Omar Sy : « Dans Yao, je tiens un rôle similaire à celui que tenait François Cluzet dans Intouchables »

Omar Sy : « Dans Yao, je tiens un rôle similaire à celui que tenait François Cluzet dans Intouchables »

23 janvier 2019
Yao
Yao Pan-Européenne-DR

Quelques semaines après Le flic de Belleville, Omar Sy est (déjà) de retour à l’affiche dans Yao, un film tourné au Sénégal qui lui tient particulièrement à cœur.


Dans Yao, Omar Sy joue Seydou Tall, un acteur français de retour au Sénégal pour promouvoir un livre. Sur place, il se retrouve à ramener chez lui Yao, un garçon qui a clandestinement fait le voyage jusqu’à Dakar pour le rencontrer. Impossible de ne pas voir dans ce personnage de Seydou un double de fiction d’Omar Sy, Français d’origine sénégalaise devenu star dans son pays et dans celui de ses ancêtres. Un retour aux sources pour l’acteur qui a coproduit le film avec le réalisateur Philippe Godeau (Le dernier pour la route).

Avant de vous soumettre le projet, Philippe Godeau a dit qu’il avait eu l’intuition que vous aviez besoin de vous confronter à vos racines. Avait-il vu juste ?

Il ne me l’a jamais dit, je ne sais pas trop. Une chose est sûre : c’était le bon moment, l’année de mes 40 ans. Quand il est venu me voir, il n’avait pas de scénario, juste envie de faire un film sur l’Afrique. Il cherchait à savoir si nous étions sur la même longueur d’ondes et nous nous sommes rendus compte que nous avions pas mal de choses en commun. Je pense que cette discussion a nourri son scénario. Je lui avais par exemple évoqué un voyage au Sénégal que j’avais effectué avec mon père quand j’avais 18 ans, et le film est un road-movie avec un adulte et un enfant...

À quel point êtes-vous intervenu sur l’histoire et sur Seydou Tall, ce personnage de star déracinée, pas très éloigné de vous ?

Philippe n’a pas eu besoin de moi pour que Seydou me ressemble un peu. Je dirais plutôt qu’il a collé des éléments de ressemblance en surface. À l’intérieur, Seydou n’est pas le même homme. Ça restait donc un personnage intéressant à interpréter. J’ai juste, ici et là, donné mon avis, notamment sur tout ce qui était lié à la culture peule, celle de mon père.

Vers la fin du film, votre personnage se retrouve au bord d’un fleuve qui marque la frontière avec la Mauritanie, pays de votre mère situé de l’autre côté de la rive. C’est un clin d’œil ?

J’imagine que oui mais Philippe ne l’avouera jamais ! (rires)

Dans cette scène, Seydou fait face à une vieille femme charismatique qui prie pour le reconnecter à ses ancêtres. N’avez-vous pas ressenti un léger vertige en la jouant ?

Il ne faut pas tout mélanger, sinon on devient dingue. C’est un rôle, il s’agit de s’en tenir à la vérité de la scène. Après, j’avoue qu’il y a quelque chose d’un peu machiavélique derrière tout ça ! (rires) En la tournant, j’avais conscience que le spectateur pourrait se poser la question de son caractère éventuellement biographique. Ça m’arrange... (il sourit de façon espiègle)

Toujours dans cette scène, mais aussi dans le film en général, vous vous effacez volontairement pour faire briller vos partenaires. D’habitude, c’est plutôt l’inverse : vous êtes un voleur de scènes.

J’ai atteint un âge où je suis assez serein et confiant pour laisser un môme de onze ans me déstabiliser et me voler la vedette ! (rires) Non seulement j’en suis capable mais j’y prends du plaisir comme acteur. (il réfléchit un peu) En en discutant avec vous, c’est très clair dans mon esprit maintenant. Je ne l’ai encore dit à personne : je tiens en fait un rôle similaire à celui que tenait François Cluzet dans Intouchables, qui me laissait mener le jeu. Question de maturité, j’imagine...