Saga de l’été : « Les Vacances du Petit Nicolas », séjour nostalgique à Noirmoutier

Saga de l’été : « Les Vacances du Petit Nicolas », séjour nostalgique à Noirmoutier

02 septembre 2022
Cinéma
Mathéo Boisselier dans « Les Vacances du Petit Nicolas » de Laurent Tirard.
Mathéo Boisselier dans « Les Vacances du Petit Nicolas » de Laurent Tirard. Wild Bunch

En 2014, le héros de Jean-Jacques Sempé et René Goscinny passe ses vacances dans l’île vendéenne, qui se repeint aux couleurs des années 1960 pour l’occasion.


La création d’une franchise

En 2010, le grand succès de la version cinéma du Petit Nicolas (5,7 millions d’entrées) entraîne Laurent Tirard à réaliser une autre adaptation d’un fameux héros de Goscinny : Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté, en 2012. Nouveau succès. Mine de rien, le cinéaste a enchaîné les tournages de deux blockbusters français. Et la suite du Petit Nicolas est au programme, dès 2012. L’idée est évidente : adapter Les Vacances du Petit Nicolas et donner au film une ambiance estivale, en programmant la sortie en juillet, pour l’associer aux grandes vacances. Le premier film était sorti en septembre pour coller à la rentrée des classes. À l’automne, la production entame ses repérages pour trouver le lieu où le Petit Nicolas va passer ses vacances. Le choix se porte sur Noirmoutier, les côtes bordant l’océan Atlantique ayant été privilégiées pour une question d’ambiance. « On voulait la côte ouest pour son esprit vacances en famille », racontait Laurent Tirard à la sortie du film à Côté Maison. « Deux personnes ont sillonné toute la façade atlantique pendant deux mois et demi. La recherche était très précise, jusqu’à la découverte de la plage des Dames du bois de la Chaise. Dès lors, il n’y a eu plus aucune hésitation. » 

 

L’île mystérieuse

Il fallait en effet trouver un lieu qui puisse faire office de machine à remonter dans le temps : où l’on pouvait recréer une station balnéaire familiale des années 1960. La plage des Dames, lieu emblématique de Noirmoutier, est donc l’endroit idéal, puisqu’il demande un minimum de travail pour remonter de cinquante ans dans le temps. « Pas d’immeuble, un seul hôtel suranné, une plage en croissant de lune avec la forêt autour. Un paysage de carte postale totalement intact », se réjouissait le réalisateur. Marie Bruley, en charge de la promotion touristique de l’île, engage les discussions avec les propriétaires des lieux et les associations locales pour inventer la version sixties de la plage des Dames. Elle évoquait ses négociations au micro de France Bleu afin de « peindre nos cabines de plage blanches avec un peu de bleu, avec un peu de jaune, etc. » Soit les couleurs de la palette rétro du film. Mais l’association ne s’est pas arrêtée là puisque la promotion touristique du lieu a aussi organisé un casting local pour la figuration : il fallait « diffuser l’information, choisir les lieux de casting aussi, parce que des milliers de personnes se sont présentées et il a fallu accueillir ce public-là. » Grâce à ce casting, la production a pu notamment engager un nouvel acteur pour jouer Nicolas. Il était impossible de faire revenir Maxime Godard, désormais trop âgé pour le rôle-titre. Ce sera le jeune Vendéen Mathéo Boisselier qui incarnera le héros. Si le film utilise la géographie de l’île, immédiatement reconnaissable aux habitués, le nom de Noirmoutier n’est prononcé à aucun moment. Le voyage dans le temps est aussi celui d’un déplacement dans un ailleurs nostalgique qui n’est pas un lieu précis, réel et nommé. « L’hôtel Beau-Rivage n’est pas comme ça le reste de l’année. Là, ils ont remis des volets, des tentures, tout ça a été coloré, il y avait des parasols qui n’existent pas d’habitude, des terrasses… », racontait à France Bleu le directeur du service événements, vie associative, sports et culture de la Ville de Noirmoutier, Franck Depoux. « Et c’est vrai que lorsque tout a repris son visage initial, ce n’était plus du tout pareil. Ça égayait énormément la plage et certains ont été déçus que ce décor soit retiré, mais il y avait des obligations légales. » Entre la production et la commune, c’est « donnant-donnant » : celle-ci ne paie pas et ne reçoit pas d’argent, espérant profiter des retombées économiques du tournage (emplois locaux, restauration et hébergement), ce dernier faisant partie des initiatives encouragées par la région Pays de la Loire. Les Vacances du Petit Nicolas n’a pas reçu de subvention au moment de son tournage, puisque l’enveloppe d’aide est orientée vers les premiers films et les films d’auteur.

Kad Merad et Valérie Lemercier  Wild Bunch

« Monsieur Hulot de Jacques Tati était notre référence »

Du côté du réalisateur, l’influence visuelle est celle de Jacques Tati. Pour mettre ses acteurs et son équipe dans l’ambiance choisie, Laurent Tirard organise une projection des Vacances de Monsieur Hulot (1953) : « Monsieur Hulot de Jacques Tati était notre référence… Il est l’un des premiers cinéastes avec lequel j’ai eu une affinité. Je me suis senti proche de son univers absurde, surréaliste, burlesque », raconte le cinéaste à 20 minutes, en détaillant que le cinéma de Tati est aussi celui d’un souvenir d’enfance puisque son père vouait une passion au travail du cinéaste, surtout à Jour de fête (1949). Son autre grosse inspiration est Michel Lang, auteur des comédies estivales À nous les petites Anglaises (1976) et L’Hôtel de la plage (1978). « Il a été l’une de mes influences majeures. Je sais qu’il peut paraître un peu ringard aujourd’hui, mais quand j’étais adolescent, il me semblait qu’il parlait de ma famille et de mes propres vacances. » Mais Laurent Tirard ne cherche pas à s’inspirer de ses propres souvenirs de vacances pour celles de son Petit Nicolas, puisque de son propre aveu, il les passait sur la Côte d’Azur. « Celles de Nicolas, filmées entre juillet et octobre dernier, sont différentes, très imprégnées “Ouest », résumait le réalisateur à Côté Maison. « Valérie Lemercier et Kad Merad, les parents accompagnés par la grand-mère (Dominique Lavanant), ont passé à l’hôtel Beau-Rivage des vacances inoubliables. En compagnie de leurs personnages, nous avons eu la sensation d’être projetés dans le temps. Les membres de l’équipe avaient déjà travaillé ensemble, nous n’avions pas de pression. Le temps était très beau, c’était léger et joyeux, presque insouciant. En finissant le tournage, je me suis dit que cela devait ressembler à ça, les films dans les années 60. » Avec Les Vacances du Petit Nicolas, le public n’est pas le seul à avoir voyagé dans le temps : Laurent Tirard et son équipe ont fait la même expérience. Sur la plage de Dames, une buvette, construite exprès pour le film, a été rachetée par les habitants pour accueillir un poste de secours.

Les Vacances du Petit Nicolas

Réalisation : Laurent Tirard
Scénario : Laurent Tirard, Grégoire Vigneron, Jaco van Dormael, d’après l’œuvre de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé
Avec : Valérie Lemercier, Kad Merad, Dominique Lavanant, Mathéo Boisselier…
Production : Wild Bunch, Fidélité Films
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Sortie le 9 juillet 2014