Call Of The Wild : making-of d’un clip hors normes

Call Of The Wild : making-of d’un clip hors normes

25 mars 2021
Séries et TV
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"Call Of The Wild" Soldats Films

Porté par la musique d’Agoria et le flow du rappeur STS, le clip de Call Of The Wild propose une plongée violente et onirique dans le Los Angeles des années 90. Son réalisateur Loïc Andrieu nous explique la genèse et la confection de ce projet atypique, notamment récompensé aux UK Music Video Awards.


Comment est née l’idée du clip Call of the Wild ?

L'idée principale derrière le clip était de tourner le pilote de mon projet de long métrage, Life Line, actuellement développé par Soldats Films et produit par Pierre Cazenave. Le clip expose le « high concept » de ce thriller fantastique, porté par Jane, une héroïne dotée de pouvoirs orphiques, interprété par Fleur Geffrier.

L’idée est précisément d’écrire et de mettre en scène un mythe d’Orphée au féminin. La Mort est l’ultime boîte de Pandore. Ouvrir cette boîte, c’est se confronter à nos propres limites, faire face à notre peur de l’inconnu.

L’héroïne du film, Jane, possède le don de briser cette frontière et nous dévoile les mystères de l'antichambre de la mort. Le concept d'un personnage féminin dont le pouvoir est tout autant un don qu’une malédiction m'est venu suite à l’étude du mythe des Furies, ces déesses aux cheveux de serpent qui portent la vengeance jusque dans la mort. Ce clip ambitieux aux allures de « Proof of concept » du long métrage Life Line n’aurait pas pu voir le jour sans l’appui essentiel de la commission clip du CNC.

Le clip mêle polar urbain et cinéma d’horreur. Quelles sont vos influences et vos sources d’inspiration dans ces deux domaines ?

Le clip lève le voile sur Jane, un personnage fascinant dont les capacités orphiques me permettent d’explorer les ambiguïtés du langage du rêve mêlé à la réalité. Ce postulat m’autorise à spéculer avec le public sur l’existence réelle des pouvoirs de Jane ou bien sur sa possible folie. En ce sens, les influences qui guident mon écriture se retrouvent dans des personnages comme Jack Torrance de Shining, Donnie de Donnie Darko, Sarah Connor de Terminator, Jay Height de It Follows, Curtis de Take Shelter ou encore Teddy Daniels de Shutter Island. D’un point de vue purement formel, l’intrigue s’ancre dans la violente réalité des patrouilles de nuit du Los Angeles des années 90, époque marquée par les émeutes liées au passage à tabac de Rodney King. Cet environnement nocturne draine des références de thrillers comme Seven, Bad Lieutenant, The Yards, Colors, Police fédérale Los Angeles… Cet ancrage du récit dans la réalité est bousculé par l’irruption du genre fantastique, en témoigne la séquence de plongée dans les limbes. Ce volet du film explore les archétypes de l’épouvante, du fantastique et de l’horreur. Kubrick, Lucio Fulci, John Carpenter, George Romero et plus récemment Na Hong-jin en sont autant de sources d’inspiration.
 

Call of the Wild - Case Study


Combien de temps a pris la production du clip ?

Ce clip étant le résultat d’une démarche singulière dont l’origine n’est pas liée à un brief de maison de disque, son calendrier de production n’était pas traditionnel. Mon producteur Pierre Cazenave m'apporte une garantie de liberté et de respect mutuel dans le processus de création. C’est sur sa décision que nous avons sollicité l’artiste Agoria et le CNC. La création et le dépôt d’un dossier de 130 pages auprès du CNC s’échelonnent sur deux mois : synopsis, storyboard, animatique, budget… Suite au résultat positif de la commission, la préproduction sur Paris a duré un mois. La préparation du tournage, les repérages et le casting sur Los Angeles se sont concentrés sur quinze jours au cours desquels j’ai perdu 5 kilos. Le tournage s’est déroulé sur trois nuits à Burbank dans le nord de Los Angeles. Le montage signé par le talentueux Gregoire Giral s’est étalé sur trois semaines. La post-production VFX a nécessité trois mois de travail acharné par la société Reepost. Le montage son et le mixage ont été mené à bien par Olivier Ranquet et Christophe Leroy chez Yellow Cab Studios. La production globale du projet s’étend sur plus de six mois.

Quels sont les contraintes et les avantages de tourner à Los Angeles ?

Contrairement aux idées reçues, Los Angeles n'est pas une ville facile pour tourner. Surtout un projet ambitieux avec un petit budget. En effet, la Californie n’offre pas de tax credit, probablement pour garantir que la ville ne soit pas submergée par les tournages étrangers. Donc, pour y tourner dans de bonnes conditions, il faut beaucoup de budget. Vous devez payer des dizaines de permis coûteux. Par exemple un seul coup de feu vous coûtera 200 $ pour louer l’arme + 900 $ pour payer le superviseur armurier + 3000 $ pour payer le permis qui vous autorise à tirer de nuit en banlieue. Vous n'êtes donc pas aussi libre qu'en Europe. Ajoutez à cela la nécessité de composer avec les « unions » (syndicats de techniciens). Le casting, les repérages, les costumes, tous les aspects d'une production cinématographique à petit budget sont une bataille à Los Angeles. Mais même si vous ne pouvez pas être aussi exigeant qu’en Europe, vous trouverez toujours de meilleurs accessoires, une meilleure voiture jeu ou de meilleurs décors extérieurs que ceux que vous aviez en tête. Car pour tous les départements, le volume de choix potentiels est bien plus important que partout ailleurs dans le monde.

Call Of The Wild Soldat Films

De quelle manière la musique a-t-elle dicté le rythme, le style et l’énergie du clip ?

C’est mon producteur Pierre Cazenave qui a pensé au travail rythmique et musical remarquable d’Agoria, alias Sébastien Devaud. Il nous a présentés et je lui ai « pitché » mon concept de film. De là, Agoria a accepté ce projet en tant que clip et m’a proposé « Call of the Wild », l'un des morceaux les plus emblématiques de son album Drift. L’aspect thriller fantastique du scénario correspondait parfaitement à l'ambiance du morceau « Call of the Wild ». Le flow intense du rappeur de Philadelphie STS parachève l’humeur inquiétante créée par les rythmes aux accents industriels. Ce fut un privilège et une expérience passionnante de collaborer avec Agoria. Il a retravaillé ses pistes tout au long du processus de montage en ajoutant de puissantes parties instrumentales. Les contributions d'Agoria étaient inestimables en matière d'équilibre entre les segments musicaux et les segments narratifs. Il m’a offert sa confiance totale sur l’écriture et la mise en scène. Nous avons eu le plaisir de collaborer au montage afin de créer un objet visuel à hauteur de nos attentes respectives. Le fruit de notre travail ainsi que celui des acteurs et techniciens a reçu nombre de distinctions internationales en remportant les UK Music Video Awards, les Young Director Awards, les EPICA Awards et les Berlin Commercials.

Call Of The Wild

Réalisation : Loïc Andrieu
Musique : Agoria (ft. STS), « Call Of The Wild »
Production : Pierre Cazenave-Kaufman (Soldats Films)