Aide au parcours d'auteur : résultats de la commission des 27 et 28 septembre 2022

Résultats des commissions

27 septembre 2022


Vladilen Vierny

Parrainé par Nicolas Pariser

« Depuis un certain temps, la trajectoire de mon personnage - un oligarque russe en exil sur la Côte d’Azur - se précise. Mais il a longtemps manqué un point de départ, une raison suffisamment crédible pour que l’homme puisse se retrouver brutalement sans aucun moyen de subsistance. Fin février, l’actualité a rattrapé la fiction. Avec la guerre en Ukraine, certaines grandes fortunes ont tout perdu en quelques jours. Avec ce premier long-métrage, je voudrais retracer la cavale d’un oligarque à travers l’Europe et, en montrant le personnage dans toute sa fragilité, raconter l’effacement d’une vie.
J’arrive aujourd’hui à un moment décisif de mon parcours d’auteur-réalisateur. Après avoir réalisé plusieurs court-métrages et un documentaire, cumulé une expérience professionnelle et personnelle conséquente en Belgique, France, Russie et Ukraine, je voudrais pour ce film mettre en place une méthode de travail particulière de repérages et de casting sauvage en parallèle de l’écriture. Voyant le réel comme un laboratoire d’expérimentations pour la fiction à venir, je voudrais impliquer au plus tôt la diaspora russophone et, tout au long de mes recherches, construire avec les personnes rencontrées les scènes du film. »

Sarah Leonor

Parrainage collectif

« Mon rapport à l’écriture scénaristique a ceci de particulier qu’il est souvent déclenché par un geste filmique en amont. Dans une économie classique de fiction, ce geste, qui consiste à appréhender un sujet d’abord avec une caméra, a disparu au fil des années.  Le tournage de mon dernier film, Ceux de la nuit, réalisé entièrement seule, m’a permis non seulement de renouer avec cette pratique instinctive et personnelle mais aussi de relancer et régénérer l’écriture d’un projet ambitieux que je porte depuis plusieurs années. Un réseau s’est naturellement reconstitué entre des travaux plus ou moins longs ou coûteux à concevoir, mais qui sont profondément interconnectés, et se nourrissent l’un l’autre. L’obtention de l’aide au parcours d’auteur me permet de poursuivre sur cette voie en entreprenant seule au tournage et au montage deux films qui sont connectés à d’autres travaux en cours ou à venir. J’y poursuivrai un travail sur la narration entrepris avec Ceux de la nuit, où j’entremêle fiction et documentaire. Dans chacun de ces deux films se dessine, à travers un paysage donné, le destin d’une femme qu’on ne verra pas, mais dont une image mentale se formera dans l’esprit du spectateur. L’un a pour cadre le paysage de l’Ouest américain, décor d’une fiction en cours de développement. L’autre a pour cadre le paysage vosgien du Ban de la Roche, où a vécu une grand-mère inconnue, objet d’une fiction à venir. »

Camille Fievez

Parrainée par Jean-André Yerlès et Mathieu Rochet

« Après avoir fait mes armes sur YouTube, je voudrais m’extraire de l’économie du web et tenter de conquérir la télévision et le cinéma. Le parcours d’auteur va me permettre de me consacrer pleinement à deux projets : finaliser la bible de ma série Jeunes premières, un faux documentaire sur une classe de théâtre d’un conservatoire parisien et commencer l’écriture d’un scénario de long métrage adapté de mon roman En mode voilà quoi, qui est une comédie qui raconte les mécanismes du harcèlement scolaire du point de vue de la personne qui harcèle. »

Marie Voignier

Parrainée par Jean Robert Viallet

« Depuis le tournage de mon premier long-métrage L’Hypothèse du Mokélé-Mbembé (2011), je suis restée en contact avec le personnage principal, Michel Ballot, qui me tient informée de la poursuite de ses recherches du Mokélé-Membé (un gros animal inconnu de la science qui vivrait dans les rivières du sud Cameroun et nord Congo). Si la croyance de Michel en l’existence du Mokélé-Mbembé est restée intacte, au fil des années, j’ai pu constater que la certitude de voir un jour de ses propres yeux l’animal s’était émoussée. En écoutant mieux les nombreux récits qu’il a collectés, Michel a commencé à envisager « autrement » l’existence de la bête, peut-être dans « un autre monde », dans un autre état de conscience. Michel a aussi compris qu’il ne pourra jamais voir la bête tout seul. Son apparition devant lui ne pourra se faire qu’avec l’aide des initiés des villages alentours au cours de certaines cérémonies, de rites, peut-être en prenant certaines substances, en tout cas avec un ensemble de pratiques et de gestes qui permettent aux initiés de dialoguer avec les êtres qui ne sont pas là, ou qui ne sont plus là.
Ainsi, ce nouveau film a pour projet de mettre en scène ce tournant spirituel de Michel et les étapes de son parcours qu’on peut qualifier de parcours initiatique. C’est un film sur le cheminement d’un homme blanc qui s’avance à tâtons à travers des schémas spirituels d’une autre culture. Ce qui m’intéresse en particulier, c’est de représenter la résistance que va générer sa démarche. Car c’est une démarche qui constitue une forme d’intrusion, dans un univers qui n’est pas le sien. »

