Alexandre Astier : « Raconter un grand chapitre de la vie d’un personnage mérite un film en soi »

Alexandre Astier : « Raconter un grand chapitre de la vie d’un personnage mérite un film en soi »

19 juillet 2021
Cinéma
Alexandre Astier
Alexandre Astier Fred Mortagne
Compositeur, auteur, réalisateur, monteur, acteur, dialoguiste… Alexandre Astier est sur tous les fronts en termes de création artistique. Alors que Kaamelott - Premier volet s’apprête à sortir en salles le 21 juillet prochain, nous avons interrogé Alexandre Astier sur son rapport à l’écriture. Entre autres… Un entretien fleuve en cinq épisodes, que nous vous proposons de découvrir tout au long de la semaine.

Il semble que la création sous toutes ses formes vous passionne. D’où vous vient ce côté touche-à-touche ?

Alexandre Astier : Je dois admettre avoir plus de facilité à gérer les choses par moi-même qu'à déléguer, car il m’est extrêmement difficile de formuler des demandes. Prenez le montage par exemple : si j’ai la sensation qu’il manque une image par-ci par-là, ou qu’il faudrait retirer une réplique à un personnage et la mettre en voix off pour un meilleur rendu rythmique, il m’est plus simple de m’en occuper que de devoir tout expliquer à un monteur. Et je ne parle de la musique, qui est mon premier langage. Je souffrirais le martyr d’avoir à expliquer à un compositeur ce que je veux alors que je peux l’écrire moi-même ! Le fait d’assumer ces différentes casquettes me permet également des facilités de cohérence, de cohésion, de signature dans le résultat recherché.

« Rester curieux de tout »

Et puis, j’ai l’amour des artisanats. Paradoxalement, j’adore les machines, je m’entends bien avec. Je peux donc plus facilement me mettre derrière un banc de montage et faire parler mes doigts, qui est finalement la langue du montage. Depuis tout petit, ce qui m’intéresse, c’est de comprendre. Je me débrouille toujours, aujourd’hui encore, pour être étudiant. A force de démonter des réveils pour voir comment c’est fichu dedans, j’ai pigé de choses sur la réalisation, la photo, l’optique, la couleur… tout un tas de sujets pour lesquels j’ai une curiosité naturelle. Un scientifique disait que quand on bute au bout d’une science, quand ça n’avance plus, la solution est de l’aborder par une science voisine. Approcher une problématique par plusieurs points, c’est vous donner des angles de vue que vous n’auriez pas si vous aviez un point de vue unique. Voilà pourquoi je trouve important de rester curieux de tout.

« L’heure est un mouvement naturel pour raconter une histoire »

Cette polyvalence se retrouve aussi dans les formats que vous abordez : court et long métrage, série TV, comédie dramatique (David et Madame Hansen), films d’animation (Astérix). Y’a-t-il des formats ou des genres dans lesquels vous vous sentez plus à l’aise pour raconter des histoires ?

En ce qui concerne les formats, je pense que le plus simple pour raconter une histoire, c’est le drama de 50 à 60mn, en série. L’heure est un mouvement naturel pour raconter une histoire. C’est un récipient dans lequel il est assez agréable de mettre un début, un milieu et une fin. Quand vous descendez en-dessous de ce format-là, vous atteignez des niveaux de difficultés qui sont colossaux, comme le soap de 20mn, qui est très dur à écrire car il a sa petite vie autonome. Il n’est pas assez court pour se passer de chapitrage, donc il est très structuré ; mais il n’est pas assez long pour pouvoir céder à la paresse de la narration. Il exige une efficacité à tout rompre à chaque minute. Encore en-dessous, le format ultra court, comme avec les premiers épisodes de Kaamelott de 3mn 30 puis de 7mn, interdit toute forme d’introspection, mais impose aux téléspectateurs d’enchaîner les épisodes d’un coup. C’est un exercice qui a ses limites, le feuilletonnant souffrant de ce saucissonnage. C’est bien pour un début d’histoire, car vous pouvez exposer des chroniques, des petites idées qui vont finir par en former une grande. Mais quand on aime raconter, on finit  forcément par se sentir à l’étroit dans ce format.

« Raconter un grand chapitre de la vie d’un personnage mérite un film en soi »

En revanche, le long métrage, en termes de structure, je ne trouve pas ça très compliqué. Raconter un grand chapitre de la vie d’un personnage mérite un film en soi. D’ailleurs, il existe plein de raisons pour justifier un film, contrairement à la série où vous devez vous occuper de l’événement et du non-événement, de la durée, des longues progressions psychologiques des personnages… A mon sens, tous les formats sont intéressants. On peut même tout inventer puisqu’on peut tout diffuser maintenant que les plateformes récupèrent des longs métrages, que les chaînes télévisées réadaptent des séries… Tout se mélange, et c’est très bien comme ça.

Y a-t-il un genre que vous aimeriez explorez ?

La science-fiction. Pas n’importe laquelle, pas une science-fiction complexe, mais d’une certaine simplicité. J’aimerais raconter un monde qui n’est pas le nôtre, comme Kaamelott ou n’importe quel conte de fée d’ailleurs, et décaler cet univers en y incluant des machines, de l’ingénierie, du vaisseau, de la technologie. J’ai quelques idées en tête…

Teaser BO - premier extrait musical « Désenchevêtrement » 

 

 

 

KAAMELOTT - PREMIER VOLET

Date de sortie en salles : 21 juillet 2021
Durée : 2h00
Réalisateur : Alexandre Astier 
Scénariste : Alexandre Astier 
Producteur : Regular Production
Distributeur :  SND 
Avec : Alexandre Astier, Lionnel Astier, Alain Chabat, Géraldine Nakache, Christian Clavier, Clovis Cornillac, Guillaume Galienne, Antoine de Caunes, Franck Pitiot, Jean-Christophe Hembert, Joëlle Sévilla, Jacques Chambon, Thomas Cousseau, Serge Papagalli, Alain Chapuis, François Morel, Caroline Ferrus, Gilles Graveleau, Nicolas Gabion, Audrey Fleurot, François Rollin, Jean-Robert Lombard, Alexis Henon, Alban Lenoir, Damien Roux, Jehnny Beth, Bruno Fontaine, Stéphane Margot, Marie-Christine Orry, Mark Eacersall, Pascal Vincent, Tony Saba, Anthony Martin, Jean-Charles Simon, Brice Fournier, Dominique Bastien, Anne Girouard 
Nationalité : France

Aide obtenue auprès du CNC : Aides à la création visuelle ou sonore (CVS)

Bande annonce