Stupid Economics : Une chaîne pour comprendre les grandes questions économiques

Stupid Economics : Une chaîne pour comprendre les grandes questions économiques

05 mai 2020
Création numérique
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Arnaud Gantier de Stupid Economics
Arnaud Gantier de Stupid Economics DR
Arnaud Gantier a lancé une chaîne YouTube, Stupid Economics, qui met à portée de tous les réflexions des économistes sur les enjeux d’aujourd’hui. Il en explique ici la genèse et le fonctionnement.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer Stupid Economics ?

En 2015, s’amorce sur YouTube un mouvement d’éducation et de transmissions des savoirs. Des chaînes de biologie (Dirty Biology) et d’histoire (Nota Bene) m’ont donné envie de partager quelque chose. J’ai toujours été intéressé par l’économie, je suivais des podcasts étrangers. Je voulais expliquer ce que les économistes académiques disaient sur certains sujets. A cette époque-là, j’étais commercial dans une entreprise en Finlande. Je n’avais aucune expérience en vidéo, pas plus en économie, mais je me suis lancé à l’envie, avec une webcam. La première vidéo s’intitulait « Faut-il rire des économistes ? », la deuxième traitait du don d’organes. Le contenu de la chaîne a beaucoup évolué depuis ; je suis passé d’amateur à véritable professionnel de l’information et de l’économie.

Pourquoi ce nom, Stupid Economics ?

Je cherchais un nom facile à retenir qui montrait que je ne me prenais pas trop au sérieux. C’est moi « le stupide » dans le titre, c’est-à-dire celui qui ne sait pas et cherche à comprendre.

Comment avez-vous rencontré votre partenaire, Valentin Levetti, qui est derrière la caméra ?

Au Monde Académie, une formation au sein du journal Le Monde destinée aux aspirants journalistes. C’est dans cette rédaction que nous nous nous sommes rapprochés et avons opéré ensemble une bascule vers le journalisme professionnel.

Comment choisissez-vous les sujets que vous traitez ?

Généralement, je suis de très près ce qui se passe dans la discussion académique. Ces débats ne sont pas encore vraiment passés dans le grand public. J’essaye de les appréhender de la manière la plus simple possible. Par exemple, je me suis récemment intéressé aux échanges sur l’Union Européenne et le droit de la concurrence, un sujet qui n’est pas attractif au premier coup d’œil. On s’impose des standards de recherche et il nous faut environ un mois pour réaliser un épisode, avec quatre semaines pour l’écriture du script et deux pour le montage. Nous préparions depuis longtemps un sujet sur le prix du médicament. Pour qu’il cadre avec la crise sanitaire que nous vivons, nous avons modifié l’introduction et quelques relances, mais le fond du problème (le coût de la recherche, l’argent des laboratoires) a été investigué depuis plusieurs mois. Et après chaque épisode, on organise un live sur Twitch pour débriefer avec notre communauté. L’actualité nous fait moins réagir car l’analyse à chaud peut vite être datée. Toutefois, nous mettons régulièrement en ligne des vidéos plus courtes pour expliquer un événement important. On cherche toujours à apporter un regard neuf. Dès le début de la crise entraînée par l’épidémie, nous avons fait des épisodes sur l’impact économique du Covid-19 et le réel danger des pénuries dont s’est chargée notre nouvelle recrue, Marina.

 

Quelle vidéo a eu le plus de succès ?

Celle sur « Ce que l’argent ne peut pas acheter ». C’est un concept très intéressant de Michael Sandel, philosophe politique et professeur à Harvard. Cela parle beaucoup aux gens aujourd’hui qui sont lassés de l’hyperconsommation et de la marchandisation de nos sociétés.

Vous avez à cœur aussi d’être transparents et d’afficher le bilan financier de votre chaîne. C’est assez original.

Le milieu des YouTubeurs – et plus généralement l’économie de l’information et de l’attention - est assez opaque. Il offre beaucoup de données contradictoires sur lesquelles nous essayons d’apporter notre expertise. Il véhicule beaucoup de fantasmes aussi à tel point que des enfants, aujourd’hui, rêvent de devenir des YouTubeurs. Et pourtant, c’est très difficile de générer un revenu sur YouTube. Ceux qui annoncent vivre de leurs vidéos ou font sponsoriser leurs contenus sans le dire, posent des questions éthiques. Certains enfreignent même la loi. Dans ce Far West, on a voulu afficher notre modèle économique avec nos ressources et nos coûts chaque année. Etre transparents là-dessus nous permet à la fois d’expliquer pourquoi nous réclamons parfois l’aide des internautes, via une plateforme de financement participatif (tipeee), et de discuter du prix de l’information.

Que vous a apporté l’aide aux créateurs vidéo sur Internet (CNC Talent) que vous avez obtenue ?

Le fonds d'aide aux créateurs vidéo sur Internet (CNC Talent) permet à mes confrères et moi-même de nous professionnaliser. L’amateurisme et le bénévolat ont leurs limites. C’est grâce à l’aide que je suis sorti de l’auto-entrepreneuriat, et que j’ai créé une structure et des emplois. Ainsi, je peux fabriquer des contenus plus intéressants.

Il y a beaucoup de chaînes de vulgarisation scientifique. Comment faire le tri entre celles qui délivrent des informations solides et les autres ?

C’est une vraie question. Il n’y a pas de méthode, il n’y a aucune garantie. On ne sait pas d’où vient l’information. On ne sait pas qui est en train de la dire. Personne n’a le temps de vérifier si le contenu est honnête ou pas. On touche là aux limites de la plateforme qui est agnostique sur ce qu’elle diffuse.

Des chaînes à nous recommander ?

J’aime beaucoup C’est une autre histoire (pour l’histoire), Scilabus (sur la science) et Spline (qui fait du décryptage social).