Fiction TV : les régions sur le devant de la scène

Fiction TV : les régions sur le devant de la scène

16 septembre 2022
Séries et TV
Tournage de la série « Les Papillons noirs »
Tournage de la série « Les Papillons noirs » dans les Hauts-de-France, ici la ville de Cassel GMT Productions

Chaque année, les fictions télévisuelles font leur rentrée des classes au Festival de La Rochelle. Et chaque année encore, elles font rayonner dans leur diversité les régions qui ont accueilli leurs tournages. Focus sur les liens entre fictions et territoires à l’occasion de l’édition 2022 de ce rendez-vous majeur de la création audiovisuelle.


Parmi les 41 œuvres en compétition officielle cette année au Festival de la fiction de la Rochelle, qui se tient jusqu’au 18 septembre, on compte 25 productions françaises et une grande variété de régions représentées. La Bretagne avec Vortex (France 2), le Centre-Val de Loire avec Handicops, (France 3), la Nouvelle-Aquitaine avec Darknet-sur-Mer (Amazon Prime), le Grand Est avec Le souffle du Dragon (M6), la Martinique avec Tropiques Criminels (France 3) …

France des villes, des campagnes, territoires ultramarins : la fiction TV s’ancre dans les réalités locales des territoires qu’elle tente de représenter dans leur pluralité et leur histoire. Parmi les programmes en sélection à La Rochelle, Les Combattantes (TF1) et Les Papillons noirs (Arte) ont été tournés en partie dans les Hauts-de-France. Un territoire dépeint à plusieurs époques : la Grande guerre pour la fresque romanesque du duo Cécile Lorne et Camille Treiner, et les années 70 pour le polar d’Olivier Abbou et Bruno Merle.

Des programmes de proximité

Carte postale d’une région dans sa diversité et ses époques, la fiction TV joue un rôle de proximité entre les publics et les territoires. « Elle participe à la fois à une réappropriation du territoire par les habitants eux-mêmes, et à une attractivité touristique », constate Godefroy Vujicic, directeur général de Pictanovo, l’équivalent de la Commission du film pour les Hauts-de-France. Preuve en est, dans un lotissement de Wattignies, la maison en briques de Morgane (Audrey Fleurot), le personnage principal de la série HPI – succès d’audience et d’exportation – qui attire toujours plus de curieux, locaux comme touristes. « HPI est très représentative de la diversité de notre territoire. C’est une série qui est désormais aux yeux du public associée à la métropole lilloise », remarque Godefroy Vujicic.

Pour attirer les productions sur leur territoire, les régions proposent des soutiens à l’écriture, au développement et à la production des œuvres. Chaque année, les Hauts-de-France investissent 8,6 millions d’euros dans le soutien à la création dont un peu plus de 3,5 millions dédiés au cinéma et à la fiction. « Il y a une forte volonté politique d’accueillir des projets. C’est pourquoi nous avons doublé les fonds de soutien depuis 2017 », explique Godefroy Vujicic. Une autre manière d’attirer les productions est de leur proposer des lieux de tournage représentatifs de la région, ou au contraire totalement insolites pour le territoire. Près de 1 200 décors sont mis à disposition par les Hauts-de-France. Le tournage des Combattantes s’est notamment déroulé à l’Abbaye de Valloires et à la Chartreuse de Neuville, deux bâtisses d’exception reconverties pour l’occasion en hôpital militaire, celui des Papillons noirs entre les villes de Lille, Roubaix, Cassel et Bruay-la-Buissière.

Autre genre de fiction TV ancré dans les réalités locales, les « polars régionaux », à l’image de la collection « Meurtres à… », qui se décline sur presque tous les territoires, comme dans le Béarn où est tournée actuellement une nouvelle salve jusqu’à fin octobre.

Locomotive économique

La fiction est le genre de programmes le plus consommé à la télévision. Et à l’international, la création française cartonne puisqu’en 2021 ses ventes ont atteint leur plus haut niveau depuis 2017 avec une augmentation de 21,8%. Une aubaine pour les régions, comme les Hauts-de-France qui a attiré 619 jours de tournage de fiction TV en 2021. La Bretagne a même réalisé l’une de ses meilleures années avec 285 jours de tournage, dont ceux de Vortex, la série de Slimane-Baptiste Berhoun, en compétition à La Rochelle, tournée à Brest et dans ses alentours.

La venue d’équipes de tournage sur un territoire contribue à son développement économique à travers, notamment, le recours à l’hôtellerie locale, à la restauration et aux prestataires de transports. La fiction TV – en particulier les séries – joue un rôle d’autant plus fort qu’elle génère de nombreux jours de tournage. « Forcément quand vous tournez un 6 ou 8 x 52 minutes, vous restez plus longtemps sur place avec des équipes plus nombreuses que pour un long métrage de deux heures », explique Godefroy Vujicic. Les tournages permettent aussi de recruter des professionnels locaux (techniciens, comédiens…). Ce fut le cas pour la série HPI – 3 millions d’euros de retombées économiques pour chacune des deux saisons – qui a permis d’employer 45 personnes des Hauts-de-France sur chaque saison, ou encore des Papillons noirs sur laquelle ont travaillé 24 personnes. Un atout important qui permet aussi de fidéliser les tournages. « Quand les productions sont satisfaites de l’accueil et du travail de la filière locale, elles reviennent ».