Le créateur Pierre Cardin, qui vient de l’éteindre à l’âge de 98 ans, était un véritable touche-à-tout de génie, passionné par le cinéma depuis son plus jeune âge. Dès 1944, alors qu’il débute chez Jeanne Paquin à 22 ans, il dessine costumes et masques du film de Jean Cocteau, La Belle et la Bête. Tout au long de sa vie, il entretiendra une longue collaboration avec le septième art, la scène et la télévision. En 1961, il crée les costumes féminins de Marina Vlady pour le film La Princesse de Clèves de Jean Delannoy.
Sa rencontre, en 1962, lors d’une séance d’essayage pour Eva de Joseph Losey avec Jeanne Moreau, change le cours de sa vie et lui permet d’habiller l’actrice, dont il partagea aussi la vie pendant quatre ans, dans une quinzaine de films. Il crée spécialement pour son modèle des costumes en toute liberté, laissant libre cours à son imagination : La Baie des Anges de Jacques Demy, Peau de banane de Marcel Ophüls, Viva Maria ! de Louis Malle, La Mariée était en noir de François Truffaut, Le Journal d'une femme de chambre de Luis Buñuel, et les 21 costumes de Mata Hari de Jean-Louis Richard… et bien d’autres.
Mais Pierre Cardin ne s’arrête pas à la création de costumes : en 1975, pour Jeanne Moreau, il finance le film de Carlos Diegues tourné au Brésil, Jeanne, la Française, dans lequel il apparaît sous son propre nom. L’année précédente, il produisait un film expérimental mis en musique par le groupe Magma : Tristan et Iseult de Yvan Lagrange. L’un et l’autre ont été restaurés par le CNC.
Ce styliste amoureux du cinéma et de la scène a aussi multiplié les costumes de personnalités du monde du spectacle, dont l’un des plus célèbres reste celui de John Steed dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir.
