Découvrez "Au premier dimanche d’août" : le bal des sons et des couleurs

Découvrez "Au premier dimanche d’août" : le bal des sons et des couleurs

22 octobre 2020
Cinéma
Au premier dimanche d’août de Florence Miailhe - Les Films de l'Arlequin
"Au premier dimanche" d’août de Florence Miailhe Les Films de l'Arlequin
Focus sur le quatrième court métrage animé de Florence Miailhe, récompensé d’un César en 2002, et qui fête cette année ses 20 ans.



Seul, en couple, en famille ou entre amis, des grappes de gens pressent le pas vers la place du village. On est au cœur de l’été, le grand bal va commencer. Florence Miailhe met ainsi en scène son quatrième court métrage, Au premier dimanche d’août, réalisé et peint par ses soins en 2000.

Fille de la peintre Mireille Miailhe, Florence Miailhe a très tôt pratiqué la peinture et la gravure, tout en travaillant comme maquettiste pour la presse écrite. Elle s’essaie pour la première fois à la réalisation en 1991 avec Hammam. Très vite, son animation à base de peinture, de pastel ou de sable est remarquée dans les festivals. Après une première collaboration avec la romancière Marie Desplechin pour Schéhérazade et un troisième court, Histoire d’un prince devenu borgne et mendiant – qui narrait le destin funeste d’un homme qui apporte la mort à ceux qu’il aime –, elle s’est lancée dans la réalisation d’Au premier dimanche d’août.

Le court métrage a nécessité un an et demi de travail et se veut un hommage au village de ses parents, Cabrespine dans l’Aude, où elle venait passer ses vacances d’été. L’accent du Sud chante d’ailleurs dans Au premier dimanche d’août, un film qui s’écoute (à partir de sons d’ambiance et de dialogues issus directement des bals de village et non de comédiens les recréant en studio) autant qu’il se regarde. Des corps qui s’enlacent et tourbillonnent, des piliers de bar qui refont le monde, des chiens qui traversent la place comme si de rien n’était, un bébé qui pleure avant de se calmer dans les bras de sa mère au rythme de la musique de l’orchestre, les premiers flirts, les sempiternelles bagarres… Voilà les moments qui peuplent les onze minutes de ce film où les couleurs ne cessent de s’entremêler dans une chatoyante communion.

Au premier dimanche d’août est peint au pastel gras. Florence Miailhe a dessiné ses personnages sur une planche de verre éclairée par en dessous. Pour les faire bouger à 24 images par seconde, elle a effacé à chaque fois une partie du dessin. Petit à petit, au fil des danses puis de la bagarre générale qui éclate, son film bascule du réalisme vers l’onirisme, porté par les créations musicales du compositeur et clarinettiste Denis Colin. Celui-ci nous entraîne, dans un geste artistique perpétuellement fluide, d’une ambiance musette à des rythmes africains. Un parfait écho à ses propres albums en solo ou en trio qui explorent aussi bien le free jazz que les musiques du monde.

Seul film d’animation en lice dans la catégorie court métrage, Au premier dimanche d’août a remporté le César en 2002. Depuis, Florence Miailhe a signé quatre autres courts. En 2021, on découvrira son tout premier long métrage d’animation, La Traversée, coécrit avec Marie Desplechin. Le voyage initiatique de deux enfants perdus sur les routes de l’exil – après que leur village a été pillé – en quête d’un nouveau monde qu’ils découvriront rongé par la chasse aux migrants.