Retour sur l’Accélérateur Cinéma Audiovisuel, un dispositif innovant

Retour sur l’Accélérateur Cinéma Audiovisuel, un dispositif innovant

24 avril 2023
Professionnels
Lancement de la 3e promotion de l'accélérateur Cinéma-Audiovisuel au CNC, le 18 avril 2023 Nathalie Oundjian-Bpifance
Lancement de la 3e promotion de l'accélérateur Cinéma-Audiovisuel au CNC, le 18 avril 2023 Nathalie Oundjian-Bpifance

Porté par le CNC et Bpifrance (Banque Publique d’Investissement), le programme Accélérateur Cinéma Audiovisuel a pour vocation d’accompagner la croissance des PME françaises de ces deux filières. Inauguré en 2021, ce dispositif propose chaque année à une vingtaines d’entreprises un accompagnement sur-mesure axé sur le conseil, la formation et la mise en relation avec des professionnels de ces secteurs. Tandis que la 3e promotion vient d’être lancée le 18 avril au CNC, focus sur ce dispositif innovant.


Accompagner les entreprises dans leur développement et leur stratégie d’avenir de manière responsable. Telle est l’ambition de l’Accélérateur Cinéma Audiovisuel qui, depuis 2021, a déjà permis à 43 petites et moyennes entreprises (PME) de relever les nouveaux défis et enjeux liés à leurs filières. Mis en place par le CNC et Bpifrance, ce programme s’adresse aux exploitants, distributeurs ou producteurs pour le cinéma ou l'audiovisuel, mais aussi aux diffuseurs et aux industries techniques (VFX, studio, loueur) implantés sur tout le territoire français.

Le cinéma et l’audiovisuel sont au cœur des enjeux du monde de demain. Le monde change vite, et nous voulons au CNC que les filières françaises qui apportent tant à notre économie et notre culture bénéficient du meilleur accompagnement possible pour prospérer !
Dominique Boutonnat
Président du CNC

En effet, avec un poids de 5% dans le PIB français et 1,7 million d’emplois directs et indirects, les Industries Culturelles et Créatives (ICC) regroupent des secteurs de premier plan, en termes de poids et d’image. Indispensables à l’économie française et au rayonnement de la France à l’international, elles présentent un fort potentiel de développement, qu’il semblait nécessaire d’accompagner, qui plus est au sortir de la crise sanitaire.

À travers cette troisième édition avec le CNC, nous souhaitons poursuivre la dynamique engagée pour soutenir l’excellence à la française à travers ces nouvelles entreprises qui rejoignent la famille des Accélérés.
Guillaume Mortelier
Directeur exécutif en charge de l’Accompagnement chez Bpifrance

Parrainage

Cette nouvelle promotion de 16 entreprises, lancée le 18 avril dernier, est parrainée par Marc du Pontavice, fondateur et PDG de Xilam, studio fondé en 1999 qui crée, produit et distribue des programmes d’animation originaux dans plus de 190 pays pour les enfants et les adultes.
« J’ai eu un avant-goût de l’Accélérateur Cinéma Audiovisuel car j’y ai participé l’an dernier comme intervenant, autour des techniques de négociations. Parrainer cette nouvelle promotion, c’est me mettre à disposition des participants pour compléter très modestement la formation proposée. C’est aussi témoigner de mon parcours, répondre à leurs questions... Nous sommes dans des métiers « passion » où l’on a plus souvent une préoccupation artistique et technique, moins entrepreneuriale. L’Accélérateur permet à des personnes qui n’ont pas ces qualifications de se former rapidement au business et à la finance. Me concernant, c’est mon introduction en Bourse qui a été mon accélérateur ! J’ai alors compris la nécessité de définir le modèle économique de mon activité. J’espère ainsi pouvoir aider les Accélérés à aller au bout de leur démarche ».

Pendant 18 mois, les dirigeants bénéficient d’un diagnostic sur leur entreprise et leur business-model afin d’identifier les axes prioritaires, puis de journées « conseils » personnalisées adaptées à leurs enjeux. Sophie Saget, fondatrice d’Andarta Pictures, qui produit des films d’animation 2 D, a participé à la première promotion. Elle raconte : « A l’origine, je suis graphiste, avec peu de connaissance comme chef d’entreprise. Je me suis rendu compte que jusqu’alors, je fonctionnais à l’intuition, selon ma propre logique. L’Accélérateur m’a permis de monter en compétences sur des sujets que je maîtrisais mal comme le fait de naviguer entre les financements, mais aussi de m’interroger sur le modèle économique de mon entreprise, sur son positionnement stratégique, sur mes concurrents… ».

