Sunny Side of the Doc : focus sur l’initiative #StorytellingMatters

Sunny Side of the Doc : focus sur l’initiative #StorytellingMatters

22 juin 2021
Séries et TV
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Mathieu Béjot, directeur du développement et de la stratégie de Sunny Side of the Doc, nous éclaire sur le credo de la nouvelle édition, qui se tiendra en ligne du 21 au 24 juin.

Comment est née l’initiative #StorytellingMatters ?

Elle est née plusieurs constats. Chaque année, Sunny Side of the Doc met une thématique à l’honneur : l’an dernier, l’histoire, l’année d’avant, la science… Pour 2021, on a pensé un moment mettre en avant le thème « Art et culture », mais parler d’art et de culture alors que les musées et les salles de spectacles ont été fermés pendant des mois aurait été un peu paradoxal. On sort d’une année où l’industrie documentaire en particulier, et le monde en général, ont été bouleversés. On a donc voulu prendre un peu de hauteur, et continuer dans un sillon initié en février dernier avec le Global Pitch (une séance de pitchs en ligne sur des projets d’investigation en « current affairs ») : nous intéresser aux grandes problématiques remises en lumière par la pandémie, qu’elles soient sanitaires, géopolitiques, de développement économique, de développement durable… Toutes ces questions qui agitent le monde en ce moment. On voulait dépasser l’étape du Global Pitch, sorte de devoir d’inventaire, pour faire émerger des histoires qui racontent le monde de demain et les solutions que certains cherchent à apporter. C’est quelque chose que les diffuseurs demandent beaucoup. Cela implique tous les genres de documentaires et tous les secteurs d’activité : histoire, science, « current affairs », etc. Voilà ce qui a présidé au choix du slogan Storytelling Matters [en français : « toute narration compte », NDLR], avec son clin d’œil à Black Lives Matter.

C’est une manière d’affirmer que l’industrie du documentaire a une responsabilité…

Exactement. Elle a une responsabilité, non seulement dans le choix de raconter ces histoires-là, mais aussi dans le fait de changer sa structuration. À Sunny Side of the Doc, cette année, on va beaucoup parler de diversité, d’inclusion, de parité. Pour nous, tout est lié : les histoires qu’on raconte dépendent aussi de qui vous les raconte. Même si le documentaire est plutôt en pointe sur ces questions par rapport à d’autres secteurs audiovisuels, on peut aller plus loin. On voit bien que des choses évoluent, en matière de réglementation, d’accès à des fonds de soutien… Aujourd’hui, les aides sont conditionnées au respect d’un certain nombre d’engagements en matière de diversité, d’inclusion et de parité.

Le mot « storytelling » insiste sur l’idée que les documentaires doivent raconter des histoires. C’est d’ailleurs un terme qu’on associe traditionnellement plutôt à la fiction.

C’est vrai. Je ne dis pas que c’est la seule direction que doit prendre le documentaire ni que c’est la meilleure, mais on voit bien que c’est une direction qu’il emprunte aujourd’hui, notamment sous l’influence des plateformes de streaming. On aura d’ailleurs à Sunny Side une présentation « Comment travailler avec Netflix », avec deux responsables de Netflix et un producteur et un réalisateur qui ont travaillé pour cette plateforme.

On constate aujourd’hui que ce n’est pas forcément le sujet qui importe, mais l’histoire qu’on raconte. Le storytelling, donc.

De nouveaux formats, de nouvelles manières de raconter des histoires, sont en train d’émerger. Il y a actuellement un renouvellement du genre assez évident.

Dans les différents projets retenus par Sunny Side of the Doc cette année, quels sont les grands axes qui se dessinent ?

Quand on présente autant de programmes différents, c’est toujours difficile de se prêter au jeu du résumé ! En plus de la tendance notable des documentaires qui empruntent aux codes de la fiction, on sent bien, comme on l’évoquait, l’envie de faire entendre des voix différentes : plus de parité, des communautés qu’on a moins l’habitude d’entendre... De grands événements historiques, par exemple, sont revisités sous des angles différents, nouveaux. Prenant en compte la place des femmes dans l’Histoire, par exemple. Ce qui est également très présent, c’est tout ce qui a trait au changement climatique, de manière assez large. On a vu aussi quelques documentaires sur la Covid, même si on sent que, le sujet ayant été déjà beaucoup commenté, les documentaristes essayent maintenant d’aller plus loin.