David (Christophe Malavoy), un professeur de guitare pris au piège d’un couple étrange (Nicole Garcia – Michel Piccoli). Avec sa canne, sa démarche claudicante et son franc-parler, elle est une des pièces maîtresses de ce film.

 

Le Grand Chemin (1988)

Le Grand Chemin de Jean-Loup Hubert est probablement le Tchao Pantin d’Anémone, son tournant dramatique. Elle émeut dans le rôle de Marcelle, cette femme en deuil d’un enfant qui va, grâce à l’arrivée d’un garçon de neuf ans, retrouver le goût à la vie. Elle forme avec Richard Bohringer un couple à fleur de peau qui a marqué le cinéma français. Ce rôle lui vaudra le César de la meilleure actrice en 1988.

 

Le petit prince a dit (1992)

Dans ce film de Christine Pascal, Anémone interprète une actrice qui ne voit sa fille qu’un week-end sur deux depuis le divorce d’avec son père, interprété par Richard Berry. Mais la nouvelle d’une maladie grave affectant la petite fille va réunir de nouveau la cellule familiale. Anémone parvient, par son jeu subtil et décalé, à composer une mère de famille très émouvante. Le film a été récompensé par le Prix Louis-Delluc en 1992.