Jean-Michel Jarre met en musique Peter Foldès

Jean-Michel Jarre met en musique Peter Foldès

23 avril 2019
Cinéma
Peter Földes, Au delà du temps
Peter Földes, Au delà du temps Catherine Ikam / Succession Peter Foldes – Restauration Direction du patrimoine du CNC (2018)
« Au-delà du temps », dernière réalisation du cinéaste et dessinateur anglais, a été mis en musique par Jean-Michel Jarre et projeté le 20 avril dans le cadre du festival Inasound à Paris.

Issu des collections du CNC, le court métrage d’animation Au-delà du temps, réalisé en 1976 par Peter Foldès, a été projeté samedi 20 avril au Palais Brongniart (Paris) à l’occasion du festival Inasound. Il a été « mis en musique » par Jean-Michel Jarre, dans le cadre de la masterclass donnée par le compositeur français (captation ci-dessous, à partir de 58:20).

Inachevé en raison de la mort, en 1977, de son auteur, Au-delà du temps, animatique d’une durée de 4 minutes, est l’ultime trace d’un projet de long métrage de Peter Foldès inspiré du roman grec Daphnis et Chloé. Né en 1924 à Budapest, ce réalisateur et dessinateur naturalisé britannique a marqué en un quart de siècle de son style protéiforme l’histoire du cinéma d’animation. Il est considéré comme l’un des pionniers de l’animation par ordinateur.

Proche du Pop Art, il a su traduire dans son travail l’étonnante porosité entre toutes formes d’art, refusant de s’enfermer dans un style précis pour mieux s’en démarquer, et a su développer une grammaire visuelle au service de thèmes universels. Tel un Emile Cohl, son insolente aisance en dessin le place en marge de ses contemporains grâce au graphisme et au lyrisme qui émanent de ses œuvres. Ludiques et émotionnelles, elles prolongent l’ère des films d’animation dits « sérieux » et destinés aux adultes, dont Alexandre Alexeïeff, Berthold Bartosch, Len Lye ou Oskar Fischinger sont les premiers ambassadeurs.

En dépit d’une carrière saluée par ses pairs, au cours de laquelle il fut successivement et à la fois peintre, cinéaste, graphiste et vidéaste, on semble sous-estimer de nos jours l’immense richesse et la diversité de son travail situé à l’avant-garde. A la fin des années 60, l’arrivée des nouvelles technologies élargit son champ de recherches à la réalisation d’images assistée par ordinateur. Techniques qu'il s’appropria sans leur sacrifier sa ligne et son esprit imaginatif.

Son travail prolifique pour la télévision nous renvoie aujourd’hui vers notre mémoire collective (séquences pour l’émission de l’ORTF « Dim, Dam, Dom », génériques d’émissions (« Stade2 »), élaboration du premier sigle de l’INA…). Nul doute que la musique de Jean-Michel Jarre saura donner une nouvelle dimension à la beauté onirique et symbolique de son ultime court métrage.