Six cinéastes espagnoles à l’honneur au festival d’Amiens

Six cinéastes espagnoles à l’honneur au festival d’Amiens

14 novembre 2019
Cinéma
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Ne dis rien
Iciar Bollain sur le tournage de Ne dis rien (2003) Alta Produccion SL Producciones La Iguana SL
Du 15 au 23 novembre, le 39ème FIFAM fait la part belle à nos voisins espagnols en mettant un coup de projecteur sur six réalisatrices. Revue de détail.

Meritxell Colell Aparicio

Diplômée en communication audiovisuelle à la faculté de sa ville, cette Barcelonaise a appris le cinéma à l’université de Buenos Aires avant de travailler comme monteuse dès 2005. C’est à cette même époque qu’elle fait ses premiers pas derrière la caméra pour plusieurs courts métrage documentaires. Sélectionnée par la Cinéfondation en 2015, elle y développe son premier long métrage de fiction, projeté au festival d’Amiens : Face au vent. Sorti en France le 5 juin dernier, il raconte le retour d’une chorégraphe de 47 ans vivant à Buenos Aires dans son village natal du nord de l’Espagne où, après la mort de son père, elle va aider sa mère à vendre la terre familiale et redécouvrir cette femme qu’elle n’avait pas vue depuis 20 ans. Un film éminemment personnel - car tourné, au cœur de la province de Burgos, dans le petit hameau de ses grands-parents- et qui a eu les honneurs d’une sélection à la Berlinale 2018, dans la section Forum.

Iciar Bollain

De toutes les cinéastes mises à l’honneur cette année par le festival d’Amiens, elle est la plus reconnue et la plus primée. Mais avant de passer derrière la caméra, cette Madrilène fut actrice. Elle n’a que 16 ans quand Victor Erice la choisit pour le premier rôle féminin d’El Sur. Suivront une vingtaine de rôles jusqu’à la fin des années 2000, dont celui d’une militante anti-franquiste dans Land and Freedom de Ken Loach en 1995. C’est cette même année qu’après une poignée de courts, Iciar Bollain signe son premier long avec Coucou, tu es seule ?, co- écrit par Julio Medem (Les Amants du Cercle polaire). Dès le deuxième, Flores de otro mundo, tout s’accélère : elle remporte le Grand Prix de la Semaine de la Critique au festival de Cannes 1999. Quatre ans plus tard, elle repart des Goyas (les César espagnols) avec deux trophées – réalisation et scénario - pour Ne dis rien, un drame autour des violences conjugales. Puis, en 2010, avec Même la pluie, projeté au festival d’Amiens, elle entame une fructueuse collaboration scénaristique avec Paul Laverty, son compagnon à la ville et complice d’écriture de Ken Loach. Ce film raconte un tournage chaotique au cœur de la Bolivie, dont les habitants se révoltent contre la hausse du prix de l’eau. Et il symbolise le cinéma engagé d’une réalisatrice dont on attend pour 2020 le nouveau film, La boda de Rosa sur une femme de 45 ans qui, après avoir tout sacrifié à sa famille, décide de reprendre sa vie en main.

Celia Rico Clavellino

Diplômée en communication audiovisuelle et en analyse littéraire, cette Sévillane passe à la réalisation en 2012 avec le court métrage Lulu n’est pas chez elle, projeté à la Biennale de Venise. Responsable du casting enfants sur Blancanieves de Pablo Berger, assistante réalisatrice de L’Attrape-rêves de Claudia Llosa, auteur d’un livre de photographies, professeur de cinéma à l’ESCAC de Barcelone, elle signe son premier long métrage en 2019 avec Viaje (présenté au festival d’Arras), entièrement écrit par ses soins et développé dans le cadre du Script Nation Lab de la Berlinale. Un film en quasi huis-clos sur une très émouvante relation mère-fille fragilisée par cette étape inévitable où la seconde doit quitter la première pour voler de ses propres ailes. Depuis, Celia Rico Clavellino a déjà changé de registre en scénarisant et co-réalisant la série d’animation Mironims, inspirée par le travail de Juan Miro.

Arantxa Echevarria

Native de Bilbao, Arantxa Echevarria a d’abord décroché une licence en sciences de l’image à Madrid avant d’aller étudier la production cinématographique à l’Université de Sidney. Et on peut dire d’elle que c’est une femme qui fait bouger les lignes. D’abord en 2010 avec Cuestión de pelotas, son tout premier documentaire pour la télé espagnole consacré aux femmes footballeuses qui a poussé la fédération de foot de son pays à régulariser les conditions de travail de ces femmes dont la profession n’était jusque-là pas reconnue. Ensuite en 2018 avec Carmen et Lola, son premier long métrage (projeté au festival d’Amiens) qui a fait d’elle la toute première réalisatrice espagnole à participer à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes. Elle y filmait quasi à la manière d’un documentaire une jeunesse en quête d’émancipation et de liberté à travers une histoire d’amour lesbienne dans le monde gitan. Avec à clé un Goya de la meilleure révélation dans la catégorie réalisateur.

Andrea Jaurrieta

Ana de dia. Présenté au festival d’Amiens, ce film troublant questionne le rapport à l’identité par le prisme d’un personnage d’étudiante qui se découvre un double et s’autorise alors à mener une vie totalement extravagante. Ana de dia a valu à Andrea Jaurrieta d’être nommée au titre de la révélation de l’année catégorie réalisateur en 2019.

Nata Moreno

Tout comme celui d’Andrea Jaurieta, le travail de Nata Moreno est pour l’instant resté inédit dans les salles françaises. Après des études d’art dramatique, elle crée sa propre production et réalise des publicités et ses premiers courts. Puis elle passe au format long en 2019 avec un documentaire sorti le mois dernier en Espagne : Ara Malikian, una vida entre las cuerdas. Un portrait en 90 minutes du violoniste libano-espagnol qui raconte comment son instrument lui a sauvé la vie et le mène aujourd’hui aux quatre coins de la planète, après avoir notamment travaillé sur les bandes originales de deux films de Pedro Almodovar : Parle avec elle et La Mauvaise éducation.