Jean-François Laguionie et ses mondes animés

Jean-François Laguionie et ses mondes animés

22 octobre 2019
Cinéma
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Château des singes
Château des singes Films du triangle - TCD
Jean-François Laguionie est à l’honneur de la Fête du cinéma d’Animation jusqu’au 31 octobre avec une rétrospective de son œuvre. Le 26 octobre, le cinéaste donnera une masterclass à Paris, au Carreau du Temple, où il reviendra notamment sur l’histoire de son dernier film, Le Voyage du prince. Retour sur les films-clés de sa carrière.

Gwen, le livre de sable (1984)

Après une décennie passée à réaliser des courts métrages en employant des techniques d’animation très diverses comme les papiers découpés ou la peinture à l’huile sur plaque de verre, Jean-François Laguionie prend son envol. La Traversée de l’Atlantique à la rame, récompensé par un César et une Palme d’or du court métrage en 1978, assoit sa réputation dans le monde de l’animation. Il se lance alors dans l’aventure du long métrage avec le soutien de la Gaumont. C’est à la Fabrique, ancien atelier de bobinage de fil à soie, à Saint-Laurent-le-Minier, au pied des Cévennes, que le film est conçu. Gwen, le livre de sable est un film d’aventures situé dans un futur apocalyptique où une ancienne civilisation a laissé des objets dont plus personne ne connaît l’utilité. L’héroïne, une jeune fille de 13 ans, adoptée par une tribu de nomades, tente un voyage vers la cité interdite pour retrouver son ami disparu. Cette longue traversée dans un désert de sable, peint à la gouache, va déconcerter les spectateurs : le film ne reste qu’une seule semaine à l’affiche.

 

Le Château des singes (1999)

Tirant les leçons de cet échec, Jean-François Laguionie prend deux décisions. La première, c’est de traiter de sujets plus accessibles aux jeunes générations, la deuxième c’est de faire de La Fabrique une véritable société de production. Inspiré initialement du Baron perché d’Italo Calvino, Le Château des singes suit le parcours initiatique de Kom, un singe « d’en haut » à la découverte du monde « d’en bas ». Il lui faudra quatre ans de travail et une équipe de 300 personnes pour livrer une fable sociale à la fois ludique et attachante. L’animation mêle habilement technique traditionnelle et image numérique. C’est un succès.

 

L’île de Black Mor (2003)

Lecteur assidu de Robert Louis Stevenson et Jack London, Laguionie retrouve avec L’île de Black Mor, le goût pour les aventures marines qui l’animaient enfant. Reprenant la tradition des contes de pirates, il invente une figure tutélaire, Black Mor, dépositaire d’un trésor et d’une carte. Sur une île de Cornouailles, le Kid, un garçon de 15 ans, s’enfuit de son terrible orphelinat pour partir sur ses traces. Cette quête d’identité séduit par son caractère épique et ses paysages magnifiques.

 

Le Tableau (2011)

C’est en réfléchissant à la création artistique que Jean-François Laguionie a l’idée de faire se dérouler l’intrigue de son nouveau film dans un tableau. Aidé par Anik Le Ray, la scénariste du Château des singes et de Kérity, la maison des contes, il imagine un conte surréaliste à la fois sophistiqué et naïf. Trois types de personnages se côtoient dans ce tableau : il y a les « Toupins » qui sont entièrement terminés, les « Pafinis » dont il manque quelques détails et les « Reufs » qui ne sont qu’à l’état d’ébauche.  Quand les Toupins prennent le pouvoir, le tableau devient invivable. Ramo, Lola, Plume et Magenta partent à la recherche du peintre pour qu’il finisse sa toile et ramène ainsi la paix. Magnifique ode contre les discriminations, Le Tableau est aussi une réussite esthétique qui combine une animation réaliste en images de synthèse et dessins en deux dimensions.

 

Louise en Hiver (2016)

Avec Louise en Hiver, Jean-François Laguionie renoue avec la simplicité et la fable intime qui ont fait son succès à ses débuts. Une vieille dame a raté le train des vacances. Toute seule, dans une station balnéaire aux rues désertes, elle se souvient de son passé. D’un récit nostalgique, le cinéaste a fait un film d’aventures à la Robinson Crusoé où Louise se bat face aux éléments. Et c’est en symbiose avec la comédienne qui a prêté sa voix au personnage (Dominique Frot) que le réalisateur a travaillé les dialogues. Merveilleux mariage entre la poésie et l’épique, Louise en Hiver est un chef d’œuvre d’émotion.