Audit

Un audit interne et externe est également réalisé au cours du programme pour chaque société. Un outil qui s’avère aussi essentiel qu’efficace : « Quand on y pense c’est paradoxal que l’Accélérateur permette de ralentir la cadence ! », témoigne Christophe Abric, fondateur de la Blogothèque, site web d’information musicale et société de production créé en 2003. « Dans nos activités, nous sommes sur plusieurs fronts, qui plus est quand on s’occupe d’une petite structure. On prend rarement le temps de s’interroger car on court après les financements, les projets…. Le dispositif offre ce temps de réflexion et d’analyse primordial. On réfléchit aux perspectives, au sens de son activité, à son organisation… on est un peu bousculé dans nos habitudes aussi ».

Les participants bénéficient également de plusieurs séminaires d’une journée dispensés par HEC Paris, accompagnés de mise en pratique sur des thématiques ciblées comme la stratégie, le financement du développement, les ressources humaines… « Ces master class sont enrichissantes et les intervenants, de qualité », raconte Gilles Monchy, Directeur général adjoint de Planipresse, spécialisée dans la location de matériel audiovisuel, qui a participé à la 2e promotion de l’Accélérateur. « Il a été question de prospective de nos entreprises, d’éco-responsabilité, un sujet sur lequel nous sommes tous amenés à nous engager à court terme, mais aussi de la façon de mettre en place une gouvernance avec les autres directions, les actionnaires… Il y a d’ailleurs une conférence qui m’a particulièrement marqué : celle d’un avocat, venu parler de responsabilité pénale des entreprises, mais à travers son histoire personnelle. En tant que dirigeants, nous sommes tous concernés par cette problématique ».

Consulting

Autre point fort de la formation, le consulting, dispensé par un expert de la BPI, qui rencontre les partenaires, les associés, les clients de chaque société accélérée. « Le retour peut être flatteur mais c’est aussi un exercice pointu, avec des remarques précieuses. Le fait de passer par une tierce personne libère la parole et permet des retours très constructifs. Dans mon cas, le ressenti de mon équipe sur le management de ma société était assez proche de ce que j’imaginais. En revanche, j’ai été très surprise par les réponses des diffuseurs avec qui je travaille, qui ont reconnu que, ce qui pouvait freiner leur collaboration avec Andarta Pictures était sa jeunesse (ma société n’a que six ans d’existence). Or, je pensais que leur frilosité venait des prix que je pratiquais » précise Sophie Saget.

Christophe Albric approuve : « Ce regard extérieur sur nos points forts, sur les améliorations à apporter, les opportunités que l’on rate aussi… c’est une aubaine. L’expertise et l’accompagnement se révèlent non seulement pertinents mais aussi constructifs. Par exemple, j’ai pu mettre en place les conseils reçus concernant l’organisation de ma société assez rapidement. Il s’avère qu’au moment de la formation, la Blogothèque passait d’une structure de toute petite entreprise, quasi familiale, de 6-7 salariés, à une petite entreprise d’une quinzaine d’employés. J’ai pu mieux structurer mon entreprise, redéfinir la stratégie de ma marque en décidant par exemple de dissocier la Blogothèque - qui est une marque à l’identité très forte - des autres activités en cours de développement, comme le documentaire par exemple. »

Mise en relation

Autre avantage proposé aux Accélérés : la mise en relation avec l’ensemble des partenaires du programme, qu’il s’agisse des participants toute promotion confondue - regroupant actuellement plus de 2000 entreprises – ou de la communauté Bpifrance Excellence et des partenaires de Bpifrance. « La formation offre un moment de partage et d’échange avec les autres dirigeants de sociétés, parisiennes ou provinciales, avec qui des collaborations peuvent naître. Pour ma part, j’échange régulièrement avec des prestataires techniques, comme la société Fréquence (spécialisée dans le matériel audiovisuel). » rapporte Gilles Monchy.

Depuis le lancement de l’Accélérateur Cinéma Audiovisuel, 43 entreprises ont été accompagnées. Les entreprises de la promotion 1 ont vu leur chiffre d’affaires croitre de 28% entre 2021 et 2022 et leur effectif de 38% sur la même période. Près de 80% ont fait évoluer leur démarches stratégie au cours de ce programme.