Zineb Sedira explore la dimension militante du cinéma dans son installation à la Biennale de Venise

Zineb Sedira explore la dimension militante du cinéma dans son installation à la Biennale de Venise

17 mai 2022
Cinéma
L'artiste franco-algérienne Zineb Sedira revisite la thématique de l'art militant dans « Les rêves n'ont pas de titre ».
L'artiste franco-algérienne Zineb Sedira revisite la thématique de l'art militant dans « Les rêves n'ont pas de titre ». Thierry Bal/Zineb Sedira

Locataire du pavillon français à la Biennale vénitienne, l'artiste franco-algérienne y présente Les rêves n'ont pas de titre jusqu’au 27 novembre 2022. Une installation sur le pouvoir des alliances culturelles dans laquelle elle aborde la liberté du cinéma anticolonialiste des années 1960-1970.


La décennie des années 1960 a marqué un tournant dans la volonté des cinéastes à s'opposer à l'ordre établi, à transformer leur art en outil de résistance. L'artiste franco-algérienne Zineb Sedira capture cette tendance dans son installation Les rêves n'ont pas de titre (Dreams Have No Titles), présentée au pavillon français de la Biennale de Venise. S’intéressant déjà à l'aspect militant de l'art et au tiers-mondisme dans « L'Espace d'un instant », une de ses expositions au Jeu de Paume en 2019, la plasticienne se concentre ici sur les productions cinématographiques engagées des années 1960 et 1970, particulièrement en France, en Algérie et en Italie. Construite à partir d’archives filmiques, son œuvre compte des films rares et parfois complètement disparus des écrans à l'instar des Mains libres (1964), l’une des premières chroniques documentaires de l’Algérie libérée du joug français, un film du cinéaste italien et militant anti-impérialiste Ennio Lorenzini. Dans le cadre de cette installation, Zineb Sedira a aussi réalisé un film truffé de remakes de scènes célèbres et d'extraits qui retracent la fabrique de son œuvre. « Je mets en relation la notion de remake avec celle de mise en abyme, qui revient souvent dans mon travail. Je suis une artiste-réalisatrice qui crée un film sur les films. À partir de mon histoire personnelle, j’emploie différentes stratégies pour mettre en abyme l’histoire du cinéma et créer une fiction-réalité », explique-t-elle dans le dossier de presse de la Biennale. 

Si Les rêves n'ont pas de titre évoque le bouillonnement culturel et les alliances intellectuelles à l'origine de la contre-culture, il s'aventure également sur le terrain de l’autobiographie. Zineb Sedira y interroge sa propre histoire familiale et son rapport personnel à la question épineuse de l'héritage colonial. « Mon apprentissage de la collaboration s’est d’abord fait en famille, avec ma mère, mon père et ma fille, et s’est matérialisé dans mes premières œuvres vidéo », ajoute-t-elle dans une conversation avec la commissaire de l’exposition, Yasmina Reggad. L'installation est accompagnée de la publication de trois périodiques qui retracent le parcours créatif de Zineb Sedira. Ces magazines sont conçus en hommage aux revues maghrébines des années 1970 comme Souffles et Les deux écrans. Ils proposent une plongée dans les coulisses de son projet vénitien et opèrent un focus sur Alger, Paris et Venise, trois villes essentielles dans son cheminement artistique.  

Les rêves n'ont pas de titre (Dreams Have No Titles) de Zineb Sedira a bénéficié d’une Aide à la production de la part de la DICRéAM (Dispositif pour la Création Artistique Multimédia et Numérique).