Le Studio des Ursulines, première salle française Art et Essai

Le Studio des Ursulines, première salle française Art et Essai

27 novembre 2025
Cinéma
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Façade du Studio des Ursulines, rénovée en 2023 CNC

Depuis près d’un siècle, le Studio des Ursulines fait vivre le cinéma d’art et essai au cœur du 5e arrondissement de Paris. Première salle à adhérer à l’AFCAE (Association française des cinémas Art et essai qui fête ses 70 ans cette année) en 1955, elle continue de cultiver un esprit avant-gardiste tout en proposant une programmation dynamique pour petits et grands.


Pionnière dans la diffusion du cinéma art et essai

Depuis le XVIIIe siècle, le n°10 de la rue des Ursulines à Paris a vu se succéder divers établissements : d’abord un couvent, puis une fabrique de pianos, plus tard une salle de bal, une autre de théâtre, avant de devenir un cinéma. En 1925, les comédiens Laurence Myrga et Armand Tallier investissent les lieux pour y fonder le Studio des Ursulines, première salle « spécialisée » dédiée aux œuvres d’avant-garde. « À l’époque, les cinémas, concentrés dans le Quartier Latin, projettent des films commerciaux. Myrga et Tallier veulent s’éloigner de ce modèle et proposer une salle avec une portée originale », explique Émilie Nouveau, directrice et programmatrice du Studio des Ursulines. Le jour de l’ouverture, le 21 janvier 1926, artistes, peintres, écrivains, cinéastes et intellectuels se pressent devant la salle. Parmi eux, Man Ray, André Breton ou encore Robert Desnos. Au fil de ses projections, le Studio des Ursulines séduit un public de plus en plus large et devient le premier cinéma à présenter les films de Marcel Carné, de Luis Buñuel et de Claude Autant-Lara sur grand écran.

En 1955, un petit groupe de critiques et d’exploitants parisiens, parmi lesquels figure Armand Tallier, crée l’AFCAE dans le but de reconnaître et soutenir les salles engagées dans la diffusion du cinéma d’art et essai. Le Studio des Ursulines devient naturellement la première salle française classée, aux côtés des Agriculteurs (Paris 9e), du Studio Parnasse (Paris 14e), du Cardinet (Paris 17e) et du Studio de l’Étoile (Paris 17e), aujourd’hui fermées.

Avec les réformes menées en 2002 puis en 2024 par le CNC, la classification des salles Art et Essai s’est enrichie de nouveaux labels conçus pour distinguer au mieux les spécificités des salles. « Aujourd’hui, nous [en] cumulons plusieurs : le Jeune Public, le Patrimoine et Répertoire, le Court métrage et enfin le label 15-25 ans. Je suis très fière que ce mono-écran bénéficie de ces quatre labels, cela prouve notre dynamisme et la grande diversité de notre politique de programmation », confie sa directrice.

Label « Jeune public » : une salle dédiée aux enfants

Le label Jeune Public distingue les salles de cinéma dont la programmation de films destinés aux enfants est régulière, variée (courts, films d’animation, patrimoine, etc.), composée de films recommandés Art et Essai, et accompagnée d’un travail de médiation et d’éducation à l’image auprès des enfants et des accompagnateurs.

Chaque année, depuis l’obtention du label il y a plus de vingt ans, l’équipe du Studio des Ursulines multiplie les initiatives pour le conserver. « Notre programme, composé de sorties nationales ou de reprises, est dédié aux enfants de tous les âges. Nous effectuons également un travail spécifique à destination des centres de loisirs et des groupes scolaires. Concrètement, nous programmons au minimum deux séances consacrées aux scolaires par jour. Nous accueillons les centres de loisirs tous les mercredis après-midi et tous les jours du lundi au vendredi pendant les vacances scolaires ». Pour garantir la qualité de la programmation, l’équipe visionne tous les films en amont et, avec l’aide de professionnels du jeune public, fixe une limite d’âge et des créneaux horaires adaptés. « Par exemple, nous programmons des séances « très jeune public », le dimanche matin ou en semaine les après-midis vers 16h ». En complément des projections, les spectateurs en herbe sont invités chaque semaine à participer à des ateliers, des animations et des rencontres encadrés par des médiateurs.

