La Cinémathèque française consacre une rétrospective à la poésie fantastique de Georges Franju

La Cinémathèque française consacre une rétrospective à la poésie fantastique de Georges Franju

Edith Scob dans « Les Yeux sans visage » de Georges Franju.
Edith Scob dans « Les Yeux sans visage » de Georges Franju. Gaumont Distribution
L'institution parisienne rend hommage à son cofondateur, le cinéaste Georges Franju, du 9 au 27 mars. Une occasion de revoir ses chefs-d'œuvre (Les Yeux sans visage, Thérèse Desqueyroux...) mais aussi l'aspect documentaire de sa filmographie.

Quelle meilleure façon d'entamer la rétrospective Georges Franju que le regard horrifié d'Édith Scob dans Les Yeux sans visage (1959), seule lueur expressive d'un faciès masqué et meurtri. Cette œuvre charnière du cinéma d'horreur fantastique - dans laquelle Pierre Brasseur campe un chirurgien fou, greffant la peau de jeunes filles pour réparer le visage de la sienne - sera diffusée mercredi 9 mars à la Cinémathèque française. Une projection précédée par Le Sang des bêtes (1948), court-métrage documentaire sur le cruel milieu des abattoirs parisiens et les rivières de sang qui découlent de gestes répétitifs, anodins. Fermement ancrée dans le réel, l'œuvre de Franju débute avec plusieurs documentaires, dont Le Métro (1935), réalisé avec son comparse Henri Langlois. Au début des années 50, il enchaîne En passant par la Lorraine (un court métrage de commande sur le développement industriel), Hôtel des Invalides (une visite du musée de l'Armée pour dénoncer les affres de la guerre) ou encore Les Poussières (un film-enquête sur les dangers des poussières industrielles).


Dans ces documentaires, Georges Franju capture, commente et parfois sublime l'horreur qui nourrira ses fictions futures, à commencer par son premier long métrage : La Tête contre les murs (1959). Un conte de l'aliénation dans lequel on retrouve un jeune Jean-Pierre Mocky qui jongle entre les séjours en prison et en asile psychiatrique. Ce premier effort marque le début d'une fructueuse collaboration entre le cinéaste et le comédien Pierre Brasseur, poursuivie dans Les Yeux sans visage et Pleins feux sur l'assassin (1961). Souvent influencé par la littérature (Thomas l’imposteur, Thérèse Desqueyroux, La Faute de l'abbé Mouret), Franju s'est aussi directement inspiré du cinéma en proposant une réécriture du Judex de Louis Feuillade. Ce film de 1963 avec Channing Pollock, Édith Scob, sera diffusé le 12 mars prochain après une présentation de l’actrice Francine Bergé, digne héritière de Musidora chez Franju. Le critique et essayiste Marcos Uzal donnera par ailleurs une conférence sur l'approche visionnaire d'un cinéaste qui n’a cessé de faire coexister l'horreur et la beauté au sein de ses films.