Rétrospective : l’« Empereur » Akira Kurosawa à la Cinémathèque française

Rétrospective : l’« Empereur » Akira Kurosawa à la Cinémathèque française

11 octobre 2022
Cinéma
« Kagemusha, l'Ombre du guerrier ».
« Kagemusha, l'Ombre du guerrier ». Splendor Films

Le maître incontesté du cinéma nippon, à l'origine de chefs-d’œuvre comme Les Sept samouraïs, Ran et le palmé Kagemusha, l'Ombre du guerrier, fait l'objet d'une rétrospective à la mesure de sa filmographie épique du 12 octobre au 28 novembre 2022.


Après la ressortie en salle de Rashômon en version restaurée à la fin de l'été, Akira Kurosawa continue de faire l'événement avec une grande rétrospective à la Cinémathèque française. À partir du 12 octobre jusqu’au 28 novembre, l'institution parisienne diffuse l'œuvre prolifique d'un metteur en scène populaire, grandement responsable de la démocratisation du cinéma japonais en Occident, et vénéré par ses pairs. Le cycle s'ouvrira avec la projection du Garde du corps (Yojimbo, 1961), dans lequel Toshir? Mifune – l'un des acteurs fétiches du réalisateur aux côtés de Takashi Shimura – prête ses traits à un samouraï errant aux allégeances fluctuantes. Cette réflexion sur la loyauté et la justice a servi de matrice au western spaghetti Pour une poignée de dollars (1964) de Sergio Leone, tout comme Les Sept samouraïs avait inspiré Sam Peckinpah pour sa Horde sauvage (1969).

Le r?nin (samouraï sans maître) interprété par Mifune dans Yojimbo sera de retour le jeudi 13 octobre dans Sanj?r? (1962), film sur la corruption et la vertu présenté par le critique et historien du cinéma Charles Tesson. Les spectateurs de la Cinémathèque pourront aussi se délecter des reconstitutions de batailles épiques dans le Japon féodal, au centre du shakespearien Le Château de l'Araignée (1957) et de Kagemusha, l'Ombre du guerrier (1980). Projeté dans son « director's cut », ce long métrage sur l'imposture et la thématique du double a obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes en 1980. 

 

Outre ces morceaux de bravoure dans les temps médiévaux, la rétrospective illustre également la virtuosité avec laquelle Kurosawa capture les enjeux de son époque, comme le prouve le vibrant Vivre (Ikiru, 1952). Takashi Shimura y interprète un bureaucrate atone, enfin décidé à profiter de la vie après avoir appris qu’il souffre d'un cancer de l'estomac incurable. Kurosawa aborde aussi la question de la maladie dans Le Duel silencieux (1949), où un chirurgien de guerre contracte la syphilis sur le front et choisit de fuir ses proches, ainsi que L'Ange ivre (1948), dans lequel un médecin alcoolique diagnostique la tuberculose chez un patient dans le déni. La projection de L'Ange ivre du 27 octobre sera suivie d'un dialogue avec le cinéaste et scénariste Nicolas Saada sur ce film charnière du cinéma de Kurosawa, de l'utilisation de la musique au refus de tout manichéisme dans l'écriture des personnages.