Nous prenons les jeunes spectateurs et spectatrices très au sérieux. C’est leur cinéma art et essai.

L’action du Studio des Ursulines en faveur de l’accès du jeune public à l’art et essai s’étend largement au-delà du cadre de la salle de cinéma. En 2016, les propriétaires Adrien et Louis-Paul Desanges, lancent Benshi, un site indépendant de recommandation art et essai jeune public afin que les enfants puissent être accompagnés dans leur découverte du septième art. Fort de ce succès, Benshi se transforme un an plus tard en plateforme de vidéo à la demande par abonnement, proposant une sélection d’œuvres art et essai pour les cinéphiles en herbe. « Les Ursulines et Benshi sont deux structures extrêmement liées. L’offre proposée par la plateforme est similaire à celle de la salle. Nous présentons les mêmes films ».

Salle du Studio des Ursulines, rénovée en 2022 avec l’aide du CNC CNC

Des ciné-clubs et festivals pour petits et grands

Profitant de la vitalité d’un quartier à la fois estudiantin et cinéphile, la salle accueille également sept ciné-clubs, dont six sont tout public. Dès son lancement en 2024, le « Ciné-mailles » a d’ailleurs rencontré un immense succès auprès des jeunes adultes. Ce ciné-club périodique s’adresse aux amateurs d’activités manuelles et de 7e art qui veulent papoter, tricoter, crocheter devant un film. « C’est un concept venu de l’étranger que nous avons voulu retranscrire en France. Nous l’avons lancé de manière totalement innocente, et finalement, nous avons été complets en dix minutes ! Je suis fière de montrer qu’un petit cinéma art et essai de quartier, qui plus est mono-écran d’une centaine de places, puisse créer un tel engouement et inspirer d’autres cinémas partout en France », se réjouit la directrice.

Outre ces initiatives, le Studio des Ursulines a noué des partenariats avec de nombreux festivals. Concernant les plus jeunes, il est partenaire du festival Ciné-Junior et Image par Image d’Écrans VO et accueille Mon Premier Festival. Pour le grand public, il héberge le PIAFF (Paris International Animation Film Festival), spécialisé dans la forme brève animée ; le festival Allers-Retours du Cinéma d’Auteur Chinois ; le festival Sorbonne with a movie camera porté par l’association étudiante du même nom ; L’Europe autour de l’Europe, festival de films d’auteur et d’art européens ; et enfin le festival Format Court, spécialisé dans le court métrage.

Bientôt 100 ans de cinéma !

Le 21 janvier 2026, le Studio des Ursulines fêtera ses 100 ans. Une fierté pour sa directrice, « non seulement parce que c’est un âge emblématique, mais aussi parce que c’est une salle devenue très dynamique aujourd’hui ». Pour célébrer cet anniversaire emblématique, le cinéma a lancé un appel à archives et à témoignages afin d’étoffer son histoire et de recueillir les souvenirs de ses spectateurs. « Et surtout, nous avons lancé un appel à coloriages [d’une illustration] de la façade du cinéma. Les dessins récoltés permettront de réaliser une bande annoncer projetée systématiquement avant chaque séance pendant toute l’année 2026 », ajoute Émilie Nouveau.

Grâce à l’appui de ses partenaires, festivals et ciné-clubs, le Studio des Ursulines prévoit de lancer une série de projections labellisées « 100 ans » réservées aux œuvres qui font référence au cinéma et à son passé. « La première séance sera consacrée à Jules et Jim, en version française sous-titrée en anglais grâce à l’association Lost in Frenchlation ». D’autres événements exclusifs sont à découvrir tout au long de l’année 2026 au Studio des Ursulines.

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