« Marxploitation », le cinéma d'horreur anticapitaliste à la Cinémathèque de Toulouse

« Marxploitation », le cinéma d'horreur anticapitaliste à la Cinémathèque de Toulouse

« Invasion Los Angeles » de John Carpenter sera diffusé dans le cadre de la rétrospective Marxploitation.
« Invasion Los Angeles » de John Carpenter sera diffusé dans le cadre de la rétrospective Marxploitation. Studiocanal

Du 5 au 25 mai, l'institution toulousaine rend hommage à la Marxploitation, une subdivision politique du cinéma d'horreur où les monstres sont moins des loups garous assoiffés de sang que les fruits d'un système répressif et déshumanisant.


« Un spectre hante le cinéma d’horreur. Le spectre du communisme. Enfin, disons plutôt pour rester modérés, celui de la lutte des classes », écrit le responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse, Franck Lubet. Cette tendance du cinéma de genre américain à se retourner contre le modèle capitaliste hollywoodien y est mise à l'honneur du 5 au 25 mai à travers la rétrospective Marxploitation. Un courant du cinéma d'horreur made in USA qui fait surgir l'effroi de l'aliénation sociale et des individualismes rampants. C'est le cas de Dead Zone de David Cronenberg, où le cinéaste canadien adapte Stephen King en introduisant une dimension politique (exclusion sociale, ivresse du pouvoir) au récit. La rétrospective s'ouvrira avec la projection de Jusqu’en enfer (Drag Me to Hell) du réalisateur américain Sam Raimi - un long métrage sorti l'année de la crise des subprimes dans lequel une banquière se retrouve maudite après avoir refusé un prêt à une voyante tzigane insolvable. L'un des films les plus emblématiques de ce cinéma horrifique de contre-culture reste sans aucun doute Invasion Los Angeles (They Live) de l’Américain John Carpenter, satire mordante sur le respect de l'autorité et l'asservissement du prolétariat par une race extraterrestre diffusée - sans lunettes spéciales - le 14 mai prochain. 

 

Tout au long de cette rétrospective, les spectateurs pourront découvrir la manière dont les cinéastes s'approprient les codes du cinéma de genre afin d'aborder le mépris de classe (Snowpiercer, le Transperceneige du Sud-coréen Bong Joon-ho et The Hunt de l’Américain Craig Zobel) ou encore la persistance du racisme (Get Out de Jordan Peele) dans la société moderne. Ce cinéma contestataire (« anti-establishment », nommé ainsi Outre-Atlantique) a notamment été popularisé par George A. Romero dans Zombie (Dawn of the Dead), qui fera la clôture du cycle avec Le Territoire des morts (Land of the Dead). Deux films à la croisée de l'horreur et du western, qui critiquent l'absurdité de la société de consommation ainsi que la fragmentation sociale face à une catastrophe planétaire (l'invasion de zombies), allégorie pertinente des conflits armés et du réchauffement climatique actuels.