Etienne Perruchon : « Sur Philharmonia, j’ai insisté pour que les comédiennes principales soient violonistes »

Etienne Perruchon : « Sur Philharmonia, j’ai insisté pour que les comédiennes principales soient violonistes »

06 février 2019
Séries et TV
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Philharmonia
Philharmonia Jean Claude LOTHER - MERLIN PRODUCTIONS - FTV

Le compositeur de musiques de films, fidèle collaborateur de Patrice Leconte, est conseiller musical de la série Philharmonia, diffusée à partir du 23 janvier sur France 2. Il nous raconte son expérience.


Pourquoi avez-vous accepté d’être conseiller musical ?

Au départ, j’ai juste été consulté pour savoir si un tel projet – une série autour de la musique classique- était faisable. C’est un milieu que les gens connaissent peu et dont ils ont une fausse image : c’est important d’être réaliste dans les fictions. J’ai beaucoup aimé la série Chefs parce que moi qui suis un amateur éclairé de cuisine, j’ai été fasciné de voir à quel point la production, les acteurs, les scénaristes avaient été extrêmement bien conseillés sur tous les aspects culinaires, dans les gestes, les recettes, les mots. J’ai beaucoup aimé avoir cette position de conseiller. Je recommencerai demain avec plaisir!

En quoi consiste le travail de conseiller musical sur une production telle que Philharmonia ?

Philharmonia est une série qui parle de la musique classique et se passe dans l’enceinte d’un philharmonique. Il fallait veiller à ce que l’intrigue reste crédible, qu’il n’y ait pas d’invraisemblances par rapport au milieu des orchestres et de la musique symphonique classique que je connais plutôt bien. J’ai aidé Marine Gacem (créatrice et scénariste de la série) à relire les six scénarios et j’ai ajusté certaines choses avec elle. Par exemple, le deuxième personnage le plus important de la série, joué par Lina El Arabi, est nommé premier violon à l’issue d’une décision d’orchestre. Comme ce n’est pas possible -parce que dans la réalité le premier violon est toujours nommé sur concours-, il fallait créer de la fiction autour de cette situation.

J’ai aussi insisté pour que les deux comédiennes principales aient déjà pratiqué le violon, ce qui est le cas de Marie-Sophie Ferdane et de Lina El Arabi, et qu’elles travaillent vraiment les partitions. Ma deuxième mission était de faire un choix d’œuvres du répertoire qui collent à la dramaturgie. Toute la musique a été réenregistrée pour la série par l’Orchestre National d’Ile-de-France.

Vous composez aussi la musique symphonique originale du film. C’était prévu ?

Pas du tout. Dans un troisième temps, on m’a demandé d’écrire la musique inventée par le personnage du compositeur. J’en étais flatté mais j’aurais été un peu vexé que la production ne fasse pas appel à moi. Il fallait écrire deux œuvres avec un cahier des charges très précis ! La première, intitulée Ten for Nine Eleven (10 for 9/11) devait être jouée par un petit groupe instrumental et mettre en valeur la violoniste. Plus on me donne un cadre, plus à l’intérieur je creuse pour avoir un espace de liberté, c’est ce qui fait mon bonheur. Pour le deuxième morceau, je devais suivre un scénario où la musique commençait par les cuivres, mettait en avant un duo de violonistes et laissait une place à des chœurs, notamment un chœur d’enfants. Le challenge c’était de se dire qu’en 3’30, on imagine que la musique ait duré une heure.