Partizan : un studio historique du clip et de la pub face au changement

Partizan : un studio historique du clip et de la pub face au changement

09 décembre 2020
Création numérique
Image tirée du clip Servis de Squeezie ft Gambi
Image tirée du clip Servis de Squeezie ft Gambi Global Studio - Partizan
Depuis le début des années 90, Partizan est l’un des acteurs majeurs du monde du clip et de la pub, qui accueille des auteurs très confirmés à l’instar de Michel Gondry et Antoine Bardou-Jacquet, accompagnés de jeunes talents comme Alice Kong, les Global, Julien Soulier... Mais aujourd’hui, alors que la Covid-19 a bouleversé toutes les industries culturelles – à la fois dans la manière de produire et de consommer – à quoi ressemble l’avenir d’un tel studio ? Stan Bertin, producteur exécutif, explique les solutions et les pistes trouvées par les équipes de Partizan pour aller de l’avant.

Adapter ses méthodes de travail

« Paradoxalement, nous avons beaucoup travaillé pendant le confinement de mars et les mois qui ont suivi, car nous avons été aidés par la variété de nos activités : clips, pubs, mais aussi longs métrages, fictions, documentaires et, depuis quelques années, productions de contenus pour nos chaînes internet. Si la production publicitaire mondiale a été très affectée par la Covid, les autres secteurs se sont maintenus, bien qu’il ait fallu être agile et adapter certaines méthodes de travail. »

Miser sur l’animation

« Partizan possède des bureaux à Paris, Los Angeles et à Londres mais fonctionne comme une seule et même entité. Quand beaucoup d’éléments sont dématérialisés, peu importe finalement la localisation de l’activité. Dans des conditions de confinement, l’animation est le secteur qui permet de s’adapter le plus facilement. Aujourd’hui, avec un ordinateur, une bonne connexion internet et une équipe de graphistes, l’animation est une solution évidente pour remplacer les tournages en live. Outre le flot de productions d’animation que nous faisons régulièrement, nous avons proposé pendant le confinement de transformer des projets de prises de vues réelles en animation, et les réponses ont été très positives. Principalement au niveau de la production des clips musicaux, mais pas seulement. Cela fait quelque temps que dans la commission du clip vidéo dont nous faisons partie au CNC, on constate l’arrivée de nombreux projets de clips animés. »

Tourner à distance

« En parallèle, nous avons développé un protocole pour filmer à distance, qu’on appelle le remote [distance en anglais, NDLR]. La dernière pub de Michel Gondry, pour Facebook, a été tournée ainsi. Le réalisateur était chez lui, avec trois écrans. De leur côté, les comédiens ont reçu des “packs caméra”, livrés avec des instructions… Ils se sont filmés eux-mêmes, sous la direction à distance de Michel. De même, sur nos tournages traditionnels qui ont repris après le premier confinement, le client – habituellement présent sur le plateau – peut suivre à distance et en direct ce qui se passe. Cette technique nous a d’ailleurs permis de localiser des tournages en France, alors que malheureusement il y a toujours une tendance à tourner les films publicitaires à l’étranger pour des raisons de coûts de production, la pub n’ayant pas accès au dispositif de crédit d’impôt comme dans certains pays – les États-Unis par exemple. Nous avons ainsi pu travailler avec Art Camp, un groupe de réalisateurs colombiens basé à New York pour le clip d’un artiste français, MYD, tourné à Paris. »

Changer les lieux de tournage

« L’un des changements les plus visibles pour Partizan a été la relocalisation de nos lieux de tournage. Nous tournons en France, à Paris, parce que nous avons réalisé que c’était beaucoup plus adapté aux mesures sanitaires nécessaires pour protéger les équipes techniques et les comédiens. Nos partenaires, labels et agences, comprennent qu’il faut jouer le jeu. De plus, cela fait réaliser des économies qui peuvent être substantielles grâce à nos systèmes de remote qui diminuent considérablement le nombre de personnes sur le plateau, ce qui fluidifie le tournage. Nous avons aussi réussi à relocaliser dans le sud de la France le tournage du clip Equilibrium de Darius, réalisé par Alice Kong. »

 

Adapter le plateau

« Sur le plateau, nous avons éloigné les équipes non indispensables pendant le tournage des scènes :  l’équipe caméra est dans un coin, la déco dans un autre, etc. Cela facilite l’application des règles de distanciation. Le CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, NDLR] a édicté avec les producteurs des protocoles sanitaires stricts que nous suivons, bien évidemment. Nous avons bénéficié de l’expérience de tous nos bureaux pour affiner l’organisation du plateau, ce qui nous a beaucoup aidés pour proposer les bonnes solutions et amortir les fluctuations de l’activité audiovisuelle au sens large. »

Capter l’esprit du temps

« Nous sommes très proactifs vis-à-vis des labels musicaux et des agences de publicité. Nous leur expliquons ce qui change et comment nous pouvons, tous ensemble, nous adapter. Tout ce que nous avons tourné depuis le premier confinement a pu se faire sans imposer le port du masque aux comédiens pendant les scènes comme nous aurions pu le craindre à un moment. Ceci dit, on m’a demandé de rajouter en postproduction un masque à l’héroïne d’une pub tournée l’an dernier ! Les annonceurs veulent montrer qu’ils respectent les règles. Des règles que ne respectent pas forcément les créatifs ! Par exemple, les Global ont proposé l’idée – pour le clip Servis de Squeezie – d’un clip qui se déroule dans un night-club où les gens dansent et font la fête sans se soucier des règles en vigueur. Et c’est passé ! Dans ce cas-là, la liberté de création n'a pas été impactée par la pandémie. »