L’intelligence artificielle s’invite dans l’écriture cinématographique

L’intelligence artificielle s’invite dans l’écriture cinématographique

20 juin 2018
Etage 39 de Nicolas Boone
Etage 39 de Nicolas Boone Nicolas Boone

Le DICRéAM encourage le développement de pratiques artistiques qui instaurent un dialogue inédit entre différents champs de la création contemporaine. Les projets soutenus, qui peuvent relever de l'art contemporain comme du spectacle vivant, de la littérature ou du cinéma, proposent une approche expérimentale de la question de l'écriture et des usages numériques. 

La commission présidée par Michel Reilhac a réaffirmé son engagement pour des écritures véritablement exploratoires, qui mettent en perspective la pluralité des langages développés au sein de la création contemporaine.

Le DICRéAM encourage le développement de pratiques artistiques qui instaurent un dialogue inédit entre différents champs de la création contemporaine. Les projets soutenus, qui peuvent relever de l'art contemporain comme du spectacle vivant, de la littérature ou du cinéma, proposent une approche expérimentale de la question de l'écriture et des usages numériques. 

Sur l’ensemble des projets soutenus, quelques thématiques qui traversent plusieurs champs de création peuvent être dégagées. Même si l’approche disciplinaire continue d’opérer au sein du DICRéAM (les projets continuent d’être identifiés par discipline d’origine), il est intéressant d’observer comment différentes pratiques peuvent se saisir d’un enjeu de recherche donné.

 


Le film Attack de Sun des artistes Gwendal Sartre et Fabien Zocco prend ancrage dans l'histoire d'Elito Rodger, youtubeur californien responsable d'une tuerie en 2014. L'écriture repose sur des dialogues "appareillés", c'est-à-dire dans lesquels certaines répliques sont générées par une intelligence artificielle et transmises aux interprètes en temps réel. Le projet explore ainsi l'introduction des notions d'appareillage et de mise en scène médiatisée dans l'écriture et la réalisation filmiques. Les enjeux narratifs et visuels sont ici appréhendés à travers un dispositif offrant des potentialités de perturbation et d'étrangeté, à l'image d'une machine qui vampiriserait l'inconscient des personnages et les espaces dans lesquels l'action se déploie.

1542 - la vallée de Silice, des artistes Fabien Giraud et Raphael Siboni, est le dernier opus d'une série de films consacrés à l'histoire de l'informatique. Ce film confronte les mythologies précoloniales à l'histoire de la Californie, depuis sa colonisation par les conquistadors au XVIème siècle jusqu'à la création du berceau de l'informatique dans la Silicone Valley. Il s'agit d'une narration spéculative autour d'une intelligence artificielle uchronique qui remontrait sur son lieu d'origine juste avant la mort des dieux animaux qui peuplaient cette terre. L'écriture du scénario est générée par un algorithme, le projet portant ainsi une réflexion sur le lien entre colonialisme et intelligence artificielle en envisageant une ontologie alternative de cette dernière qui tenterait de rétablir du sens.

Etage 39 est un projet cinématographique de Nicolas Boone envisagé à la croisée du conte philosophique et du film d'anticipation. Le projet met en scène les 11 derniers représentants de l'espèce humaine, évoluant dans un espace clos, invités à réagir à la diffusion d'images de paysages disparus. Ce dispositif fictionnel fonctionnant à la manière d'un laboratoire est entièrement géré et modéré par des algorithmes qui servent à la fois de médiateur (sous la forme d'un avatar à l'apparence humaine) et d'animateur de cette communauté. Le projet est donc envisagé comme une création entièrement déterminée par des algorithmes fictifs et propose une mise en scène des mécanismes qui sont au coeur du « machine learning » (auto-apprentissage) propre à l'intelligence artificielle.