Fipadoc : focus sur l’édition 2022

Fipadoc : focus sur l’édition 2022

18 janvier 2022
Séries et TV
« Writing with Fire » de Rintu Thomas et Sushmit Ghosh concourt dans la sélection Documentaire Impact.
« Writing with Fire » de Rintu Thomas et Sushmit Ghosh concourt dans la sélection Documentaire Impact. Black Ticket Films
Alors que le Festival international de programmes audiovisuels documentaires se tient jusqu’au 23 janvier à Biarritz, sa présidente Anne Georget commente quelques œuvres emblématiques d’une sélection riche de près de 200 titres.

Sélection Documentaire IMPACT : Writing with Fire (Rintu Thomas et Sushmit Ghosh, Inde) 

« Un certain nombre de films cette année évoquent le travail et le courage des journalistes. C’est le cas de Writing with Fire, qui se passe en Inde et montre un groupe de femmes, des Dalits ou “intouchables”, qui, armées de leurs téléphones portables, font un travail journalistique exceptionnel. Elles vont voir des commissaires de police en demandant pourquoi ils n’ont pas encore enquêté sur tel meurtre ou telle agression, elles dénoncent la corruption, la persécution des femmes… Writing with Fire a déjà eu un long parcours en festival, a été primé à Sundance, est dans la course aux Oscars. L’année où deux journalistes ont reçu le Prix Nobel de la paix, ça nous paraissait logique de montrer ce film sur ces femmes qui font preuve d’un courage incroyable. »

Sélection Documentaire national : Marie-José vous attend à 16 h (Camille Ponsin, France-Belgique)

« On avait vu au Fipadoc, il y a trois ans, un court métrage qui portait le même titre?; ce film a grandi et est devenu un long métrage, qui devrait sortir au cinéma. C’est le portrait d’une femme de 90 ans, une ethnologue spécialiste du Darfour, qui a passé beaucoup de temps là-bas dans les années 60-70. Aujourd’hui, elle reçoit des demandeurs d’asile, qu’elle aide dans leurs démarches, en confirmant leurs histoires, grâce à ses connaissances, ses documents, ses cartes, etc. C’est un film formidable, le portrait d’une femme d’une générosité remarquable. »   

Sélection Histoires d’Europe : Children of the Enemy (Gorki Glaser-Müler, Suède-Danemark-Qatar) 

« L’histoire incroyable d’un Suédois, dont la fille est partie en Syrie avec ses enfants nés en Suède. Elle a ensuite eu d’autres enfants, nés sous le califat, avant d’être tuée. Ce grand-père se demande ce que vont devenir ses sept petits-enfants, qui sont en train de mourir de faim dans un camp, et dont le plus vieux a 7 ou 8 ans. Le film raconte son voyage et son combat, et révèle la complexité d’une question d’une actualité brûlante. » 

Panorama de la création francophone : Les Damnés de la Commune (Raphaël Meyssan, France-Allemagne)

« Un tour de force. La narration s’appuie uniquement sur des gravures et tableaux de la fin du XIXe siècle, pour créer une galerie de personnages incarnant différents profils des participants à la Commune. Un voyage très incarné, une autre manière de regarder et de raconter l’Histoire, qui prend aux tripes et bouleverse. Même si ce n’est pas de l’animation à proprement parler, Les Damnés de la Commune est symptomatique de la volonté de beaucoup de documentaires de s’emparer de toute la grammaire du cinéma. » 

Sélection documentaire international : A Thousand Fires (Saeed Taji Farouky, France-Pays-Bas-Suisse-Palestine)

« Un film qui se déroule en Birmanie et décrit le quotidien d’une famille pratiquant l’extraction pétrolière à mains nues. Dans un pays à feu et à sang, ces hommes et ces femmes prennent des risques immenses pour leur santé, en creusant des puits dans leur jardin. Un film magnifique. L’image est somptueuse et participe beaucoup de cet embrasement que le spectateur ressent. »  

Sélection Smart (expériences numériques françaises ou internationales) – Reeducated (Sam Wolson, Ben Mauk, Nicholas Rubin, Matt Huynh, États-Unis-Kazakhstan)


« Une œuvre numérique en VR, sur le drame des Ouïghours, qui nous fait pénétrer un camp de rééducation en Chine. Il fait écho à un autre film présenté dans la sélection IMPACT, Chine : Le Drame ouïghour, et démontre qu’une même réalité peut être racontée sous des formes différentes et complémentaires. » 

Courts métrages – Angle mort (Lotfi Achour, France-Tunisie) 

« Sous la dictature de Ben Ali, un homme est enlevé, puis tué… Son fantôme, des années plus tard, vient raconter ce qu’il s’est passé. À la frontière du documentaire et de la fiction, ce court métrage d’animation est une proposition formelle assez sophistiquée, et la preuve que tout est possible dans le registre du documentaire. »