Stunfest 2021 sur Twitch : "C'est dans nos gènes de diffuser en streaming"

Stunfest 2021 sur Twitch : "C'est dans nos gènes de diffuser en streaming"

26 mai 2021
Jeu vidéo
Le Stunfest
Le Stunfest Stunfest
Le festival de jeux vidéo qui se tient à Rennes chaque année a été ralenti dans son essor par la pandémie. Mais son organisateur, l'association 3 Hit Combo, ne manque pas d'idées pour rebondir. Son directeur, Aymeric Lesné, nous explique comment cette édition 2021 a été repensée pour s'adapter à la situation.

Le Stunfest a été créé en 2005. Comment ce festival a-t-il vu le jour ?

 En 2005, c'étaient vraiment les prémisses. Un peu comme un festival de musique qui se crée sans ambition quant à sa dimension. À la base, c'était l'initiative de joueurs, dont je faisais partie, qui avaient cette envie de créer un temps fort autour du jeu vidéo, notamment des jeux de combat. Il y avait un petit côté e-sport, même si le terme n'existait pas encore, mais surtout, le désir de faire du spectacle, de venir voir les finales, mais aussi de rencontrer des gens.

Le festival était en pleine croissance et comptait 13 000 visiteurs en 2019, avant la pandémie. Comment est-ce que vous avez passé l'année 2020 ?

Forcément, l'année a été rude. Comme beaucoup de structures culturelles, il a fallu faire des sacrifices. Notre équipe de salariés s'est réduite de moitié. On a limité les pertes financières grâce aux aides. Le festival a quand même subsisté grâce aux rencontres professionnelles qui ont pu se maintenir en ligne. Il s’agissait de conférences, tables rondes, master class ou workshops… Ce n'était pas très compliqué à organiser. Même si en ligne, on perd beaucoup du contact humain qu'on veut générer avec ces rencontres... Au bout du compte, ce fut quand même une année de souffrance et de vide, d'incertitude, sur laquelle il n'est pas facile de rebondir.

« Cette édition sur Twitch nous permet de maintenir le contact avec le public en attendant de le retrouver en chair et en os »

Justement, cette année, vous rebondissez avec cette édition du Stunfest qui se passe à 100 % sur la plateforme Twitch. Comment ça s'organise ?
Organiser un Stunfest entièrement en ligne, ce n'est pas tellement nouveau chez nous, puisqu'on « streame » le festival depuis des années, dès qu'il a été possible de le faire techniquement. Avant ça, on faisait même des captations qu'on postait ensuite en différé sur YouTube. C'est dans nos gènes de diffuser en streaming, c'est naturel pour nous. Avant la pandémie, les 3/4 des scènes étaient déjà proposés en live en ligne. Maintenant, ce qui ne peut pas être remplacé par le streaming, c'est le fait de venir essayer un jeu indépendant, d'y mettre les mains, de tester du jeu en réel sur place. Cette édition nous permet donc de maintenir le contact avec le public en attendant de le retrouver en chair et en os, le plus vite possible. Parce que notre vocation n'est pas uniquement de diffuser de l'image, mais bien de faire se rencontrer des gens.

En quoi votre programmation a-t-elle dû s'adapter à ce nouveau format de festival entièrement en ligne ?

On proposera des formes singulières autour du jeu qui permettront de pousser fortement l'interaction avec le public. Outre les temps conventionnels, le festival est encadré en ouverture et en clôture par deux spectacles vivants : du théâtre le jeudi soir avec une comédienne (de la compagnie FRAG de Nantes) qui interagit avec les spectateurs dans une prestation hybride en parlant de ses expériences passées avec les jeux vidéo ; et le samedi soir, on aura une battle de danse hip-hop vs Street Fighter, avec des danseurs du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne contre des joueurs. On cherche à développer cette singularité. Dans le reste du festival, il y aura des échanges, des analyses de jeu par des experts et bien sûr des tournois en ligne, que ce soit des choses rétro autour de Street Fighter II ou des titres plus récents comme Street Fighter V où l'on aura certains des meilleurs joueurs européens dans un tournoi sur invitation. On jouera aussi autour du tout nouveau Guilty Gear – Strive qui sortira en juin prochain.

« On accueillera aussi du public, par petits groupes d'une vingtaine de personnes »

Si le Stunfest 2021 se passe sur Twitch, il y aura quand même des gens sur place ?

On aménage la salle de spectacle de la Cité, à Rennes, en tant que plateau de tournage. Quand on dit que le Stunfest 2021 se déroule en ligne, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura que des gens qui jouent depuis leur maison derrière une webcam. La salle de la Cité pourra accueillir une jauge de 70 personnes. Au total, une centaine d’invités va circuler sur place et se relayer pour nourrir les interventions du festival, animer les tables rondes et les conférences, et jouer en live. Ce sera une forme hybride, avec ces joueurs présents physiquement sur place et des joueurs à distance. Il y a encore des places en ligne à prendre d'ailleurs. On accueillera aussi du public, par petits groupes d'une vingtaine de personnes, sur des créneaux d'une heure. Ils pourront venir s'asseoir au balcon pour regarder les plateaux.

Au-delà du festival, quelles missions occupent l'association 3 Hit Combo aujourd'hui ?

Elle est née juste avant le festival, à Rennes. La structure associative est passée d'un regroupement de joueurs bénévoles, qui appréciaient le fait de se retrouver, à une structure qui s'est professionnalisée. À l'année, en dehors du festival, on répond à un certain nombre de sollicitations, sur le terrain de la médiation culturelle, avec les scolaires ou les établissements de santé par exemple, mais aussi sur le terrain de l'ingénierie, puisqu'on fait de la formation autour de l'usage du jeu vidéo dans des contextes donnés. On est capables de faire de l'accompagnement, avec une structure comme une bibliothèque par exemple, qui se tournerait vers nous pour des conseils, de la formation de son personnel. Le Stunfest représente aujourd'hui la moitié de notre temps de travail. C'est le poumon de l'association, qui nourrit le reste.

Quelle perspective avez-vous pour l'avenir et pour le Stunfest 2022 ?

On va voir comment on rebondit cette année, mais on se dit que cette situation peut être l'occasion d'essayer des choses différentes. Peut-être que le festival ira vers des formes plus décentralisées, plus diversifiées. Pourquoi pas investir des salles de spectacle pour y faire exister du jeu vidéo... Ce qui nous intéresse, c'est de montrer que le jeu vidéo, en tant qu'objet culturel, peut exister dans une large diversité de lieux, et pas seulement à la maison, dans son salon. 

Stunfest 2021, les 27 28 et 29 mai.