Aide au parcours d'auteur : résultats des commissions de 2023

Résultats des commissions

31 décembre 2023


Lola Quivoron

Parrainée par Yann Gonzalez

« Tampico est le nom du bar à hôtesses que mon grand-père Jean remet à ma grand-mère, Élise, en 1962. A cette époque, Jean gravit les échelons et devient l’homme de main des plus gros voyous du milieu nantais. Règlements de compte, braquages, discothèques, arnaques, fuite aux Antilles. La figure de ce truand a toujours été dominante dans l’histoire de ma famille, écrasant celle d’Elise, éclipsant son parcours à elle.
C’est en explorant les multiples albums photos du Tampico, que m’est venue l’idée de faire revivre par la fiction ce "bar dancing", carrefour entre la pègre et la fête, tenue par Elise de 1962 à 1983. Sur les polaroids, les sourires contractuels d’Elise et ses entraîneuses, l’exutoire de la fête et son amusement outrancier masquent la violence exercée par le milieu de la nuit. Le bar est un lieu complexe, à la fois refuge et territoire d’oppression. Je m'intéresse exclusivement aux voix des femmes dans cet univers mafieux.
Grâce à la bourse, un premier objet expérimental (film d’archives à partir du matériau photographique) aura pour but de poursuivre la recherche intime et historique autour de ce lieu interlope, d’excaver les principaux enjeux historiques pour y faire naître les points d’accroche de la dramaturgie en vue du projet de fiction. Il va falloir trouver une forme cinématographique propre. Sorte de plongée impressionniste, proche du vécu des personnages. Une fresque, peut-être à la croisée du film de mafia et de la tragédie familiale, qui nécessite de trouver son propre langage. Très concrètement, cette aide financière permettra également de mener des fouilles colossales - ouverture d’archives privées, publiques du milieu nantais et ses bars à hôtesses, développement de films, entretiens de spécialistes. Déployer la matière, lui trouver une forme, du sens, préparer le terreau avant de se mettre à écrire. »

Raed Andoni

Parrainé par Eric Baudelaire

« À ce stade, je recherche "l'aide au parcours d'auteur" afin de pouvoir me consacrer entièrement à ce projet ambitieux. Dans mes films précédents, je mettais en place un dispositif documentaire qui permettait à des événements fictifs d'interagir alors que dans ce nouveau projet, j'essaie d'explorer un langage cinématographique différent en créant une intrigue fictive dans laquelle des événements réels peuvent prendre place et interagir. »

Vero Cratzborn

Marrainée par Sarah Beaulieu

« Jusqu’à présent, j’ai travaillé principalement en fiction avec quelques incursions dans le documentaire, à la faveur de projets associatifs collectifs. J’aimerais, grâce à la bourse, retrouver la liberté de mes premiers courts métrages en Super 8 et prendre le temps de chercher une nouvelle forme de narration. Aujourd’hui, j’envisage un long métrage hybride qui tisserait les fils d’un passé exhumé – celui d’un procès du 17ème siècle dans un village des Ardennes - et du présent, une forme documentaire ancrée dans l’intimité des femmes de ma communauté lors des veillées qui rythment le quotidien du terrain.

J’ai l’intuition que ces fragments historiques, dont certains persistent dans l’oralité de notre langue, doivent s’incarner dans des voix et des corps d’aujourd’hui. J’espère que ce dialogue entre ces différents matériaux fera résonner la nécessité vitale et urgente que nous puissions porter nous-mêmes nos récits. Car nous sommes depuis longtemps dans l’Histoire et nos traces – douloureuses –mais vivantes et résilientes en font partie. »

