Au Palais de Tokyo, le cinéma provocateur et engagé de Sarah Maldoror

Au Palais de Tokyo, le cinéma provocateur et engagé de Sarah Maldoror

02 février 2022
Cinéma
Le premier film de Sarah Maldoror, « Des fusils pour Banta », n'a jamais vu le jour en raison de la censure.
Le premier film de Sarah Maldoror, « Des fusils pour Banta », n'a jamais vu le jour en raison de la censure. Sarah Maldoror
Jusqu'au 13 mars, le musée parisien honore la réalisatrice française, pionnière du cinéma africain décolonial disparue en avril 2020.

L'héritage de Marguerite Sarah Ducados - plus connue sous le pseudonyme Sarah Maldoror - pour le cinéma panafricain est inestimable. La réalisatrice, femme de théâtre et poétesse disparue en 2020 laisse dans son sillage une œuvre militante, entre longs métrages de fiction et courts métrages documentaires. Le Palais de Tokyo met en lumière son œuvre pionnière dans l'exposition Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental, organisée jusqu'au 13 mars prochain. Ce parcours se divise en deux espaces : une salle de cinéma proposant une rétrospective de sa filmographie, accompagnée de prises de parole et de performances artistiques et un espace d'exposition plus classique. Jalonnée par une immense fresque peinte par l'artiste franco-gabonaise Maya Mihindou, cette salle met en parallèle des extraits de films avec des correspondances, des photographies et autres sculptures.

Engagée dans la libération des pays de l'Afrique lusophone, Sarah Maldoror réalise tout d'abord Des fusils pour Banta (1970), un film entre documentaire et fiction sur la lutte des femmes contre les pouvoirs coloniaux en Guinée-Bissau. En raison de la direction féministe du montage, les bobines lui sont confisquées par les commanditaires algériens du film et ne seront, à ce jour, jamais retrouvées. Un an plus tard elle réalise son deuxième long-métrage, Sambizanga (1972), où elle dénonce la torture des révolutionnaires angolais par la police secrète portugaise.

Si l'exposition ne manque pas de chair, elle fait aussi la chronique de la difficulté de Sarah Maldoror à financer son travail et à gagner la reconnaissance de ses pairs. Cette célébration de l'œuvre de cette cinéaste éminemment politique se prolonge dans trois autres institutions parisiennes (Musée de l’Homme, Musée de l’Histoire de l’Immigration, Musée d’Art et d’Histoire Paul Eluard de Saint-Denis), où ses films sont diffusés en continu, ainsi que dans le cadre des Journées cinématographique de la Seine-Saint-Denis où un hommage lui sera rendu ce jeudi 3 février, avec la projection de trois de ces films, dont son documentaire sur Aimé Césaire, Eia pour Césaire (2009).