Louise Massin (« Loulou ») : « Parler de soi permet de garder une certaine sincérité »

Louise Massin (« Loulou ») : « Parler de soi permet de garder une certaine sincérité »

03 janvier 2019
Création numérique
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Louise Massin dans Loulou
Louise Massin dans Loulou La Onda Productions

Websérie d’Arte Créative imaginée par Alice Vial, Louise Massin, Marie Lelong et Géraldine de Margerie, Loulou suit les aventures tendres et drôles d’une jeune trentenaire qui découvre qu’elle est enceinte. Récompensée du prix de la meilleure série digitale au Festival Séries Mania 2017, la saison 1 de Loulou a également reçu en 2018 le Prix du Public et une Mention du jury (pour l’interprétation du casting) au Festival des créations télévisuelles de Luchon. Mais comment arrive-t-on à se renouveler dans la saison 2 ? Réponse avec la comédienne Louise Massin, alias Loulou.


Comment est née cette websérie ?

Tout est parti d’une envie de travailler avec des amis, d’écrire en étant libre. J’étais enceinte pour la seconde fois et j’avais envie de raconter ma première grossesse qui s’était passée d’une manière un peu spéciale. Je ne l’avais pas très bien vécue. On s’est lancés dans ce projet un peu comme ça et on a commencé à écrire en vacances. Plus on écrivait, plus on s’amusait. On ne se disait pas au départ qu’on allait le vendre à une chaîne : on était plus sur une histoire pour YouTube... Je ne connaissais pas du tout le digital, mais un monde de liberté s’est ouvert à nous. C’est un peu une affaire familiale : mon cousin est le producteur de Loulou. Il venait de monter sa société de production lorsqu’il a eu le pitch par hasard - il était en coworking avec Alice Vial (auteure et co-créatrice de la websérie ndlr). Ça lui a plu et il s’est lancé avec nous. On a fait une campagne de financement participatif et on a tourné 5 épisodes avec 15 000 euros…

Vous avez reçu plusieurs prix avec cette saison 1. Comment avez-vous abordé la saison 2 ?

C’était un peu compliqué au début, ça m’a empêché de dormir pendant quelques nuits (rires). J’avais un peu la trouille. Cette saison 1 était tellement spontanée... Je n’avais pas le désir de parler de la maternité d’après : c’était moins organique, vital de l’écrire cette saison 2. On a essayé de rester proches de nous : j’avais un enfant de 4 ans au moment de l’écrire, une autre co-créatrice, Géraldine de Margerie, se séparait de son amoureux alors qu’ils avaient un petit garçon... Il y avait pas mal d’expériences à faire avec ce personnage de Loulou qui n’est pas dans le moule de la maman « normale » mais qui essaie de bien faire. Il y a ce côté génial avec semaine A avec l’enfant et semaine B où elle essaie de retrouver sa vie de femme. Comment retrouver ça quand tu as été grosse pendant 9 mois, que tu as accouché, que tu n’as pas vraiment réussi à perdre tes kilos et que tu es avec ton enfant depuis 3 mois ? C’était un sujet qui m’intéressait. On a donc essayé de travailler plus en profondeur les personnages et la charge émotionnelle pour combler le côté moins spontané.

La saison 1 se termine avec la naissance du bébé, mais la saison 2 démarre avec une ellipse de 4 ans. C’était essentiel pour renouveler la série entre les deux saisons ?

Oui, on n’avait pas envie d’être sur le même thème totalement et de cloisonner Loulou dans ce rôle de mère. Une série où le bébé vient de naître, c’est également difficile techniquement… Je trouve de toute façon que Loulou gère seule toutes ces situations dans la saison 1. Il n’y avait donc pas la nécessité de voir si elle allait bien gérer le bébé, si elle avait survivre… Quelque part, ça coulait de source.

Ce bond dans le temps est-il la seule chose que vous avez introduite dans cette saison 2 pour renouveler Loulou ?

C’est drôle que vous me posiez la question, on ne s’est jamais dit qu’il fallait renouveler à tout prix la série. On n’avait pas cette problématique-là, on avait plus peur de perdre la spontanéité. Pour la première saison, il y avait une évidence : elle s’écrivait toute seule. J’étais enceinte donc il fallait tourner rapidement et ne pas se poser de questions. On n’a jamais vraiment décidé que le concept de Loulou serait quelque chose de nouveau. On se disait plutôt que parler d’une femme enceinte ne pouvait pas intéresser tout le monde, mais on s’en moquait un peu. Pour la saison 2, il fallait camper une situation bien nette, différente, et avancer. On a juste pris le matériel qu’on avait autour de nous. Il faut partir de quelque chose de soi ce qui permet de garder une certaine sincérité.

Comme dans la saison 1, plusieurs réalisateurs sont passés derrière la caméra pour les épisodes de la saison 2. Pourquoi ?

Lors de la première saison, on a fait ce choix car on avait tellement peu de budget qu’on ne pouvait pas payer un réalisateur sur dix épisodes. On s’est dit qu’on allait piocher comme ça, un réalisateur par journée. Ils avaient une petite enveloppe symbolique. On s’est finalement rendus compte que chaque réalisateur avait un point de vue, une interprétation différente. Lors de la saison 2, nous avons fait appel à un peu moins de réalisateurs différents, mais on a pris des personnes qui connaissaient bien la série pour que ce soit cohérent et dans la continuité. Être dirigé par des gens différents sur un scénario que tu as écrit, c’est rare. Et ça permet également d’avoir leur regard sur Loulou.

Pourquoi avoir décidé de ne pas faire de saison 3 ?

On cloisonne sur ce format. C’est d’ailleurs une critique que l’on a beaucoup entendue lors de la saison 2.  C’est la même chose pour l’écriture : on se sent un peu étriqués dans ce format-là. Mais ce n’est pas cohérent de passer d’épisodes de 5 minutes à 26 minutes. Je pars du principe que c’est tellement bien de travailler dans une nécessité, de vraiment vouloir raconter quelque chose. Il a fallu réfléchir pour la saison 2 et la saison 3 ne vient pas naturellement… Mais ça ne veut pas dire que ça s’arrête totalement...

Pensez-vous faire revivre Loulou sur grand écran ?

Un long métrage se profile pour Loulou et ses amis, mais nous n’en sommes qu’au début et ça ne se fera pas s’il n’y a pas d’étincelle. Ecrire le long pour écrire le long car les deux saisons ont fonctionné, ce n’est pas l’idée. Mais oui, on aimerait bien qu’elle continue à vivre cette Loulou. On s’y attache !