Aurélien Peyre : « Avoir réalisé deux moyens métrages m’a donné la confiance de me lancer dans un long métrage »

Aurélien Peyre : « Avoir réalisé deux moyens métrages m’a donné la confiance de me lancer dans un long métrage »

04 août 2025
Cinéma
« L’Épreuve du feu » réalisé par Aurélien Peyre
« L’Épreuve du feu » réalisé par Aurélien Peyre Move Movie

Avec L’Épreuve du feu, son premier long récompensé du prix du public au festival Nouvelles Vagues de Biarritz, le cinéaste reprend l’intrigue de son moyen métrage Coqueluche, primé au festival de Brive, pour développer cette histoire d’amour adolescente sur fond de choc des classes sociales, tournée à Noirmoutier. Il revient sur son processus de création.


Aviez-vous pensé Coqueluche comme une étape avant votre premier long ?

Pas du tout. C’était mon deuxième moyen métrage, après La Bande à Juliette, et je le voyais comme un projet autonome. Ensuite, j’ai travaillé sur plusieurs idées de longs métrages très différentes. Mais en 2023, en revoyant Coqueluche, certains défauts m’ont frappé. Je me suis demandé pourquoi je n’avais pas fait certaines choses autrement. Et de fil en aiguille, L’Épreuve du feu est né, en reprenant la même base, mais en filmant cette histoire différemment, en donnant plus de densité aux personnages.

Filmer différemment, qu’est-ce que ça voulait dire concrètement ?

Coqueluche était très stylisé, influencé par le cinéma de Frank Tashlin ou Douglas Sirk, et même par Marilyn Monroe. Pour L’Épreuve du feu, je voulais un ton plus naturaliste, qui fasse ressortir les tensions de classe entre Hugo et ses amis d’origine bourgeoise. Et puis, je voulais vraiment développer sur la durée les personnages secondaires pour éviter le manichéisme et montrer comment leurs relations se construisent.

Quel a été l’apport de Charlotte Sanson à cette étape ?

J’ai écrit le scénario seul mais Charlotte est intervenue comme consultante. Nous avons fait deux sessions ensemble, à l’image de séances chez le psy ! (Rires) Elle prend le scénario, décortique chaque scène et me demande d’exprimer en détail ce que j’ai voulu dire. Ces échanges m’ont énormément aidé à mieux identifier certains enjeux du film, en particulier autour du personnage d’Hugo.

Vous êtes vous-même amateur de teen-movies ?

J’en ai regardé dans ma propre adolescence, quand j’avais l’âge des personnages. J’aime particulièrement Breakfast Club, que mes grands frères m’ont montré, et Scream, qui en est un aussi à sa manière. Mais ce n’était pas du tout un genre de prédilection.

C’est Bruno Lévy, le producteur attitré de Cédric Klapisch et de la trilogie L’Auberge espagnole qui produit L’Épreuve du feu. Comment l’avez-vous rencontré ?

Par hasard ! Je devais accompagner un ami scénariste chez lui. Bruno n’a pas retenu la série, mais il m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai parlé de Coqueluche. Il a voulu le voir et a aimé. Et quand je lui ai expliqué que je travaillais à une version longue, il a voulu lire le scénario. Il a mis du temps à le faire mais, à partir de là, tout s’est enchaîné : il a lancé le casting sans attendre la totalité des financements. C’est quelqu’un de solide, qui avance même quand on essuie des refus. Son duo avec Julie Lescat a permis de faire le film dans de bonnes conditions malgré un petit budget.

 

Vous aviez tourné Coqueluche sur l’île de Bréhat, et L’Épreuve du feu se déroule à Noirmoutier. Pourquoi ces choix ?

Pour ces deux films, j’ai d’emblée voulu que l’action se déroule sur une île dans l’idée d’un huis clos à ciel ouvert qui allait m’offrir tout un tas de possibilités en termes de mise en scène. Pour L’Épreuve du feu, j’aurais pu retourner à Bréhat où on a été très bien accueillis. Mais comme les voitures sont interdites, déplacer le matériel se révèle compliqué. Et ce qui est possible pour un moyen métrage devient trop complexe sur un long métrage.

Pourquoi avoir choisi de confier à Inès Tabarin, la chef opératrice d’Àma Gloria et du Système Victoria la photographie du film ?

On m’avait parlé de ses courts métrages. J’ai été frappé par sa capacité à créer des ambiances très différentes. Travailler avec quelqu’un de ma génération, partager les mêmes références, c’était important. Et puis je tenais à ne pas érotiser le personnage de Queen ; la présence d’une cheffe op’ aidait aussi à cet équilibre. Inès a aussi apporté son expérience sur les scènes délicates, comme celle de sexe, car elle avait déjà eu l’occasion de s’y confronter sur la série Split d’Iris Brey. Son travail est remarquable au point qu’on me demande parfois si le film a été tourné en pellicule.

Quelles étaient vos références communes ?

De mon côté, Jacques Rozier, que j’admire. Inès m’a fait découvrir Les Bums de plage d’Eliza Hittman. Mais au-delà des références, on a surtout beaucoup préparé le découpage, pour tourner vite et efficacemen.

Tourner des moyens métrages vous a-t-il préparé au long ?

Oui, ça m’a donné confiance. Le saut est moins intimidant. Mais j’ai beaucoup plus travaillé la direction d’acteurs, que j’avais envisagée jusque-là comme un truc d’instinct. Pendant deux mois, je me suis posé pour analyser le scénario, le rythme de chacun des personnages. À partir de là, j’avais toujours sur moi un document de 300 pages numérisé pour être paré à toutes les questions de mes comédiens. Et comme après Coqueluche, j’ai refait la liste de tout ce qui n’allait pas, pour éviter de refaire les mêmes erreurs… pour en faire de nouvelles ! (Rires.)
 

L’ÉPREUVE DU FEU

Affiche de « L'épreuve du feu »
L'Epreuve du feu Paname Distribution

Réalisation : Aurélien Peyre
Scénario : Aurélien Peyre avec la collaboration de Charlotte Sanson
Production : Move Movie
Distribution : Paname Distribution
Sortie le 13 août 2025

Soutiens sélectifs du CNC : Aide au développement d'oeuvres cinématographiques de longue durée, Aide sélective à la distribution (aide au programme 2025)