Camille Plagnet et Jeanne Delafosse

Parrainés par Cédric Ido

« Depuis vingt ans, nous avons réalisé une vingtaine de films, seuls ou ensemble. Courts, moyens, longs, documentaires, fictions, ciné-tracts, ciné-poèmes, films d'ateliers, films de commande plus ou moins détournés. Aujourd'hui, après de nombreuses expérimentations, nous sommes en cours d'écriture de deux long-métrages : une fiction interprétée par les personnages de deux de nos documentaires, et un documentaire porté par des personnages de fiction. Le premier - Boléro chien ! - est comme une suite logique aux deux portraits que nous avons réalisés au Burkina Faso, La tumultueuse vie d'un déflaté et Eugène Gabana le Pétrolier. Leurs héros, Z et Eugène, se sont révélés êtres de si bons et singuliers acteurs que nous avons eu envie de leur écrire une vraie fiction en France. Le second - Saluez riches heureux - se situe lui dans la continuité de notre dernier documentaire, À bas !, qui faisait le portrait des héros anonymes d'une insurrection qui a eu lieu au Burkina Faso en 2014. Ce nouveau projet de film est né de notre installation récente à Douarnenez, petite ville du Finistère, et voudrait rendre hommage à la fois à l'histoire ouvrière de cette ville et à sa puissante énergie politique actuelle. L'aide au parcours d'auteur va nous permettre de nous concentrer exclusivement sur l'écriture de ces deux projets. »

Emilie Brisavoine

Parrainée par Patric Chiha

« La bourse Parcours d’auteur va me permettre de travailler à la conception d’un film documentaire pour le cinéma et d’un film de fiction. Je souhaite approfondir ma méthode d’écriture cinématographique à la frontière entre documentaire et fiction, cinéma direct et expérimentation plastique.
Mon premier projet porte sur le portrait intimiste d’une comédienne française de 40 ans. Depuis Me-Too, elle fait face à des vagues d’eczéma de plus en plus intenses. Elle brûle littéralement... elle s’interroge sur sa vie de femme et d’actrice, elle essaye de comprendre d’où vient ce feu. Alors, face à ma caméra, en contrepoint des images glamour faites par les autres, elle décide de prendre le problème à bras le corps : exhumer le passé, étudier les faits, mettre des mots sur ce qu’elle taisait. Mais pour trouver la paix, il faut faire face au refoulé, le sien et celui de la société. Comment éteindre cet incendie ?
En parallèle, je souhaite écrire un nouveau projet de fiction d’une manière plus expérimentale, en m’inspirant de mon travail documentaire. J’aimerais raconter l’histoire d’une desperate housewife qui tombe amoureuse d’une youtubeuse, médium et coach en développement personnel. J’aimerais continuer à travailler la dimension pluridimensionnelle explorée dans mes précédents films, que cela soit dans le ton ou la forme. Entremêler le réalisme sociologique, volontiers comique, du quotidien de la mère au foyer saturée de charge mentale et son univers intérieur tour à tour onirique et cauchemardesque. Son esprit apparaitrait de plus colonisé par les visions fantastiques, peuplées d’anges-guides surgies des discours de la coach et nourries de l’esthétique kitsch et populaire des vidéos YouTube. »

Maya Abdul-Malak

Marrainée par Danielle Arbid

« D’un film à l’autre, ma démarche documentaire s’est de plus en plus frottée à la mise en scène, à la fabrication, à la fiction. J’aimerais aller encore plus loin dans la recherche d’un cinéma hybride : l’aide au parcours d’auteur m’offre les moyens et la liberté de travailler hors des cases prédéfinies des genres et des formats, sur une ligne de crête : entre fiction et documentaire, à la fois fiction et documentaire. Le film sur lequel j’aimerais travailler, sur et avec des adolescent.e.s dans un collège de banlieue parisienne, inspiré de ma longue expérience passée d’enseignante, nécessitera un travail de recherche et d’écriture en collaboration avec des adolescent.e.s, puis de création en studio de séquences sous forme de tableaux, de manière à construire un portrait intime, poétique, politique de ces élèves qu’on nomme difficiles. »

Caroline Deruas

Marrainée par Jeanne Aptekman

« J’ai traversé ces dernières années une expérience de vie à laquelle je ne m’attendais pas. Pourtant, elle sommeillait en moi, attendant peut-être secrètement que je sois prête à la vivre.
C’est cette expérience, celle de la révélation d’une amnésie traumatique et de la résurgence de la mémoire que j’aimerais raconter, et bien au-delà de mon histoire, à travers deux projets. Le premier est un essai documentaire qui explore et questionne notre rapport à notre mémoire, en s’appuyant sur ma propre histoire, le second est un projet de fiction qui depuis la même base, prend son envol dans une distanciation purement romanesque. Ces projets n’en sont qu’à leurs balbutiements mais ne demandent qu’à éclore. »

