Molécule (-22,7°C), le compositeur qui créé avec les sons de la nature

Molécule (-22,7°C), le compositeur qui créé avec les sons de la nature

20 juin 2019
Création numérique
-22,7° C
-22,7° C Zorba Production

Écouter le froid, ressentir son effet, tel est le projet de -22,7°C, un ambitieux canevas multiformats qui se décline en documentaire, en expérience VR et bientôt en fulldome (dôme immersif à 360°). A son origine, le compositeur Romain de Haye-Sérafini alias Molécule, un musicien singulier qui trouve dans la nature une source d’inspiration pour ses compositions.


Comment vous est venue l’idée de ce projet multiformats, -22,7°C ?

J’ai toujours eu l’envie de collaborer et de mettre l’accent sur les contenus audiovisuels lors de mes projets musicaux. Je pars dans des endroits un peu atypiques pour créer des musiques, enregistrer des sons de la nature. Lors de ma première expérience en 2013, 60°43’ Nord, je suis parti avec un vidéaste sur un bateau pendant plus d’un mois et demi pour mettre en musique la tempête. J’en ai tiré un documentaire, un livre-CD, un podcast, et lors de mes concerts, je projetais des vidéos. Je voulais, lors de ma nouvelle expérience, pousser encore plus loin le panel de contenus dont le noyau était une expérience humaine assez intimiste. C’est dans cet état d’esprit que je suis parti au Groenland à l’hiver 2017 avec le vidéaste Vincent Bonnemazou.

Pourquoi avoir choisi le Groenland ?

Après l’énorme vacarme qu’a été mon aventure sur un bateau en pleine mer, j’étais en quête de silence. Je voulais expérimenter les sons du désert. Quoi de mieux qu’un désert glacé ! Là-bas, les sons sont très rares. J’ai passé un mois et demi sur place où j’ai recréé un studio. J’ai enregistré les sons environnants que j’ai mis en musique sur place. Cela a donné l’album -22,7°C sorti l’an dernier. C’est ce qui est raconté dans le documentaire visible en ligne sur le site de la Philharmonie de Paris.

Qu’apporte la réalité virtuelle à votre aventure ?

Sur la banquise, au pied d’un iceberg, j’ai vraiment eu un sentiment de vertige. Je me projetais à la fois dans ces décors immenses monochromes et au plus profond de moi-même, de mes angoisses, de mon passé. C’est vraiment cet aller-retour entre l’extérieur et l’intérieur, cette résonnance que j’ai voulu mettre en avant dans le film en réalité virtuelle. L’idée était de créer une expérience visuelle et sonore où l’environnement serait au premier plan. Quand j’ai eu ma première expérience de réalité virtuelle en 2017, au Festival South by SouthWest, en découvrant le film Notes on Blindness, je me suis dit que c’était un média qui donnait des émotions incroyables. Le studio Zorba de Guillaume de la Boulaye et Olivier Mardi m’a suivi dans mon aventure. J’ai rencontré Jan Kounen grâce à ma maison de disque et nous avons tout de suite accroché sur des questions de rapport à la nature, de transe. Il y a une vraie collaboration qui s’est faite entre nous. Il m’a permis de mettre une direction artistique sur les différents mondes. J’ai aussi eu la chance de travailler avec Amaury La Burthe, un des auteurs de Notes on Blindness.

Pourquoi ce titre ?

-22,7°C, c’est la température la plus basse que j’ai enregistrée au cours de mon séjour en plein hiver. Ce n’est pas très froid. D’autres pays, comme le Canada, connaissent des températures similaires. C’est ma manière de souligner le réchauffement climatique. Moi qui étais toujours derrière mes micros, j’ai entendu cette nature très fragile, ce décor qui tient au degré près. Mes sons sont les témoins du changement climatique.

Vous allez poursuivre l’aventure -22,7°C avec une expérience fulldome. Pouvez-vous l’expliquer ?

Depuis quelques années, je fais des performances avec des vidéos qui permettent d’immerger le public avec moi dans ces contrées lointaines. J’ai fait plusieurs concerts en 360°. Les technologies des dômes arrivent depuis quelque temps à maturité, ce qui nous permet de pousser cette expérience immersive de concert encore plus loin. Le premier show devrait avoir lieu en novembre 2019 à Montréal.

-22.7°C, court métrage de Jan Kounen, Molécule, Amaury La Burthe est visible dans le cadre de l'exposition Électro à la Philharmonie de Paris jusqu’au 11 août. Une version longue 360° sera disponible sur les plateformes Arte dès le 19 juin, et une version interactive sera présentée à NewImages du 19 au 23 juin.

Venez assister à la master class de Molécule et Jan Kounen dimanche 23 juin à 18h30 au Forum des images, pour découvrir les coulisses de l'expérience -22,7°C. Réservez gratuitement dès maintenant