Festival de Cannes : quatre réalisatrices en lice pour la Palme d’or

Mati Diop pour Atlantique

C’est d’abord comme comédienne que la Franco-Sénégalaise Mati Diop s’est fait connaître voilà onze ans. Dans 35 Rhums de Claire Denis, elle incarne une jeune femme élevée seule par son père avec qui elle a tissé des liens fusionnels. Cette expérience confirme son envie de passer derrière la caméra. Elle réalise alors le court métrage Last night en 2004. Ancienne élève du Studio national des arts contemporains du Fresnoy, elle travaille ainsi pendant plus de 3 ans sur Mille soleils, un moyen métrage documentaire centré sur Magaye Niang, le héros de Touki Bouki, long métrage signé par son oncle Djibril Diop Mambety en 1973. Un film qui, en dépit de sa durée, aura les honneurs d’une sortie en salles en 2014. Cinq ans plus tard, Mati Diop met en scène son premier long, Atlantique, dont les héros sont des ouvriers d’une banlieue populaire de Dakar qui décident de fuir le pays. Cette œuvre, qui prolonge son court Atlantiques (présenté au festival Cinéma du Réel en 2010), permet à cette grande admiratrice du cinéma d’Apichatpong Weerasethakul (Palme d’Or 2010 pour Oncle Boonmee) de faire son entrée dans la compétition cannoise 2019.

 

Jessica Hausner pour Little Joe

Issue d’une famille d’artistes (son père et l’une de ses sœurs sont peintres, son autre sœur est chef costumière), l’Autrichienne Jessica Hausner a d’abord suivi des études de psychologie avant d’intégrer l’Académie de de Cinéma de Vienne. L’un de ses professeurs, le cinéaste Michael Haneke, l’engage en 1997 comme scripte sur Funny games. En parallèle, elle commence à signer ses premiers courts et remporte très vite ses premiers prix dès le début des années 90. Son passage au long métrage avec Lovely Rita, vision radicale des rapports entre adolescents et adultes lui vaut sa première sélection cannoise. Trois ans plus tard, elle réalise Hôtel, un thriller angoissant, en compétition à Cannes dans la section Un Certain Regard. Son troisième long, Lourdes, est récompensé du Prix Fipresci à la Mostra de Venise en 2009 et permet à son interprète, Sylvie Testud, d’obtenir le Prix de la meilleure actrice aux European Film Awards. Repassé par la case Un Certain Regard en 2014 avec Amour fou, portrait du poète tourmenté Heinrich von Kleist, Jessica Hausner fait son entrée en compétition en 2019 avec Little Joe. Il s’agit de son tout premier film en anglais. L’histoire est celle d’une scientifique qui développe une nouvelle espèce de fleur dont les effets thérapeutiques sont hors du commun. Alors qu’elle fait cadeau de l’une d’elle à son fils, elle découvre des effets secondaires inattendus…
 

Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Diplômée de la FEMIS en section scénario, Céline Sciamma explore le monde de l’enfance et de l’adolescence dans Naissance des pieuvres. Ce premier long métrage en tant que réalisatrice qui lui vaut une première sélection cannoise dans la section Un Certain Regard en 2007 et remporte le Prix Louis-Delluc du premier film. Trois ans plus tard, c’est Berlin qui accueille Tomboy, portrait d’une fillette de 10 ans qui se fait passer pour un garçon, acclamé par la critique. Elle revient sur la Croisette en 2014 à la Quinzaine des Réalisateurs avec Bande de filles, récit d’apprentissage d’une jeune fille de banlieue et de ses copines porté par une mise en scène organique. Céline Sciamma écrit aussi régulièrement pour les autres, dans des registres très divers : de la série fantastique Les revenants au film d’animation multi-primé Ma Vie de Courgette de Claude Barras (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2016) en passant par Quand on a 17 ans d’André Téchiné. Portrait de la jeune fille en feu est son premier film à être sélectionné en compétition au Festival de Cannes. Il s’agit de son tout premier film d’époque, qui met en scène une peintre mandatée pour faire le portrait de mariage d’une jeune femme à la fin du XVIIIème siècle.


Justine Triet pour Sibyl

Diplômée des Beaux-Arts, Justine Triet passe derrière la caméra pour réaliser au milieu des années 2000 différents films en vidéo qui interrogent la place de l’individu au sein du groupe. Repérée dans les festivals français et internationaux en 2010 avec son moyen métrage Vilaine fille, mauvais garçon (Grand Prix au festival Premiers Plans d’Angers) qui raconte la nuit survoltée d'un jeune peintre fauché et d'une comédienne déjantée. Deux ans plus tard, elle passe au format long avec La Bataille de Solférino, sélectionné à l’ACID sur la Croisette, un portrait sociétal d’une folle énergie, dont l’action se situe le jour de l’élection de François Hollande à la Présidence de la République. En 2016, son deuxième long métrage, Victoria raconte le quotidien d’une jeune avocate au bord de la crise de nerfs. Cette comédie piquante a les honneurs de la Semaine de la Critique et vaut à son interprète principale, Virginie Efira, sa première nomination aux César. Le tandem se reforme à l’occasion de Sibyl, l’histoire d’une romancière reconvertie en psy dont la vie bascule quand elle prend comme patiente une jeune comédienne en détresse. Ce film offre à Justine Triet sa première sélection en compétition cannoise.