100 ans de cinéma japonais à découvrir

100 ans de cinéma japonais à découvrir

24 janvier 2019
L’Homme qui dort de Kohei Oguri
L’Homme qui dort de Kohei Oguri 1996 © Kohei Oguri

Alors que la Cinémathèque Française programme la seconde partie de son exploration du cinéma japonais, sélection d’œuvres rares ou inédites à découvrir.


Les Enfants de la ruche d’Hiroshi Shimizu (1948)

Autrement baptisé Les Enfants du nid d’abeilles, ce film sorti en 1948 dresse un portrait sans concession d’un Japon meurtri au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Le cinéaste Hiroshi Shimizu filme ici la rencontre entre une bande d’orphelins vivant de petits trafics et un soldat tout juste revenu du front. Ce dernier, au contact des enfants à qui il propose une sorte d’odyssée personnelle, va essayer de redonner un sens à sa vie. Le cinéaste Hiroshi Shimizu (1903 - 1966) à la filmographie pléthorique (160 films), s’est illustré comme un formidable portraitiste de l’enfance. Ce film a été tourné dans une relative indépendance à une époque où les grands studios nippons sous le joug de l’occupant américain, se devaient de respecter certaines règles de conduite.

Sous les drapeaux, l'enfer ! de Kinji Fukasaku (1973)

Le nom de Kinji Fukasaku est associé au film désormais culte Battle Royale (2000), où l’on voyait des adolescents nippons s’entretuer le temps d’un jeu sordide dans un Japon futuriste. Une reconnaissance internationale bien tardive pour ce maître qui signait alors son ultime long métrage (l’homme est mort sur le tournage de la suite de son Battle Royale en 2003 à l’âge de 72 ans). Sous les drapeaux, l’enfer ! tourné au début des seventies est à part dans une filmographie où la figure du yakuza a la part belle. Ce film antimilitariste surprend par ses audaces formelles (mélange des genres, des supports, alternance du noir et blanc et de la couleur…) et le traitement de son sujet. On suit ici le combat d’une femme pour réhabiliter l’honneur de son mari, un officier de l’armée exécuté à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour désertion. Ce combat va prendre l’allure d’une quête obsessionnelle où les différents points de vue créaient vertiges et malaises. 

Article sur le même sujet

23 janvier 2019

Angel Guts : Red Classroom de Chüsei Sone (1979)

Dans les années 70, les grands studios nippons doivent faire face à une crise et certains comme la Nikkatsu n’hésitent pas à produire des œuvres ouvertement érotiques lorgnant du côté du thriller. Ces films sont regroupés sous l’appellation Pink film ou eroduction. Le studio lance ainsi la série des Angel Guts adapté d’un manga de Takashi Ishii.  Ce Red Classroom est le deuxième de la saga qui en compte neuf. Les récits tournent toujours autour d’une obsession qui pousse un protagoniste à une traversée symbolique du miroir. Ici, un auteur pour une revue pornographique découvre un film où l’actrice principale, Nami, subit un viol. Le héros interloqué par cette séquence plus vraie que nature, décide de partir à la recherche de la comédienne. Il finit bientôt par la rencontrer. Celle-ci lui révèle un terrible secret. A partir de cet épisode, le personnage de Nami sera récurrent.

Gardien de l'enfer de Kiyoshi Kurosawa (1992)

Bien avant que le nom de Kiyoshi Kurosawa ne soit sur toutes les lèvres cinéphiles et ce depuis la découverte de Cure en 1997, le cinéaste avait déjà plusieurs films à son actif dont ce Gardien de l’enfer. Ce thriller violent qui voit un vigile « s’amuser » à éliminer tous les habitants d’un immeuble, contient en germe le style du cinéaste et notamment sa formidable gestion de l’espace et son approche « fantastique » du réel.  Le film déploie un sens du rythme haletant. La mise en scène joue à fond la carte de la claustration et rend fou le spectateur.

L’Homme qui dort de Kohei Oguri (1996)

Ce titre qui sonne comme un roman de Georges Perec, raconte la vie d’un village engourdi par le long sommeil d’un de ses habitants. En effet, le protagoniste fait une chute lors d’une balade en montagne et se retrouve plongé dans une rêverie sans fin. Autour de lui, la vie s’est ralentie et chacun veille à tour de rôle ce corps assoupi. Le cinéaste Kohei Oguri au diapason de cette torpeur ambiante ajuste sa mise en scène et télescope le monde des rêves, des fantasmes avec le réel. Il créait également des ruptures de rythme. Cette ode à la vie (chacun essaie ici de réveiller le protagoniste pour l’inclure à nouveau au sein de la communauté) se veut à la fois poétique, lyrique et brutale. Kohei Oguri est surtout connu pour ses deux longs métrages présentés au Festival de Cannes : L’Aiguillon de la mort (1990) et La Forêt oubliée (2005).