Décès de l’acteur Philippe Nahon

Décès de l’acteur Philippe Nahon

20 avril 2020
Cinéma
Gibraltar de Julien Leclercq
Gibraltar de Julien Leclercq Chapter 2 - Ferris & Brockman - Orange Studio - SND Groupe M6 - M6 Films - Jouror Productions - Transfilm International - uFilm - SND
Popularisé notamment grâce au cinéaste Gaspar Noé qui l’a fait tourner dans Carne, Seul contre tous ou encore Irréversible, Philippe Nahon est décédé dimanche à l’âge de 81 ans.

Plus de soixante ans de carrière et une filmographie qui rassemble Jacques Doillon, Romain Goupil, Jacques Audiard, Alain Corneau, Olivier Marchal et Gaspar Noé. Avec sa voix caverneuse et son charisme, Philippe Nahon a su séduire les cinéastes, sans rester cantonné à un genre en particulier. Il commence sa carrière la vingtaine passée, devant la caméra de Jean-Pierre Melville qui le met en scène dans Le Doulos (1962). Il attend dix ans pour revenir sur le grand écran dans Les Camisards de René Allio.

Dans les années 1970, il ne tient que de rares seconds rôles au cinéma et tourne par exemple dans Les Doigts dans la tête de Jacques Doillon. S’il fait quelques apparitions au théâtre (Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, Le Roi Lear de Shakespeare, La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux…), il tourne principalement pour le petit écran, alternant téléfilms et apparitions dans des épisodes de séries, des Cinq dernières minutes aux Enquêtes du commissaire Maigret en passant par Commissaire Moulin et Julien Fontanes, magistrat.

Il incarne en 1991 le rôle principal du boucher qui découpe de la viande chevaline et regarde sa fille d’une manière licencieuse dans Carne, le moyen métrage de Gaspar Noé. Il reprend ce rôle sept ans plus tard dans Seul contre tous qui lui permet de remporter le Bayard d’or du meilleur comédien au Festival de Namur. Prix de la Semaine de la critique en 1998, ce film provocateur révèle Philippe Nahon et donne un nouvel essor à sa carrière.

S’il collabore de nouveau avec Gaspar Noé (en 1998 pour le court Sodomites et en 2002 pour Irréversible), il séduit la jeune génération des réalisateurs des années 1990. Jacques Audiard le dirige dans Un héros très discret, Karim Dridi dans Pigalle, Christophe Gans dans Le Pacte des loups, Mathieu Kassovitz dans La Haine et Les Rivières pourpres, Guillaume Nicloux dans Le Poulpe

A son actif également après les années 2000, MR73 d’Olivier Marchal, Le Deuxième souffle d’Alain Corneau, La Marche de Nabil Ben Yadir, Gibraltar de Julien Leclercq, Un moment d'égarement de Jean-François Richet ainsi que des apparitions dans les séries comme Myster Mocky présente, Kaamelott, Fais pas ci, fais pas ça, Caïn et Chefs.

« Tout en étant extrêmement droit, il pouvait jouer des rôles tordus et compliqués et les rendre attachants (…) Travailler avec lui c'était comme partir en vacances avec un ami », a déclaré à l’AFP Gaspar Noé en évoquant le comédien décédé des suites « d’une longue maladie aggravée par le COVID-19 ».