Fellini - Picasso : D’un rêve à l’autre

Fellini - Picasso : D’un rêve à l’autre

02 avril 2019
Cinéma
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La Dolce Vita, 1960 - Collection Fondation Jérôme Seydoux- Pathé
La Dolce Vita, 1960 - Collection Fondation Jérôme Seydoux- Pathé 1960 – PATHE FILMS – RIAMA FILM - identité de l’auteur réservée
La Cinémathèque française propose une exposition en forme de dialogue entre le peintre espagnol Pablo Picasso et le cinéaste italien Federico Fellini qui vouait à l’auteur de Guernica un véritable culte. Présentation.

De tous les cinéastes, Federico Fellini fut, sans aucun doute, le plus rêveur. L’auteur de La Dolce vita et de Huit et demi qui avait aussi un joli coup de crayon, n’a d’ailleurs jamais cessé de dessiner ses voyages nocturnes comme pour mieux se rapprocher de son inconscient et sonder les mystères de sa psyché. Cet exercice de retranscription a débuté en 1960 lors de sa rencontre avec le psychanalyste Ernst Bernhard. Après la mort du maestro, l’ensemble a été regroupé dans un seul et même ouvrage, Le livre de mes rêves, orgie rêveuse et fiévreuse révélant le talent de dessinateur de Fellini qui a débuté sa carrière comme caricaturiste pour un hebdomadaire italien à la fin des années 30.

La figure de Pablo Picasso est présente dans plusieurs de ces rêves, preuve de l’intérêt voire de la passion que Fellini vouait à ce génie de la peinture. A chaque fois, l’inventeur du cubisme apparaît comme un ami bavard expliquant son art à Fellini et lui donnant les clefs des mystères de la création. Mais Fellini n’avait pas attendu de sonder ses propres rêves pour convier Picasso dans son œuvre. Pour preuve, dans Il bidone réalisé en 1955, un des trois escrocs, Raoul (Richard Basehart) est un peintre raté qui se fait surnommer Picasso.

Au-delà du clin d’œil ironique, Fellini semble annoncer son programme à venir et la mue d’un cinéma qui, à partir de Huit et demi (1963), va basculer vers une extravagance picturale où les excès formels, physiques, émotionnels et scénaristiques, traduiront un bouillonnement intérieur prêt à contaminer le cadre. A la structure narrative a priori classique des débuts, Fellini éclate les lignes, multiplie les points de vue. Tel un portrait cubiste de Picasso, le réalisme se modifie pour se dissoudre dans un territoire magique où le fantasme et l’imprévisible sont rois. Fellini ira crescendo vers une forme baroque effrénée où les couleurs criardes jaillissent comme des lanternes folles dans la nuit.  

La présente exposition à la Cinémathèque, baptisée Quand Fellini rêvait de Picasso, se veut un dialogue imaginaire entre ces deux figures artistiques majeures qui ont célébré tous les plaisirs de l’existence et considéré la vie comme un gigantesque cirque peuplé de clowns rêveurs.

Quand Fellini rêvait de Picasso, à partir du 3 avril jusqu’au 28 juillet à la Cinémathèque française de Paris : 51, rue de Bercy, 75012 Paris.