Comment le film Sun a vu le jour grâce à un jeune producteur

Comment le film Sun a vu le jour grâce à un jeune producteur

23 juillet 2019
Cinéma
Sun
Sun Les Produits frais - Rouge International
Damien Lagogué est sorti de la Femis en 2009. Sun, réalisé par Jonathan Desoindre, est sa première production dans la catégorie long métrage. Portrait d’un jeune producteur.

Cela fait 10 ans- depuis qu’il est sorti de la Femis- que Damien Lagogué rêve de ce jour : celui où il fêtera la sortie en salles de sa première production. Sun de Jonathan Desoindre, réalisé en collaboration avec Ella Kowalska, est un premier film atypique, une comédie sociale menée tambour battant où la musique indienne occupe une place importante.

Retour en arrière. Pour ce Breton d’origine, la révélation vient à 18 ans. C’est une fréquentation assidue des salles art et essai qui décide de sa vocation : « La production de films embrassait toutes mes compétences », commente Damien Lagogué. Il suit alors le seul conseil qu’on lui donne à l’époque : « Passer le concours de la Femis». « En visitant cette école dont je n’avais jamais entendu parler avant, j’ai vu le paradis », se souvient le producteur.

Après un BTS Audiovisuel et une licence de cinéma à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, il réussit le concours auquel il s’est préparé pendant trois ans. En parallèle, il décroche des stages et des petits boulots qui le confortent dans son projet. Dans cette école, où les études durent quatre ans, il rencontre en première année – commune à tous les départements- Jonathan Desoindre et Thomas Wallon, les futurs réalisateur et scénariste de Sun. « Cette première année, où nous passons par tous les postes, m’a aussi permis de comprendre avec quel type de cinéaste j’avais envie de travailler. » Les années suivantes, il produit les courts métrages des deux jeunes gens. « Il y avait quelque chose de passionnant chez Jonathan dans son envie de faire un cinéma politique, son goût du mouvement. » Damien Lagogué produit le film de fin d’études de Jonathan Desoindre, Shirley, une adaptation de Charlotte Brontë, « qui montre comment la bourgeoisie de classe est en train de vaciller face à la montée des tensions dans les usines ».

Dès la sortie de la Femis, Damien Lagogué propose à Jonathan Desoindre de produire ses courts métrages et monte en mai 2010 sa société, Les produits frais. Le nom lui est venu pour exprimer, avec humour, sa volonté de chercher de nouvelles formes et d’encourager les jeunes auteurs. En parallèle, il parfait sa formation en travaillant à l’INA. « Sun était déjà là, à l’état embryonnaire, se souvient Damien Lagogué. Dans un premier temps, je développais le scénario de long que Jonathan écrivait avec Thomas Wallon, tout en produisait des courts métrages qui lançaient la structure. »

Il faudra deux ans pour que la première version du scénario de Sun voie le jour. « On y suit un personnage qui est roublard par nature, malin par nécessité, porté par une vitalité joyeuse et qui va surmonter les difficultés de la vie. » La région Basse-Normandie y croit et leur confère une aide à la réécriture. « Sur un premier long, quand on a une idée de film assez originale, les premières validations sont essentielles et permettent de ne pas se décourager. » Viendront ensuite l’aide au développement du CNC et l’aide de la Procirep - Angoa.

Le chemin de production de Sun avance cahin-caha, comme souvent les premiers films, mais l’équipe tient bon. « Ce qui est compliqué, c’est qu’il faut tenir un cap quand on a toutes les raisons de s’écrouler. » Un premier échec devant la commission avance sur recettes ne vient pas freiner les envies du producteur et de son réalisateur. « On a retravaillé encore. Il y a eu un gros travail de maturation. » En 2016, le film décroche l’aide. Le jeune producteur trouve alors en Rouge International un co-producteur qui va l’aider à lancer enfin le tournage avec l’énergique Tewfik Jallab dans le rôle principal. « Le plus gratifiant c’est d’avoir tenu : malgré toutes les embûches, nous avons réussi à concrétiser la vision originale de Jonathan Desoindre. Voir le premier montage a été euphorisant. Pour moi, ce premier long symbolise la fin d’un cycle», analyse le producteur.

Avec ce projet ambitieux, le métier lui est apparu dans toute sa complexité : gérer des conflits, remotiver un réalisateur, démarcher encore et encore. Il a actuellement cinq projets de long en développement à différentes étapes dont une comédie horrifique. Il prévoit aussi de faire une série avec son réalisateur fétiche Jonathan Desoindre sur une révolte dans un bagne pour enfants dans les années 1930.

Sun de Jonathan Desoindre en collaboration avec Ella Kowalska sort le 24 juillet. Le film a bénéficié de l’avance sur recettes avant réalisation, l’aide au développement de projets de long métrage, l’aide à la création de musique de film, l’aide sélective à la distribution du CNC.