Marie Larrivé

Marrainée par Jeanne Aptekman et Agnès Patron

« L’écriture de mon premier court-métrage en peinture animée, “Noir-Soleil”(2021), a été pour moi une révélation dans le plaisir de raconter des histoires. Il constitue à mes yeux un programme, un premier pas vers le style de films d’animation que je souhaite continuer à réaliser. Dès son écriture, des idées pour deux longs métrages animés sont apparues, “Le rayon bleu” et “Erika”.
D’une certaine manière, ces projets se situent dans la lignée de “Noir- Soleil”. Je souhaite continuer à explorer le pictural au cinéma. Je souhaite également continuer à me servir de l’animation pour représenter la beauté et l’étrangeté de la nature par le biais d’une animation expressive des éléments naturels qui auront une place importante dans les films. “Erika” et “Le rayon bleu” se situent aussi dans la continuité de “Noir-Soleil” car ils racontent des histoires pour adultes, difficiles, par moments terrifiantes. L’un et l’autre, ils abordent de manières très différentes, le sujet de la maladie, du handicap et de la résilience. Cependant ces deux projets sont aussi radicalement nouveaux dans mon parcours, tout d’abord par leur durée et les enjeux d’écriture que cela représente, mais aussi par les types de narration que je souhaite explorer. C'est dans cette phase cruciale d'écriture que l'aide au parcours d'auteur sera d'une aide essentielle. »

Lina Soualem

Parrainée par Cédric Ido et Eric Baudelaire

« J’ai réalisé deux documentaires, par lesquels j’ai tout appris. Avec Leur Algérie et Bye Bye Tibériade, j’ai appris à utiliser une caméra, à poser des cadres, à prendre le son, à écrire, à “mettre en situation”, à monter, à étalonner, à échanger autour des films, à raconter une société, des sociétés, des êtres, des peuples. J’ai découvert des cinémas, des festivals, rencontrés des cinéastes que j’admire et qui m’inspirent. La réalisation documentaire m’a aussi permis de trouver une place, entre les pays, entre les mondes, dans plusieurs communautés. Une place que je me suis créée à travers les films, que je fais, que je vois, que j’aime, dans un territoire imaginaire, imaginé, recrée, recomposé. Dans mes films, dans mes écrits, je m’empare de mes héritages familiaux, historiques et visuels. J’aime les interroger, les confronter, tisser des liens entre eux.
Aujourd’hui je veux me lancer dans des formes d’écritures différentes : la fiction d’un côté, et une forme d’écriture documentaire plus hybride et plus expérimentale d’un autre. Ayant à disposition de nombreux rush d’archives familiales pas encore utilisées, et ayant depuis plusieurs années collecté de nombreuses archives historiques durant la réalisation de mes deux derniers films, j’ai pour projet de travailler à partir de ces différentes sources d’images et de réaliser des films plus hybrides artistiquement - des films dans lesquels j’aimerais confronter mes images personnelles et les images historiques correspondantes - les mêmes lieux, les mêmes territoires, les mêmes êtres. J’aime l’idée de pouvoir indéfiniment “recycler” ces images qui sont miennes, ça confirme leur force de transmission, de représentation et leur richesse. Mon autre projet est celui d’écrire un long-métrage de fiction, dont j’ai la trame en tête. Un film qui répondrait à cette question qui continue à me tarauder : comment une femme apprend à naviguer et à trouver sa place entre les mondes ? »

