Yves - Un homme, une femme et… un réfrigérateur : Un drôle de trio amoureux

Yves - Un homme, une femme et… un réfrigérateur : Un drôle de trio amoureux

27 juin 2019
Cinéma
Yves
Yves DR - Ecce Films
Après une demi-douzaine de courts métrages et un premier long, Yves, présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, est la première incursion de Benoît Forgeard dans l’univers de la comédie romantique. Le cinéaste nous raconte les coulisses de son film.

C’est l’envie d’aller pour la première fois sur le terrain de la comédie romantique qui vous a inspiré Yves ?

Benoît Forgeard : Pas aussi directement. Yves est né du potentiel comique que j’entrevois dans l’intrusion des Intelligences Artificielles dans notre quotidien. Les enceintes Google qui commencent à enregistrer des conversations à l’insu de leurs propriétaires, le caractère intrusif de certaines applications qui établissent des diagnostics précis et vous expliquent par le menu comment mieux manger ou mieux dormir… J’ai eu envie de développer une comédie sur ce sujet-là par le biais d’un personnage de musicien-chanteur : je suis fasciné par l’idée qu’un jour des intelligences artificielles pourront venir concurrencer l’humain sur le terrain artistique. Mais, très vite, effectivement, est venue se greffer l’idée de la comédie romantique.

Pour quelle raison ?

Comme beaucoup de mes confrères, je construis chacun de mes films par rapport à celui qui l’a précédé. Or j’avais le sentiment que j’avais pu jusqu’ici affaiblir mon travail en multipliant les décalages (tant formels que narratifs). Je savais que la forme, plus balisée et plus conventionnelle, de la comédie romantique allait me permettre de faire mieux passer mes idées. Un homme et une femme faits l’un pour l’autre vont apprendre à s’aimer : on ne peut pas faire plus classique ! Sauf qu’un réfrigérateur va s’inviter dans ce duo et le transformer en trio. A partir de là, je me suis contenté de tirer le fil de la comédie romantique mais en prenant garde à rester toujours cohérent avec mon idée de départ. Dans mes précédents films, j’avais tendance à digresser, ce qui a pu donner parfois l’impression d’une succession de sketches. Ici, je me suis efforcé de ne jamais être dans la farce pour la farce. Chaque pas de côté devait nourrir la colonne vertébrale du récit.

Cette précision se retrouve aussi dans votre direction d’acteurs et la manière qu’ils ont de jouer au premier degré les scènes surréalistes que vous avez imaginées…

C’est la consigne que je leur avais donnée. Et William Lebghil, Doria Tillier et les autres étaient sur la même longueur d’onde. Mais ce travail avec les comédiens est essentiel pour moi. Je ne me lancerai jamais dans un film sans au moins un mois de répétitions préalables. Mes scénarios – et encore plus celui- là – sont très écrits. Cette étape est donc indispensable pour mieux se connaître et développer des réflexes communs mais aussi pour polir les dialogues et éliminer ceux qui ne fonctionnent pas.

Une comédie romantique réussie se joue aussi sur des questions de rythme. Le montage d’Yves a changé des choses sur ce terrain-là ?

Il n’y a pas eu de grands bouleversements à cette étape. Mais des petites touches décisives apportées par l’expérience de ma monteuse Maryline Monthieux (Gainsbourg (vie héroïque)). Maryline m’a aidé à trouver la vitesse qui convenait à ce que j’avais à exprimer dans cette drôle de comédie romantique. A transmettre au mieux à l’écran ce que j’avais imaginé à l’écrit.

Yves a bénéficié de l’avance sur recettes avant réalisation, de laide à l'édition vidéo (aide au programme), de l’aide à la création de musique de film et de l’aide à la création visuelle ou sonore du CNC.