Camille Holtz et Pierre Tremerel

Marrainés par Lucie Borleteau

« Duo de cinéastes, nous nous sommes rencontre?s lors du Master 2 Cine?ma Documentaire de Lussas en 2015. Depuis lors, nous n’avons de cesse de collaborer sur nos projets respectifs. En 2019, nous avons de?cidé d’unir nos forces et nos visions du cine?ma en co-re?alisant un premier film en commun : Miki Zoo (Serbie). De?sormais, nous travaillons ensemble sur une constellation de projets de courts et longs me?trages documentaires que nous souhaitons e?crire et re?aliser a? deux. En 2021, nous avons créé une association de production de cine?ma, Mirmillon, dans le but de regrouper officiellement nos diffe?rents projets et de les co-produire. L'aide au parcours d'auteur nous permettra de travailler sur les trois projets suivants : Tokunoshima (Japon), Mro?wki i Chrystus (Pologne) et La Vallée des Merveilles (France). »

Stéphanie Lansaque et François Leroy

Marrainés par Sophie Fillières

« Pendant 20 ans, nous avons ancré nos films d’animation en Asie. Nous souhaitons aujourd’hui explorer de nouveaux territoires graphiques, narratifs et géographiques.
Une première piste de recherche nous conduira aux États-Unis, dans un futur proche où l’intelligence artificielle et les réseaux sociaux sont devenus omniprésents. Ce projet sera constitué de plusieurs récits courts animés qui pourront exister indépendamment mais également être réunis au sein d’un long métrage en tant que récits enchâssés dans un récit cadre.
Nous y raconterons le désir de femmes et d’hommes issus d’horizons divers de se livrer et se confier, mettant en valeur leur humanité face à la froideur de l’automatisation.
Le second projet que nous souhaitons développer sera tourné en prise de vue réelle. Il nous entraînera en Normandie, et notamment à la mare de Vauville, pour une collection de nouvelles fantastiques contemporaines.
Nous nous réjouissons de la création de l'aide au parcours d'auteur. Elle vient soutenir les auteurs dans une phase primordiale de la création, celle des prémices. Cette aide nous permettra de nous mettre à l'abri pendant un temps des considérations financières, nous offrant du temps mais également une plus grande indépendance vis-à-vis de l'industrie et des producteurs, pour nous laisser aller aux divagations, réflexions, tâtonnements, fausses routes et demi-tours qui nous permettront d'emprunter des chemins nouveaux et de renouveler notre pratique artistique. »

Maud Alpi

Parrainée par Nicolas Pariser

« Après avoir évolué vers une démarche de plus en plus proche du documentaire, je reviens pleinement à la fiction par une porte que je n'osais pas pousser jusqu'à aujourd'hui : celle qui ouvre sur les récits de l'imaginaire - comme on parle de littératures de l'imaginaire en embrassant dans une vaste catégorie la SF et la fantasy, le fantastique et le merveilleux.
J'ai envie de déplier un univers qui s'invitait par effraction dans mes films précédents : chiens magiques et cochons rêveurs, coureuses mutantes, esclaves en fuite, robots sauvages, passages vers d'autres niveaux de réalité, mais aussi légendes urbaines et conspirationisme new age.
Je travaille sur deux récits d'anticipation : un conte pour enfants autour d'un trio enfant/chien/robot ; et une enquête paranoïaque, La course sans fin. Le conte me permet de continuer à écrire pour des animaux non-humains en m'autorisant une vraie amplitude psychique et poétique dans la construction des personnages. L'enquête paranoïaque m'offre un cadre suffisamment codé et rigoureux pour travailler une mise en scène hypnotique et créer des perceptions doucement hallucinées.
Avec ces deux projets je prolonge aussi, sous une forme beaucoup plus ludique, des questionnements post-humanistes qui traversaient Gorge Cœur Ventre, Drakkar et Courir. L'aide au parcours m'offre le temps nécessaire pour me documenter, m'imprégner et mieux me situer dans des genres que j'aborde pour la première fois. »