Simon Rieth

Parrainé par Yann Gonzalez et Agnès Patron

« J’ai réalisé beaucoup de courts métrages très différents les uns des autres, avec ou sans argent, en filmant toujours des lieux et des gens que je connais et que j’aime, entouré d’une équipe composée de proches avec qui j'ai grandi professionnellement. Ces projets m'ont permis d'expérimenter beaucoup de choses, formellement et narrativement, même s'ils restent tous hantés par les mêmes thèmes à savoir montrer la jeunesse que je connais, le passage à l’adulte, le désir, les fantômes, les souvenirs, le deuil. Ils questionnent aussi la masculinité, la violence et leurs représentations. J’ai eu la chance de réaliser mon premier long métrage Nos Cérémonies à 25 ans, avec une grande liberté.
J'ai pu pousser au bout mes idées de mise en scène et de direction d’acteur.ice.s sans faire de compromis. Depuis la première projection du film à Cannes en 2022 je n’ai cessé de me poser des questions. J’ai le sentiment que ce film m’a amené à la fin d’un cycle et je ressens l’envie d’explorer des territoires inconnus. Je développe l'écriture d'un nouveau long métrage sur un martyr contemporain et ses rêves mortels, d'un documentaire sur l’image d'une jeunesse éternelle et d’un court horrifique autour d’une planète amoureuse et vengeresse. La bourse d'aide au parcours d’auteur va me permettre de disposer de temps, d’un temps qui m’est nécessaire pour chercher, imaginer et donner vie à ces nouveaux mondes. »

Olivier Babinet

Marrainé par Sarah Beaulieu et Agnès Patron

« Je travaille sur l’adaptation de l’œuvre autobiographique du cartoonist Américain Joe Matt. J’y pensais depuis longtemps. Ses livres : Strip-tease, Epuisé et Le Pauvre Type, que j’avais découvert il y a une vingtaine d’années et que j’ai relu attentivement l’année dernière, m’ont profondément marqué. Ces trois romans graphiques d’autofiction jusqu’au-boutiste, forment une seule et même histoire dont la force sous-jacente est l’histoire d’un couple. Ils constituent un terreau formidable pour réaliser un film. J’ai convaincu Alexandre Perrier de Kidam (qui a produit Swagger avec Marine Dorffman) d’acquérir les droits de Joe Matt. Puis j’ai contacté Joe, il y a environ un an. Et, après nos échanges, il a accepté de nous céder ces droits. Enthousiaste à l’idée d’une adaptation en France de son œuvre.
En travaillant sur le traitement, en décortiquant cette histoire telle que la raconte Joe Matt, je me suis rendu compte que, cachée derrière cet imaginaire foisonnant, se cachait une structure fondatrice proche de Scènes De La Vie Conjugale. Même si Le Pauvre Type a souvent un ton plus proche des Beaux Gosses que de Bergman, il s’agit de moments de la vie d’un couple sur plusieurs années. Rythmés par des ellipses temporelles.
J’ai bien conscience que pour être parfaitement fidèle à l’œuvre de Joe Matt, il faudrait faire un film Américain, qui serait certainement formidable. Mais là n’est pas mon projet. Je veux faire ce film en France. Pour me l’approprier et y mettre un morceau de moi. Car le personnage “Joe Matt“ est en chacun de nous, il existe pour nous tous. Sa sincérité jusqu’au-boutiste, son honnêteté unique, aide à vivre en acceptant nos faiblesses, nos mesquineries, nos névroses, nos addictions, notre désir dévorant, épuisant, notre insatisfaction congénitale, notre culpabilité, nos rêves naïfs d’amour de conte de fée et notre soif d’orgie sexuelle... Ce "pauvre type" fissuré par la pornographie et ses espoirs d’amour idéal, totalement rongé par la culpabilité de son éducation catholique, nous invite à regarder en face les névroses contemporaines. »

