Pablo Valbuena, l’architecture de l’art

Pablo Valbuena, l’architecture de l’art

07 février 2019
EXPO Pablo Valbuena Centquatre
EXPO Pablo Valbuena Centquatre Quentin Chevrier

Né en Espagne mais installé dans le sud de la France depuis de nombreuses années, Pablo Valbuena utilise le son, la lumière, le mouvement et la vidéo pour ses créations sur l’espace, le temps et la perception. Diplômé de l’ETSAM (Ecole Technique Supérieure d’Architecture de Madrid), il souligne, grâce à ses « sculptures immersives et éphémères, l’architecture des lieux qui les accueillent ». Alors que certaines de ses créations sont à découvrir jusqu’au 24 mars 2019 lors d’une exposition qui lui est consacrée au Centquatre à Paris, l’artiste se livre en cinq questions au CNC.


Que voulez-vous exprimer dans cette exposition ?

Le titre de l'exposition : Si le temps est un lieu fait référence à un texte de l’artiste américain Robert Smithson où il écrit textuellement : If time is a place, then innumerable places are possible (Si le temps était un lieu, il y aurait une infinité d'endroits possibles ndlr). Cette phrase est le point de départ qui me permet d'articuler une exposition qui fait intervenir les espaces du Centquatre comme une clef temporelle et non spatiale. L'idée de cette exposition est que le temps, c'est-à-dire notre expérience subjective d'un espace, est l'ingrédient fondamental de la création ou de la transformation d'un endroit.        

Pourquoi avoir choisi de présenter Kinematope dans la Grande Halle, qui est le premier endroit vu par les visiteurs ?

Pour matérialiser ces idées, j'ai créé une installation "in situ" de la série Kinematope pour la grande Halle ouverte du Centquatre. Cette œuvre est la seule réponse qu'on pouvait donner à cet espace : avec sa forme et ses dimensions actuelles, elle n’a de sens qu’ici. C'est l'application concrète d'une idée à un endroit. Cette installation est complétée par les documents vidéos des autres projets qui montrent comment des idées similaires ont été appliquées à d’autres lieux et ont donné des réponses totalement différentes.  

 

Qu’exprimez-vous à travers vos œuvres ?

Dans une autre salle, deux installations de la série "Array" expliquent, de leur côté, comment le contexte temporel d'un mouvement peut construire ou déconstruire une forme. Dans une autre installation de la série "Formas de tiempo", l'aspect temporel est traité de forme non linéaire : le temps est comme une possibilité infinie. Cette salle est transformée par les propres visiteurs pendant toute la durée de l'exposition. Le nombre de formes géométriques différentes possibles qui peuvent surgir est énorme à l’échelle humaine, même si à la base le système est très simple.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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D'autres, comme la série "Site studies "ou "Augmented sculpture" montrent des installations où la transformation même de l'espace ou de la sculpture est l'élément fondamental de l'œuvre. Dans ces dernières, on utilise la projection de lumière en mouvement pour superposer le virtuel et le réel dans un même élément. Au cinéma, c’est le médium par excellence pour contrôler le temps.

 

Quel est l’élément central dans vos créations ?

Le matériel commun à toutes ces œuvres est le temps. Dans certaines, j'utilise la lumière et le son comme moyens : les outils digitaux (numériques) se transforment de la manière la plus efficace pour travailler avec ces matériaux qui contiennent plus de perception que de physique. Dans d’autres, la manière de formaliser le temps demande des moyens analogiques. Je cherche avant tout à ce que le medium utilisé s’adapte naturellement et appuie toujours l’idée de chaque œuvre et non l’inverse.

Vous avez suivi des études d’architecture. Ont-elles été le point de naissance ou d’inspiration de votre art ?

Ma formation d’architecte est sans aucun doute présente dans mon travail d’artiste. Je me suis toujours intéressé aux aspects de tangence de l’architecture. Mes créations évoquent des questions communes avec l’architecture, mais de manière abstraite. Je ne m’intéresse pas à la fonction d’un espace mais à son expérience.