Fernand Léger, ou la passion du cinéma

Fernand Léger, ou la passion du cinéma

02 septembre 2022
Cinéma
« Ballet mécanique »
Photogramme représentant Kiki de Montparnasse filmée avec un vortographe dans « Ballet mécanique » RMN/ADAGP

Le Musée national Fernand Léger de Biot, dans les Alpes-Maritimes, revient sur la fascination exercée par le septième art sur le peintre français dans une exposition à découvrir jusqu’au 19 septembre 2022.


Peinture, illustration, sculpture, scénographie... : rares sont les disciplines auxquelles l'avant-gardiste Fernand Léger n'a pas apposé sa marque. Le cinéma ne fait pas exception, comme le prouve l'exposition « Fernand Léger et le cinéma », organisée jusqu'au 19 septembre prochain à Biot. Dans l'enceinte du Musée national Fernand Léger, les visiteurs peuvent découvrir la collaboration fructueuse du peintre « tubiste » avec l'industrie cinématographique, motivée par son admiration pour les comédies de Charlie Chaplin. Cette fascination pour les films se manifeste dès la fin des années 1910 avec le livre illustré La Fin du monde filmée par l'Ange N.D. qu'il coécrit avec Blaise Cendrars. Dans cette expérimentation visuelle et typographique, Fernand Léger représente les effets de cadrage (gros plans...) et les transitions (fondu enchaîné...) caractéristiques du septième art. Sa passion pour le cinéma se matérialise plus tard par la création de l'affiche de La Roue (1923) d'Abel Gance, puis par la réalisation du court métrage expérimental du Ballet mécanique (1924), en collaboration avec le cinéaste américain Dudley Murphy et l'incontournable Man Ray. Ce manifeste dadaïste est composé d'un kaléidoscope d'images répétitives et hypnotiques accompagné par une bande-son débridée. La même année, Fernand Léger est embauché par Marcel L'Herbier comme directeur artistique et décorateur de L'Inhumaine, film emblématique du cinéma muet français. Pour lui, Fernand Léger conçoit, notamment, l'intérieur du laboratoire futuriste du jeune savant Einar Norsen – interprété par Jaque Catelain – en mélangeant influences cubistes et art déco. 

La passion de Léger pour le septième art est en partie née de sa fascination pour Charlie Chaplin Photo musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes/Anthony Lanneretonne/ADAGP, Paris, 2022

Du cinéma, Fernand Léger disait en 1925 qu'il « personnalise le fragment, il l’encadre » et le qualifiait de « nouveau réalisme dont les conséquences peuvent être incalculables. » Son attraction pour la création cinématographique ne se tarit pas dans les années 1930 et arrive à son point culminant en 1947 sous la forme du projet collectif Dreams That Money Can Buy (Rêves à vendre). Chapeauté par l'artiste allemand Hans Richter, ce film expérimental récompensé à la Mostra de Venise la même année est le fruit de la collaboration de plusieurs figures dadaïstes et surréalistes, dont Max Ernst, Marcel Duchamp, Man Ray et, bien-sûr, Fernand Léger. À travers des archives filmiques, des photographies et des peintures, l'exposition « Fernand Léger et le cinéma » sonde la fascination de l'artiste pour l'image en mouvement et le montage, tout en illustrant son essentielle contribution au développement du mouvement surréaliste sur la toile.