Un volume de production aidée par le CNC stable en 2023, des investissements en forte hausse

Un volume de production aidée par le CNC stable en 2023, des investissements en forte hausse

30 mai 2024
Professionnels

En 2023, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a soutenu la production de 4 009 heures de programmes audiovisuels français. Un chiffre stable en comparaison avec l’année 2022 (+0,1 %) mais avec des évolutions contrastées selon les genres.


Le cumul des devis des œuvres aidées progresse de 19,3 % par rapport à 2022, et de 11,7 % en comparaison avec 2019, pour atteindre 1,8 Md€. Cette hausse est essentiellement portée par la fiction.

L’ensemble des soutiens alloués à la création et à la production de programmes audiovisuels en 2023 s’élève à 225,3 M€ (y compris compléments, mais hors aides en amont), en hausse de 2,3 % par rapport à 2022. Si cette hausse du soutien du CNC reste moins importante que celle observée sur les devis, l’ensemble des aides reste supérieur à la moyenne de la décennie qui s’établit à 220,1 M€ par an.

La fiction demeure le premier genre aidé par le CNC avec 89,7 M€, devant le documentaire à 64,4 M€, l’animation à 42,9 M€, le spectacle vivant à 26,5 M€ et le magazine d’intérêt culturel à 1,9 M€.

Fiction : le coût horaire dépasse pour la première fois le seuil des 1 M€

Avec 1 067 heures en 2023 (-1,5 % par rapport à 2022), le volume de fiction aidé se maintient au-dessus des 1 000 heures pour la troisième année consécutive, et pour la sixième année depuis la création du fonds de soutien à la production audiovisuelle en 1986.

Les devis de fiction s’établissent à 1 103,0 M€, dépassant donc pour la deuxième fois depuis 1986 la barre du milliard d’euros. Un montant en forte hausse par rapport à 2022 (+26,7 %), et proche de celui de 2021 (-0,4 %), plus haut niveau historique dû au rattrapage des tournages qui n’avaient pu être maintenus pendant la crise sanitaire de 2020.

Le coût horaire est lui à son plus haut niveau historique pour atteindre 1 033,7 K€ (+28,7 % par rapport à 2022 et +22,7 % par rapport à 2021), et dépasse pour la première fois le million d’euros. Cependant, hors feuilletons, dont les coûts horaires sont moins élevés (440,6 K€ par heure en 2023) et qui constituaient une part plus importante du volume en 2022, le coût horaire des fictions aidées s’établit à 1 376,2 K€, en progression de 16,4 % par rapport à 2022.

Le niveau record du coût horaire dans la fiction s’explique en grande partie par les programmes des plateformes de vidéo à la demande par abonnement étrangères (Netflix, Disney+ et Prime Vidéo) qui présentent, en moyenne, un coût horaire trois fois plus élevé. En effet, depuis le 1er janvier 2023, les producteurs français délégués peuvent mobiliser du soutien pour des œuvres destinées aux services en ligne et chaînes de télévision étrangers. En 2023, ces services ont financé 14 œuvres de fiction aidées dont deux en co-financement avec d’autres partenaires diffuseurs (TF1 et Arte).

Hors feuilletons et hors programmes destinés à ces services, le coût horaire de la fiction aidée reste pour autant en hausse de 12,4 %, à 1 253,2 K€ contre 1 114,9 K€ en 2022.

Les diffuseurs ont investi 682,6 M€ dans la production d’œuvres de fiction en 2023 (+26,7 % par rapport à 2022), un plus haut niveau historique en lien avec la hausse des devis. La part des devis assumée par ces derniers est stable en 2023 à 61,9 % (comme en 2022).

Le groupe France Télévisions reste le premier financeur de fiction audiovisuelle (255,9 M€ ; +1,2 % par rapport à 2022), devant le groupe TF1 (210,3 M€ ; +40,5 % par rapport à 2022) et le groupe Canal+ (51,5 M€ ; +36,1 % en un an). Les trois principaux services de vidéo par abonnement étrangers doublent leurs apports pour atteindre 98,3 M€ (contre 44,1 M€ en 2022 dans le cadre du dispositif transitoire du FSP, « Fonds sélectif plateformes »).

