Quelle est la genèse du projet Handi’Cape & Cinéma ?
Géraldine Blanchet : Ma grande sœur est en situation de handicap, j’ai donc été sensibilisée très jeune à ce sujet. Depuis 2021, je suis également famille d’accueil bénévole pour l’association Handi’Chiens qui éduque et remet gratuitement des chiens d’assistance à destination de personnes handicapées. Cette expérience m’a permis d’être témoin d’histoires extraordinaires partagées par ces binômes. C’est de là qu’est née mon envie de mettre en lumière ces parcours de vie atypiques, et d’offrir au grand public une vision joyeuse et plus authentique du handicap. Je suis également passionnée par le septième art. J’ai été médiatrice culturelle dans un réseau de salles art et essai du sud de la France. Croiser dans un même podcast le handicap, les chiens d’assistance et le cinéma m’a semblé évident et essentiel. Il s’agit en effet de sujets encore très peu explorés aujourd’hui. Ce projet a cependant mis du temps à se concrétiser car je ne possédais pas les compétences en prise de son et en montage. Mais tout s’est accéléré dès que j’ai commencé à en parler à des professionnels. J’ai senti un élan de solidarité et d’enthousiasme. J’ai rapidement obtenu le soutien de six partenaires qui m’ont permis de lancer le teaser et de publier le premier épisode en janvier 2025. Parmi eux, la société Podcastics m’a proposé d’héberger gratuitement le podcast, The Podcast Factory Org, une association belge m’a formée au montage et m’a offert du matériel d’enregistrement neuf très performant, la radio locale Mistral Social Club m’a également prêté du matériel, et très récemment Greta & Starks m’a rejoint pour travailler sur l’audiodescription des épisodes.

Comment choisissez-vous les invités de votre podcast ?
Dans chaque épisode je reçois un invité concerné à la fois par le handicap et passionné par le cinéma. Il peut s’agir d’une personne en situation de handicap, bénéficiaire ou non d’un chien d’assistance, ou bien d’un cinéaste qui aborde ces sujets à l’écran. Nous parlons d’accessibilité en salle, d’inclusion devant et derrière la caméra et du travail des chiens d’assistance. À titre d’exemple, j’ai reçu pour mon premier épisode Anaïs et sa chienne d’assistance Snow. Nous avons échangé sur son expérience en tant que personne à mobilité réduite dans les salles de cinéma. J’ai aussi eu l’opportunité d’interroger la réalisatrice Anne-Sophie Bailly (Mon inséparable, 2024) sur les enjeux de la représentation du handicap cognitif au cinéma. Par ailleurs, j’ai invité la vidéaste Mélanie Toubeau, fondatrice de la chaîne YouTube « La Manie du Cinéma ». Nous avons abordé son engagement pour un cinéma inclusif et sa sensibilité personnelle à la cécité. Parmi les autres épisodes que j’ai également enregistrés, j’ai accueilli Thierry Jourdan, réalisateur de La Vie de Lise, un documentaire sur une adolescente malvoyante et maîtresse d’un chien guide ; Jonathan, athlète handisport et éducateur de sport inclusif en attente d’un chien d’assistance ; Stanislas Carmont, acteur autiste du film Un p’tit truc en plus (2024) réalisé par Artus. À Bruxelles j’ai rencontré Luc Boland, cinéaste fondateur du festival belge « The Extraordinary Film Festival », consacré aux films qui mettent en lumière la vie des personnes en situation de handicap. Enfin, très récemment, j’ai reçu Clarisse, passionnée de son au cinéma, bénéficiaire et bénévole de la Fondation Frédéric Gaillanne, la première école de chiens guides en Europe destinés aux enfants malvoyants.
Où sont enregistrés les épisodes ?
Hormis celui consacré au réalisateur Luc Boland, tourné en direct et en public au festival PodBXL de Bruxelles, tous sont réalisés dans des salles de cinéma. Il était important de se mettre en situation dans les salles puisque l’accessibilité est une des thématiques de ce podcast. Je suis accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les cinémas pour enregistrer mes épisodes. J’ai eu le plaisir d’enregistrer dans des salles mythiques comme Le Méliès à Montreuil (93), le Trianon à Romainville (93) mais aussi Les Alizés à Bron (69) ou encore le Cineplanet à Salon de Provence (13).

Quels ont été les réactions de vos auditeurs concernant cette initiative ?
Je n’ai reçu que des retours positifs et encourageants. Certaines personnes m’ont confié avoir appris énormément sur le handicap et sur le rôle des chiens d’assistance. D’autres m’ont dit qu’elles avaient envie de voir les films cités. Je suis touchée. C’est exactement ce que je souhaitais susciter quand j’ai lancé Handi’Cape & Cinéma. Un réalisateur m’a même avoué avoir été inspiré par les témoignages de mes invités pour créer les personnages de ses futurs projets !
Quelles sont vos attentes pour la suite ?
Pour le moment, j’ai besoin de développer mon projet à l’aide de financements. Je suis à la recherche d’autres partenaires et je prépare une campagne participative à l’attention des auditeurs qui souhaitent me soutenir. À l’avenir, je veux également organiser des écoutes collectives des épisodes, à destination des professionnels du cinéma et du grand public. À travers elles, je désire attirer l’attention de la nouvelle génération de professionnels à l’inclusion des personnes en situation de handicap au cinéma. Je réfléchis aussi à partager le podcast avec le public scolaire afin de sensibiliser les élèves. L’épisode 8 avec Clarisse a été spécialement conçu pour les classes du cycle 3 (CM1, CM2 et 6e). Son film « coup de cœur », Rouge comme le ciel (2006) de Cristiano Bartone, est d’ailleurs au catalogue des dispositifs scolaires École et Cinéma, ce qui permet aux enseignants de prolonger la séance. Par ailleurs, je mets en place avec un viticulteur non voyant de l’Hérault une écoute collective de l’épisode de Thierry Jourdan suivie d’une dégustation de vin à l’aveugle. J’ai envie d’inventer des nouveaux formats où les publics, handicapés ou non, se rencontrent, échangent et s’enrichissent mutuellement.
Tous les épisodes sont disponibles sur les plateformes d’écoutes (Spotify, Deezer, Apple Podcast, etc.)