Voyage à travers les salles de cinéma françaises inscrites aux Monuments historiques

Voyage à travers les salles de cinéma françaises inscrites aux Monuments historiques

06 avril 2020
Cinéma
Cinéma L'Odyssée de Strasbourg
Cinéma L'Odyssée de Strasbourg L’Odyssée - Bartosch Salmanski

De Paris à Perpignan en passant par Lyon et Strasbourg, petit tour d’horizon de ces salles faisant partie de notre patrimoine historique et culturel.


Pathé-Vaise (Lyon)

Le quartier de Vaise est situé dans le 9e arrondissement de Lyon. Il fut l’un des quartiers ouvriers les plus dynamiques de la ville. Le bâtiment qui abrite aujourd’hui le multiplexe Pathé-Vaise traduit la mémoire de ce passé industriel. Son imposante façade en pierres apparentes date de la fin XIXe siècle. C’est en 1876 que l’entreprise Falcot Mairet et Cie, spécialisée dans les instruments de mesure, fait construire ce qui ressemble à un énorme hangar avec des poutres apparentes. En 1930, une autre société occupe les lieux et y installe ses machines d’embouteillage. Ces halles de plus de quinze mètres de hauteur sous plafond s’agrandissent et portent même un nom, le Chais Beaucairois. C’est en 2008 que Pathé décide d’y installer quatorze salles de cinéma comptant 2 500 fauteuils. Le bâtiment est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques de France depuis le 3 juillet 2003.

L’Odyssée (Strasbourg)

C’est en 1913 qu’est inauguré en plein cœur de Strasbourg l’Union Theatre, un magnifique cinéma dont le nom se réfère à une célèbre salle de Berlin. Dans les années 50, la société Gaumont gère le lieu et lui donne pour nom l’ABC. Au milieu des années 80, la salle de cinéma périclite et il faudra toute la ténacité de l’association Rencontres Cinématographiques d’Alsace, aidée par la ville de Strasbourg, pour que le cinéma reprenne ses droits. L’ABC devient L’Odyssée en 1992. La façade du cinéma mais aussi son intérieur et notamment la magnifique salle qui ressemble à un théâtre sont inscrits aux Monuments historiques depuis 1990.

Cinéma Eldorado (Dijon)

C’est sur les ruines d’une salle de bal qu’est construit en octobre 1919 le bâtiment Art déco qui abritera le futur Eldorado de Dijon. L’endroit situé au cœur d’un quartier populaire était jadis un lieu de rencontre pour les nombreux ouvriers installés dans les environs. Avec son label « Art & Essai », l’Eldorado assure depuis les années 50 une programmation entièrement dédiée au cinéma d’auteur français et international. Le cinéma accueille chaque année le Festival du Court Métrage de Dijon. La façade du cinéma Eldorado est inscrite au titre des Monuments historiquespar arrêté du 20 août 1986.

Cinéma le Castillet (Perpignan)

Le Castillet DR

Le cinéma le Castillet à Perpignan et sa façade jaune pâle impressionnent d’emblée. Situé à l’angle d’une rue, une tour lui confère un surplus de majesté. Les façades et toitures sont inscrites au titre des Monuments historiques en 1997 et le cinéma obtient également le label « Patrimoine du XXeme siècle ». En activité depuis 1911, cette salle est l’une des plus anciennes de France. La création du Castillet est due à un jeune passionné de cinéma, Jean Font ému par les premières projections des Frères Lumière. L’homme, qui a déjà des salles à Barcelone, essaie alors d’exporter son savoir-faire en France. Après avoir exploré les villes de Marseille et Montpellier, c’est à Perpignan qu’il décide d’installer sa salle de cinéma. Si l’architecture est jugée « funèbre » par les critiques de l’époque, le bâtiment, qui a connu quelques retouches au fil des âges, est aujourd’hui considéré comme l’un des plus précieux de la ville.

Le Champo-Espace Jacques Tati (Paris)

Cette salle lovée près de l’imposante Université de la Sorbonne à Paris est devenue une institution pour tous les cinéphiles. Le lieu a failli pourtant disparaître en 1999, le propriétaire des murs voulant vendre le bâtiment. Les personnalités du cinéma se mobilisent alors. Claude Chabrol, Isabelle Huppert, Cédric Klapisch ou encore Jacques Perrin signent une pétition pour que ce temple de la cinéphilie garde son identité. La façade et les salles sont en totalité, et en urgence, inscrites au titre des Monuments historiques par un arrêté du 7 avril 2000. Si le « Champo » propose du cinéma dit de patrimoine, l’idée lors de sa création en 1938 est de projeter des films mal aimés des institutions mais adorés des jeunes étudiants, tel Drôle de drame de Marcel Carné. Le cinéma s’est installé à la place d’une librairie. C’est en 1988 pour son cinquantième anniversaire que le Champo se voit rebaptisé Champo-Espace Jacques Tati, en hommage au realisateur de Jour de fête, parrain historique du cinéma.

Le Trianon (Romainville)

Avec sa forme arrondie et ses colonnes roses qui s’imposent à l’entrée, le Trianon de Romainville donne l’illusion d’une immense bouche. Les fenêtres en forme de hublots rappellent toutefois l’univers maritime. Le bâtiment en béton armé date des années 50 et correspond au style dit « paquebot », branche tardive du mouvement Art déco. L’histoire du lieu remonte cependant aux années 1910 avec la projection de films muets mais, bombardé durant la Seconde Guerre mondiale, il sera détruit. Reconstruit, il a depuis gardé son allure fifties. A l’intérieur, la belle salle qui s’apparente à un théâtre a accueilli Eddy Mitchell et sa célèbre émission La Dernière Séance. Le cinéma reçoit en 1997 une inscription au titre des Monuments historiques.