Comment Robert Guédiguian a obtenu les droits d’adaptation de James Baldwin

Comment Robert Guédiguian a obtenu les droits d’adaptation de James Baldwin

15 janvier 2019
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A la place du coeur
A la place du coeur Diaphana Distribution - Agat Films & Cie - Ex Nihilo

Quand il s’agit d’acquérir les droits d’adaptation pour le cinéma d’une œuvre littéraire, tout ne se passe pas toujours dans les bureaux feutrés de maisons d’édition. La preuve.

 


Le 30 janvier sort en France Si Beale Street pouvait parler, adaptation sur grand écran de l’œuvre de James Baldwin par Barry Jenkins, dont Moonlight avait remporté l’Oscar du meilleur film il y a deux ans. Avant lui, le Français Robert Guédiguian s’était plié à l’exercice, transposant l’action dans la France des années 90 pour A la place du cœur.

Dans les deux cas, le point de départ est le même : un coup de cœur pour cet ouvrage sorti en 1974 qui raconte l’histoire d’amour de Tish et Fonny, accusé à tort du viol d’une jeune portoricaine. Pour l’un comme pour l’autre, il aura fallu obtenir l’autorisation de la famille de l’écrivain décédé en 1987 pour adapter à l’écran ce récit.

Avant d’adapter un ouvrage au cinéma ou à la télévision, il est en effet indispensable d’obtenir l’autorisation de l’auteur, via sa maison d’édition ou ses ayants-droits. Sans oublier de payer pour l’obtention de ces droits. Des sommes qui peuvent atteindre des sommets dans le cas d’œuvres d’auteurs à succès.

Robert Guédiguian débute donc son aventure en envoyant une note d’intention détaillée à l’agent de James Baldwin, via sa maison d’édition aux Etats-Unis. Dans la foulée, profitant d’un séjour à New York, il sollicite un rendez-vous, afin de développer son idée de film.

Au départ, la négociation semble mal engagée. En effet, la somme proposée pour acquérir les droits d’adaptation du livre fait rire l’agent : le réalisateur de Marius et Jeannette propose 20 000 francs, quand les droits de Baldwin se négocient jusqu’à 400 fois plus ! Tout n’est pourtant pas perdu : « Cette femme m’a expliqué que la décision appartenait à la sœur de Baldwin qui avait adoré ma note d’intention et voulait voir un de mes films, se souvient Robert Guédiguian. Je lui ai envoyé une VHS d’A la vie, à la mort ! »

Bonne pioche. Le film touche au cœur l’ayant-droit de James Baldwin. « Deux jours après, j’ai reçu un mot bouleversant où elle m’expliquait que son frère aurait été content que j’adapte son livre. »

A la place du cœur sort au cinéma en décembre 1998. Très littéraire et stylisé, le film est très différent de Marius et Jeannette, sorti l’année d’avant et récompensé au festival de Cannes et aux César. « Avec une construction étrange entre flash-back et textes de Baldwin à l’image. Ce qui constitue à la fois la qualité et le défaut d’A la place du cœur. Mais j’ai su que l’entourage de Baldwin avait apprécié. »