Comment Amro Hamzawi s’est inspiré de sa propre histoire pour Eleonore

Comment Amro Hamzawi s’est inspiré de sa propre histoire pour Eleonore

25 septembre 2020
Cinéma
Eleonore de Amro Hamzawi
"Eleonore" de Amro Hamzawi Ecce Films, OCS, TMC, OFX

Pour sa première réalisation, Amro Hamzawi fait tourner sa sœur Nora dans Eleonore, une comédie sur la pression familiale et la liberté individuelle.


On le connaissait surtout comme le co-scénariste de 20 ans d’écart, le film à succès de David Moreau sorti en 2013, avec Virginie Efira et Pierre Niney dans les rôles principaux. Pourtant Amro Hamzawi est dans le milieu du cinéma depuis plus de deux décennies : à 21 ans seulement, il prend son courage à deux mains et s’envole pour Los Angeles, où il fait des études de cinéma à la USC School of Cinematic Arts. Il devient vite assistant de Michel Gondry et Curtis Hanson, deux figures qui le confortent dans son envie de devenir réalisateur. Aujourd’hui, il passe enfin derrière la caméra avec Elenore, une comédie où il dirige sa propre sœur, Nora Hamzawi. L’histoire est celle d’une apprentie écrivain qui, sous la pression de sa mère et de sa sœur, va changer de carrière et devenir l’assistante d’un éditeur spécialisé dans les romances érotiques.

Pure fiction ? Pas tout à fait. Le cinéaste de 46 ans a trouvé l’inspiration du scénario à la fin de ses dix années passées en Californie. À ce moment là, son rêve américain est en train de « virer au cauchemar », se souvient-il. « J’ai l’impression de faire du surplace. Moi, je suis venu pour réaliser des films… comme chaque assistant, chaque serveur qu’on croise à Los Angeles. Je finis par rentrer à Paris. Là, je retrouve ma mère et ma petite sœur. Pas Nora, une autre sœur, plus âgée. Elles me jugent durement et me font la morale, sur le travail que je devrais faire, les femmes que je devrais fréquenter… C’est la situation qui a nourri le point de départ narratif d’Éléonore. Même quand on est adulte, les membres de notre famille continuent à penser qu’ils nous connaissent mieux qu’on ne se connaît soi-même et veulent trancher à notre place ».

 

Au printemps 2013, alors que 20 ans d’écart dépasse les 1,3 million d’entrées, la carrière de Nora Hamzawi explose : France Inter, Grand Journal, spectacles dans des salles combles… L’humoriste et actrice est demandée partout et l’idée commence à germer dans le cerveau d’Amro Hamzawi de raconter sa propre histoire en utilisant sa sœur comme avatar. Au diable les dizaines de propositions de scénarios dans la veine de 20 ans d’écart (« On veut à chaque fois m’imposer quelqu’un pour réaliser, et me faire écrire une comédie romantique bien prime time ») : « Je refuse tout et je décide d’écrire mon propre film, avec Nora dans le rôle principal ». Après une recherche de financement un peu compliquée, le projet se lance enfin. Rapidement, Antoinette Boulat, la directrice de casting d’Olivier Assayas (avec qui Nora Hamzawi avait tourné dans Doubles Vies), contacte Amro Hamzawi. Elle tient « absolument » à travailler sur le film et lui présente plusieurs personnes qui feront partie de l’équipe de tournage. « En ce qui concerne le casting, André Marcon, c’était son idée. Il est à la fois paternel et impressionnant, il dégage beaucoup de force physiquement, tout en ayant un vrai charme ». 

Pour les autres rôles, je me suis fié à l’énergie, à la densité humaine de chacun. Je me suis inspiré d’eux pour affiner les personnages. Dominique Reymond peint, du coup, son personnage aussi. Joséphine de La Baume chante avec son frère, j’en ai fait une chanteuse dans le film.

Quant à sa petite sœur (ils ont neuf ans d’écart), le réalisateur souhaitait montrer à l’écran « tout ce qu’elle porte en elle. Sur le plateau, ce n’était plus ma petite sœur, que je connais intimement, avec qui j’ai un lien très fort, mais une comédienne, dont j’ai été très admiratif. Elle est d’une grande richesse humaine. Elle a une intelligence très concrète, une incroyable intuition des situations. J’ai eu la chance qu’elle me fasse confiance. J’ai toujours su qu’elle serait incroyable dans ce rôle. Elle incarne parfaitement cette Éléonore qui, à mesure que l’histoire avance, comprend qu’il ne faut jamais laisser les autres décider de ce qu’on fait de sa vie ».

Eleonore est sorti en salles le 23 septembre et a bénéficié de l’avance sur recettes après réalisation et de l’aide sélective à la distribution (aide au programme) du CNC.