Christine Laurent, conteuse d’histoires singulières

Christine Laurent, conteuse d’histoires singulières

13 janvier 2023
Cinéma
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Christine Laurent
Christine Laurent Anthony chx

Réalisatrice, scénariste, costumière, décoratrice, scénographe, actrice… : Christine Laurent, disparue dans la nuit du 4 au 5 janvier, était tout cela à la fois, une artiste multiple qui a fait de sa vie et de son œuvre un terrain d’exploration insatiable. Hommage.


Raconter des histoires par la plume, la caméra, le vêtement ou le décor : Christine Laurent (1944-2023) n’a eu de cesse d’explorer la narration sous ses multiples formes. D’abord au théâtre à partir du début des années 70, sur les planches de la Comédie française, ou encore à l’opéra (Lyon, Cologne, Londres…), deux univers pour lesquels elle continuera d’officier tout au long de sa carrière. Ses premières armes au cinéma, elle les fait auprès de René Allio qu’elle épousera, et pour qui elle confectionnera, entre autres, les costumes et les décors de nombre de ses films (Les Camisards, 1970 ; Retour à Marseille, 1980…).

D’une folle inventivité, Christine Laurent s’essaie à la réalisation en 1976 avec A. Constant, dont elle choisit elle-même d’interpréter le rôle principal. C’est à cette époque qu’elle rencontre Pascal Bonitzer qui va alors collaborer au scénario du film de son époux : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur, mon père… Cette rencontre marquera le début d’une longue collaboration puisqu’ensemble, ils seront les co-scénaristes attitrés du cinéaste Jacques Rivette, réalisateur emblématique de la Nouvelle vague. Durant vingt ans, jusqu’à la mort de ce dernier, elle co-écrit neuf de ses films. De La Bande des quatre (1987) à Trente-six vues du pic Saint-Loup (2008), en passant par La Belle Noiseuse (1990) ou encore Haut, bas, fragile (1994), Christine Laurent avait le don de faire parler les âmes et les corps avec pudeur et poésie.

Cette danse des mots, elle la met également en scène dans ses propres créations. Parallèlement à son travail auprès de Jacques Rivette, Christine Laurent poursuit son activité de réalisatrice à travers cinq films. Des œuvres singulières qui font la part belle à l’intime (Call Me Agostino  – avance sur recettes, 2004) et aussi, mais surtout, à l’ailleurs : le Cap Vert avec Eden Miseria (avance sur recettes, 1986) ; le Portugal pour Vertiges (avance sur recettes, 1984) et Demain ? (avance sur recettes, 2010) ; l’Uruguay avec Transatlantique (avance sur recettes, 1997). Christine Laurent avait également écrit et scénographié des pièces pour le Teatro Da Cornucópia de Lisbonne. Figure libre du petit monde du cinéma, cette touche-à-tout insatiable a également été membre de la commission d’avance sur recettes du CNC.

Expérimenter encore et toujours, transcender la création et explorer de nouveaux terrains, composaient l’ADN de cette artiste libre et passionnée.