Animation : un volume aidé en rebond

En 2023, le volume de production d’animation aidée s’établit à 278 heures, en hausse de 25,6 % par rapport 2022. Avec 54 programmes d’animation mis en production, l’année 2023 semble revenir à un cycle de production plus proche de celui de l’avant pandémie (52 programmes en 2019), et marque un retour des programmes de plus longue durée. 21 séries d’animation de 11 à 15 minutes (18 par an en moyenne sur la période 2014-2019), dont 11 sont des nouvelles séries, ont été lancées en 2023, ainsi que 6 séries de 23 à 26 minutes (5 par an en moyenne sur la période 2014-2019), dont 4 sont des nouvelles séries.

Les devis des programmes d’animation s’élèvent à 237,6 M€ en 2023 (+30,3 % par rapport à 2022) et retrouvent leur niveau de 2019 (237,4 M€). La progression plus forte des devis par rapport au volume horaire entraîne une légère hausse du coût horaire, à 856,2 K€, plus haut niveau depuis plus de 20 ans derrière 2021 (879,9 K€). L’apport horaire des diffuseurs est également en hausse, de 5,7 % par rapport à 2022, et atteint 190,4 K€ en 2023, au plus haut niveau historique.

Les diffuseurs apportent 52,9 M€ (+32,7 % par rapport à 2022 à 39,8 M€) et représentent 22,2 % des devis (21,8 % en 2022). Le groupe France Télévisions est le premier financeur de l’animation audiovisuelle aidée (29,6 M€), devant le groupe TF1 (8,0 M€) et le groupe M6 (7,5 M€). Les services étrangers de vidéo à la demande par abonnement n’ont pas investi dans la production d’un programme audiovisuel d’animation aidé en 2023.

Enfin, genre international par excellence, l’animation bénéficie d’importants apports étrangers qui s’établissent en 2023 à 55,8 M€, en progression de 26,3 % par rapport à 2022.

Documentaire de création : un niveau de production qui se stabilise

Le volume de production de documentaires aidés se stabilise à 1 686 heures en 2023, en légère hausse de 1,0 % par rapport à 2022, mais à un niveau toujours inférieur à celui d’avant crise (1 960 heures en 2019 et 2 282 heures par an en moyenne entre 2014 et 2019). Cette baisse du volume de documentaires aidés est aussi à mettre en lien avec les différentes réformes du CNC visant à recentrer ses aides sur le documentaire de création.

Les devis des documentaires atteignent 341,5 M€, stables par rapport à 2022 (341,3 M€). Le coût horaire est de 202,5 K€, également stable par rapport à 2022 (-0,9 %) et se maintient au deuxième plus haut niveau historique derrière 2022 (204,4 K€).

Les diffuseurs restent les premiers financeurs du documentaire, apportant 154,1 M€ en 2023 (+0,9 % par rapport à 2022). Le groupe France Télévisions est le premier contributeur (75,5 M€), devant Arte (32,4 M€) et le groupe Canal+ (18,9 M€). Les plateformes étrangères investissent 2,9 M€ dans la production de 7 heures de documentaires audiovisuels aidés en 2023 (contre 2,3 M€ et 5 heures en 2022 dans le cadre du dispositif transitoire FSP).

Comme chaque année, le documentaire de société est le genre le mieux représenté avec 50,5 % des heures aidées en 2023, 45,8 % des devis et 46,1 % des apports des diffuseurs.

Spectacle vivant : une production stable et mieux financée par les diffuseurs

En 2023, le nombre d’heures aidées d’adaptations de spectacle vivant atteint 776 heures (comme en 2022). Les devis de ces œuvres progressent de 4,7 % par rapport à 2022, à 97,7 M€ en 2023, entraînant une hausse du coût horaire de 5,7 % sur un an, à 125,9 K€.

Les diffuseurs sont les premiers contributeurs du genre (41,8 % des devis totaux), devant les aides du CNC (27,1 %) et les producteurs (26,5 %). France Télévisions reste le premier financeur du genre (17,9 M€), devant le groupe Arte (7,1 M€) et le groupe Canal+ (5,8 M€).