Vladimir Mavounia-Kouka

Marrainé par Lucie Borleteau

« Depuis plusieurs années, je réalise des films d’animation expérimentant et développant différentes techniques d’animation et rendus graphiques. L’une de ces écritures utilise la rotoscopie qui consiste à transformer une séquence filmée en dessin animé. Avec cette technique, j’ai réalisé des courts-métrages de fictions fantastiques aux sujets personnels, flirtant avec une poésie visuelle crue, destinés à un public averti : La femme à cordes et La bête. Sur ces films, j’ai concentré mon regard sur le corps et le vivant, en ayant le plaisir de collaborer avec chorégraphes, danseurs, comédiens ainsi qu’avec des équipes artistiques et techniques liées à la prise de vue réelle.
Je porte depuis quelques années, un projet de long métrage. Ce thriller fantastique s’intitule Mauvaises dents. Il traite de violences domestiques et questionne leur transmission consciente et inconsciente, en utilisant la métaphore du loup garou. Ce projet me paraît être idéal pour franchir le pas vers la réalisation d’un film en prise de vue réelle. Je vois ce changement de médium comme une continuité dans ma démarche artistique et un aboutissement de mes expériences précédentes.
L’aide au parcours d'auteur serait l’opportunité de libérer un temps de création pour mettre en route l’écriture de ce long métrage. Et en parallèle de ce travail d’écriture, je souhaiterai écrire et réaliser un court métrage qui en découlerait, et qui me permettra de mettre en place le vocabulaire plastique et la mise scène que je souhaiterais développer sur Mauvaises dents. »

Sou Abadi

Parrainée par Jean André Yerlès et Mathieu Rochet

« Il y a des années, je suis allée en Iran pour tourner pendant six mois SOS à Téhéran, mon premier long métrage documentaire. Je pensais en avoir terminé avec l’Iran, un pays où j’étais née, mais où je n’avais pas autant vécu qu’en France. Pour moi, la réalité qu’il convenait de filmer se passait ici, dans l’hexagone. Mais peut-on réellement se défaire des liens de son passé ? Quoi que vous fassiez, il vous attend au coin de la rue.
C’est sans doute ce passé qui m’a poussée à écrire mon premier long-métrage de fiction, Cherchez la femme, et qui me porte, aujourd’hui encore vers des thèmes comme l’immigration, l’intégrisme religieux et la place des femmes dans la société.
Je développe actuellement trois projets ; une comédie musicale qui relate l’histoire de quatre immigrants clandestins, une mini-série suivant des codes des comédies anglaises, au sein de Daech, et l’adaptation d’un conte des Mille et une nuits, fusionnant la tradition du conte oriental et la comédie italienne des années 60.
L’Aide au parcours d’auteur est un précieux soutien pour approfondir mes recherches, m’entourer de consultants et prendre le temps nécessaire pour mener ces projets au bon port. »

Benjamin Papin

Marrainé par Valérie Osouf

« Comme dans mes précédents films, Le Silence est un projet qui questionne la parole et particulièrement celle du récit porté par les personnages. Des personnages qui se racontent, racontent l’autre, écoutent, croient à des histoires qui parfois les sauvent de l’oubli. Après deux ans de recherches et d’enquêtes et après avoir accumulé bon nombre de récits et d’anecdotes à propos des deux territoires qui constituent le théâtre de mon histoire, une cité et un commissariat d’une petite ville de banlieue parisienne modeste, j’ai écrit un traitement de 20 pages. L’histoire d'Amin, policier ambitieux qui retourne dans sa cité natale, a pris forme. Aujourd’hui, je veux faire un pas de côté dans le développement du film et reprendre de manière encore plus approfondie le travail de rencontres, d’immersion et de recueil de la parole, cette fameuse parole, afin de confronter la structure romanesque de mon récit aux mots et aux histoires du réel. »

Rabah Ameur-Zaïmeche

Marrainé par Valérie Osouf

« Je viens de terminer mon septième film, Le gang des bois du temple, qui cherche à présent sa voie dans les festivals et les salles de cinéma. L'écriture du prochain est déjà entamée, intitulé La naufragée du désert. Il est le premier volet d'un nouveau cycle nommé TRIPTYQUE ALGERICAIN, qui durera certainement une dizaine d'années pour aboutir à sa réalisation. Tant de temps s'écoule entre le début de l'écriture d'un film et son exposition au public, qu'il me faut encore beaucoup d'énergie pour me consacrer entièrement à l'œuvre qui m'anime depuis ma tendre enfance.
Pour la parachever, le soutien de Parcours d'auteur sera comme un ballon d'oxygène qui me permettra de rester concentré, loin de l'ambiance actuelle trop souvent morose de la distribution et de l'exploitation des films, et de rebondir dans une atmosphère créatrice et féconde. »

Valérie Massadian

Marrainée par Sophie Fillères

Eyal Sivan

Parrainé par Jean Robert Viallet

« L'aide au Parcours d'Auteur va me permettre de me plonger dans Mémoires Innocentes, un projet polymorphe basé sur mes souvenirs de Khaled, un garçon palestinien qui était mon ami d'enfance et mon voisin à Jérusalem, de 9 à 17 ans. C'est aussi un film sur l'impact de cette relation dans ma carrière de cinéaste israélien en exil. J'entends interroger cette mémoire, à la fois chérie, idéalisée et malmenée afin de narrer à travers elle une histoire du cinéma documentaire, en questionnant les rapports de pouvoir intrinsèques à notre pratique. Ainsi et en dialogue avec mon parrain, je désire déployer une proposition (auto)critique de décolonisation du geste et du regard documentaires. »

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