Six vidéoclips français qui ont marqué janvier 2022

Six vidéoclips français qui ont marqué janvier 2022

11 février 2022
Séries et TV
Tempete-je-t-aime

D’un couple crayonné se battant contre la tempête des sentiments aux pistes de Formule 1, en passant par une communauté touarègue dans le désert du Sahara, petit tour d’horizon, en images et en musique, de six clips musicaux ayant marqué le premier mois de 2022.


Tempête Je t'aime

Réalisation : Flore Montmory
Production : La Petite Prod / Real Marty
Musique / Artiste : « Tempête je t’aime » / Parpaing Papier

Réalisé en animation 2D, image par image, à l’aide du logiciel Toon Boom Harmony, ce vidéoclip présente un style visuel singulier. Les personnages (un couple à la relation tumultueuse) et les décors (une maison sur la plage et les profondeurs de la mer) y sont dessinés dans un rendu crayonné qui n’est pas sans évoquer le pastel ou la craie.

La réalisatrice y a également recours à la technique du « morphing », effet spécial qui permet, de manière fluide et naturelle, de transformer un tracé initial en un tracé final, tout à fait différent. Ainsi, dans cette création, une tasse devient un miroir, les morceaux de la tasse brisée deviennent les toits d’une maison ou bien encore des tentacules de méduses fusionnent pour former les amoureux s’enlaçant. Ces métamorphoses étonnantes permettant, de plus, au rythme de l’animation de se caler, avec brio, sur les accélérations de tempo de la musique du groupe Parpaing Paper.

 

Adar Newlan

Réalisation : Fantômes (Hugo & Rodolphe Jouxtel)
Production : La Blogothèque / Wedge
Musique / Artiste : « Adar Newlan » / Imarhan featuring Gruff Rhys

Cette collaboration musicale entre le groupe algérien, d’origine touarègue, Imarhan et le chanteur gallois Gruff Rhys est accompagnée d’un vidéoclip, sous forme d’un « conte animé » où une communauté de Touaregs, réunie autour d’un feu dans le désert du Sahara, se remémore les périples de leurs ancêtres.

La création combine différentes techniques d’illustration. Ainsi, on y retrouve autant un travail de contraste, avec des aplats d’ombres et de couleurs vives, sans reliefs, que des dessins hyperréalistes aux détails remarquables.

Les réalisateurs usent, eux aussi, de la technique du morphing, transformant successivement un nez en colline, un chien de l’enfer en entrée de grotte, et ainsi de suite. La fluidité de la tradition orale des contes se retrouvant ainsi directement transposée dans le flot des images et l’affranchissement des limites physiques que permettent les techniques de l’animation.

 

Je t’ai vu

Réalisation : Elizabeth Marre
Production : Walter Films / Hé Ouais Mec Productions
Musique / Artiste : « Je t’ai vu » / Léopoldine HH

Pour mettre en images la chanson de Léopoldine HH, Elizabeth Marre a réalisé une véritable collaboration avec son chef décorateur, Sébastien Danos et son directeur de la photographie, Thomas Robin.

Ainsi, le vidéoclip ne se déroule qu’entre une loge d’artiste et la scène vide d’un théâtre désert. Pourtant, par une accumulation d’éléments de décor (des photos collées autour du miroir, des petites lampes originales, un ventilateur dans la loge, par exemple), Sébastien Danos parvient à donner vie au lieu et aux deux femmes qui l’occupent, interprétés respectivement par Léopoldine HH et par la comédienne Marie-Sophie Ferdane (Les Sauvages (2019) de Rebecca Zlotowski notamment).

L’omniprésence de lampes et de projecteurs dans les deux décors renvoie, quant à elle, au travail de la lumière du directeur de la photographie. Sur scène, ce dernier baigne les deux actrices dans une ambiance lumineuse bleutée tout en se servant des nombreux éclairages d’appoint du décor pour leur créer des halos de lumière orangée, couleur complémentaire du bleu. Une combinaison suscitant un contraste chromatique élégant.

 

San Pellegrino

Réalisation : Alix Caillet et Romain Winkler
Production : Universeul / 18-55
Musique / Artiste : « San Pellegrino » / Odezenne

Pio Marmaï (La Fracture de Catherine Corsini) est la star solitaire de ce vidéoclip, réalisé par Alix Caillet et Romain Winkler, aux relents de confinement, heureusement accompagnée d’une légèreté presque burlesque. L’acteur y est cloitré dans un appartement haussmannien, affalé dans son fauteuil. Mais, très vite, l’envie de mouvement lui fait violence et l’ennui stoïque laisse place à une destruction méthodique et réjouissante de l’ensemble de son mobilier.

Là encore, la collaboration des cheffes décoratrices, Sophie Guichard et Mariama Diawara, est essentielle. Ces dernières ont ainsi recréé un décor d’appartement tout à fait crédible, du salon au frigo, avec des éléments personnalisés pour le rôle de Pio Marmaï (des jouets, une affiche de film, etc…). Cela, tout en le rendant aisément destructible par l’acteur. De nombreuses répétitions du comédien et préparation de l’équipe image ont d’ailleurs, sans doute, été nécessaires pour capter en peu de prises la destruction définitive d’un décor si méticuleusement mis sur pied.

 

 

 

Des étoiles plein la tête

Réalisation : Etienne Larragueta
Production : Raise Up Films
Musique / Artiste : « Des étoiles plein la tête » / De La Romance

Ode aux voitures de course et à leurs pilotes, ce vidéoclip réalisé par Étienne Larragueta, met en scène le quotidien d’une mère et sa fille dont la passion est la course automobile. De la fabrication des pièces au grand circuit, en passant par le garage où elles se reposent, toutes les étapes de ce lien entre l’humain et son véhicule sont illustrées.

Le travail de l’image y est remarquable, avec notamment des plans réalisés à l’aide d’un drone (par les dronistes Arthur Maneint et Loïc Borne) qui, tour à tour, survole la piste de course en nous donnant une vue plongeante ou bien s’approche des véhicules en mouvement, d’une manière qu’aucun opérateur ne pourrait le faire sans se mettre en danger. Ces plans au drone soulignant, particulièrement, la vitesse hors du commun de ces automobiles de compétition.  

 

Fou de Bassan

Réalisation : Yann Gonzalez
Production : Pan-Européenne
Musique / Artiste : « Fou de Bassan » / Jita Sensation

Comme souvent dans l’œuvre du cinéaste Yann Gonzalez, le travail de la lumière (en collaboration avec Xavier Allaire) est très singulier, avec des plans baignant dans des dominantes colorées bleus ou rouges, à la limite du monochrome. Les décors (de Margaux Remaury) sont déconnectés de toute recherche de réalisme et affirment leur étrangeté : d’un rideau rose, sorti de nulle part, sur lequel se détache l’ombre d’un saxophoniste, à un croissant de lune suspendu au ras du sol. Les costumes (par Pauline Jacquard) ne font que confirmer cet éloignement du réel, entre tenues en latex, masque argenté et garde-robe rougeoyante.

Tourné sur pellicule, il émane de ce vidéoclip un mélange d’influences visuelles du passé : des comédies musicales de l’âge d’or hollywoodien, filmés en technicolor dans des décors de studio, aux giallos italiens des années 1960-1970, le tout accompagné d’accords de saxophone et de nappes électriques, ressuscitant une atmosphère de film noir.

 

 

 

Tous les clips mentionnés ont reçu L’Aide avant réalisation (Vidéomusique) de la part du CNC