Lumière sur Nelly Kaplan, une cinéaste « rebelle »

Lumière sur Nelly Kaplan, une cinéaste « rebelle »

14 mars 2019
Nelly Kaplan
Nelly Kaplan DR - T.C.D

Programme TV - Ciné + Classic met à l’honneur la réalisatrice ce jeudi 14 mars en diffusant son premier film de fiction, La Fiancée du pirate, suivi d’un documentaire qui lui est consacré.


Marie, employée de ferme, vit avec sa mère dans une cabane à l’écart d’un village. Lorsque cette dernière meurt renversée par une voiture, la jeune femme décide de se venger aussi bien de cette tragique affaire enterrée par les notables du village que des humiliations qu’elle a subies avec sa mère depuis toutes ces années. Son arme pour mener à bien son projet : la séduction.

Porté par une Bernadette Lafont incandescente, La Fiancée du pirate est sorti en 1969. Avec ce premier long métrage de fiction, Nelly Kaplan signe une œuvre féministe et drôle, mais également érotique et subversive. De quoi refroidir les ardeurs des producteurs et censeurs de l’époque. Manquant de financements, la réalisatrice n’eut d’autre choix que de le produire elle-même avec son coscénariste, Claude Makovski. Provoquant la frilosité des producteurs et des distributeurs, l’histoire subversive de La Fiancée du pirate a également conduit la Commission de contrôle des films à prononcer, après une âpre bataille, une interdiction aux moins de 18 ans.

Projeté à la Mostra de Venise, La Fiancée du pirate séduit le public et les critiques, offrant ainsi un joli coup de projecteur à cette œuvre empreinte de liberté qui sera finalement classée tous publics à la fin des années 1980. « J'ai senti mon film comme un hommage au cinéma, et j'ai voulu que celui-ci joue un rôle capital dans l'histoire. La vision de La Comtesse aux pieds nus aide Marie à se libérer, et le cinéma lui fait découvrir que l'univers ne se limite pas à ce coin de campagne perdu, qu'il existe quelque chose ailleurs », expliquait Nelly Kaplan en 1969 (dans Les Nouvelles Littéraires) sur ce film à (re)voir ce jeudi soir à 20h50 sur Ciné + Classic.

Après ce long métrage, la chaîne diffuse Nelly Kaplan, l’œil, la plume, le destin. Ce documentaire réalisé par Mathieu Duboscq revient sur les débuts de cette cinéaste « née rebelle » en Argentine, un pays qu’elle quitte à l’âge de 22 ans. Cinéphile avertie depuis sa découverte de J’accuse d’Abel Gance, elle embarque pour la France et pose ses valises à Paris. A la faveur d’un événement organisé à la Cinémathèque française, elle croise la route d’Abel Gance. Il l’introduit dans le monde du cinéma en France en faisant d’elle son assistante. Elle découvre le métier, commence à écrire, avant de passer derrière la caméra pour des courts métrages documentaires sur les peintres Gustave Moreau et Pablo Picasso. Un parcours hors-norme à découvrir à 22h30.