Inès Loizillon

Parrainée par Eric Baudelaire

« Trompe La Mort émane de ce travail sur l’adolescence entamé depuis 10 ans et 5 courts-métrages. Mais je m’attèle aujourd’hui à une aventure artistique plus intime, plus directement autobiographique. (…) En, effet, avec ce premier long-métrage de fiction, je veux réfléchir à la perception anorexique du monde d’une adolescente en proie à des troubles du comportement alimentaire. Peut-être qu’il y a une narration à trouver qui rendrait compte de ce que pourrait être un « regard » anorexique, une appréhension anorexique de l’existence : c’est ce que mon projet interrogera. De l’attention portée sur des détails qui pourraient paraitre absurdes au commun des mortels, une grille de lecture extrêmement précise des choses, une réalité vue à travers un prisme très spécial qu’est celui de cette maladie. Comment les signes de l’anorexie s’inscrivent dans un tout, un système, une temporalité, qu’on pourrait sentir : voilà ce que je veux m’atteler à mettre en scène dans ce film. Peut-on expliquer totalement une maladie mentale ? Je ne crois pas. Mais j’aimerais semer des indices, des pistes, des sensations afin non pas de résoudre ce mystère insoluble mais de m’en approcher, de le contempler, de me confronter avec lui (comme ma jeune héroïne anorexique Edie se bat pour guérir). J’aimerais donc aborder l’anorexie adolescente comme maladie mais aussi comme rapport au monde. Un suicide lent qui transforme notre regard sur nous-même, les choses, les êtres qui nous entourent, le réel. (…) Trompe La Mort ne sera pas une chronique naturaliste. Questionner le rire de l’anorexie, ses ruses (et à travers lui l’ambivalence de la maladie) m’intrigue et m’excite. La bravoure de l’humour ou même plus banalement ce qu’on appelle « l’élégance du désespoir » m’ont toujours interrogée et émue. Cette position me permet de renouveler mon geste de cinéma : pousser ma recherche formelle sur l’humour, via l’angle autobiographique. »

Nicolas Peduzzi

Marrainé par Danielle Arbid

« Mes trois précédents films étaient documentaires et furent financés grâce à des repérages filmés très avancés, alors que l’écriture se cherchait déjà au montage. L’urgence de capturer ce qui se passait là- bas n’a jamais permis le temps d’une recherche filmique longue. Et de toute façon, j’imaginais le papier comme un geste douloureux qui allait m’être reproché. Le langage cinématographique direct s’est donc imposé à moi - un mélange sensoriel - comme une solution évidente. Là, les mots prenaient forme grâce à ma caméra, sur l’écran. Mes films se sont ainsi réfléchis avec les personnages que je filmais, les atmosphères qui nous entouraient et les collaborateurs, souvent familiaux, qui ont accepté de me suivre. Psychiquement et financièrement, je n’avais pas le temps de m’installer dans une vraie écriture, d’explorer mon imaginaire, d’apprendre les outils pour le retranscrire sur un scénario pour l’autre. Tourner spontanément, m’engouffrer dans une somme considérable d’images, saisir au vol des fragments de vie de mes personnages, étaient mouvant, vivant, salvateur. Aujourd’hui, c’est une nouvelle personne qui élance l’idée de mon prochain film. Mais la maturité, et surtout la situation réelle de cette personne, exigent une écriture mieux travaillée de fiction, et de nouveaux collaborateurs. »

Claire Maugendre

Marrainée par Jeanne Aptekman

« J’ai intitulé le nouveau champ d’exploration qui s’ouvre à moi : La Première Image Me Manque. Il s’est trouvé à la croisée d’une question et d’une obsession. La question qui me taraude depuis longtemps : « comment une expérience aussi déformante, étrange que la grossesse peut bien servir la reproduction sociale ? » L’obsession formelle, elle, est venue en chemin déplier encore la question : il s’agit du split-screen que je pratique, depuis l’enfance, sous sa forme primitive de collage papier.
De ce nouveau sujet et avec cette nouvelle technique, deux films sont en train de jaillir : l’un est un essai documentaire sur des femmes enceintes déraisonnables, pour lequel j’ai démarré à l’automne un terrain en psychiatrie périnatale à l’Hôpital Saint-Antoine. L’autre est son versant printanier, une fiction d’émancipation érotique sur la grossesse, mainte fois démarrée et repoussée… Eros et Thanatos. L’Aide au Parcours d’Auteur vient m’offrir le temps nécessaire pour trier cette matière accumulée ces dernières années, pour mettre, à l’épreuve d’images en mouvement, mes recherches autour des collages filmiques et accomplir ma mue. »

Guillaume Lillo

Parrainé par Patric Chiha

« Pour mon premier long-métrage, je souhaite réaliser un film de fiction hybride qui mêlera des images préexistantes (films de voyage, films de famille, archives historiques) à des plans ou des séquences tournées spécifiquement. Je voudrais élargir mon dispositif à de nouvelles formes cinématographiques en vue de renforcer l’expressivité de ma pratique. Ce renouvellement représente aussi bien l’aventure esthétique du film que celle du personnage. Le film raconte une lutte pour la survie implantée au sein d’un récit de voyage fantasque et d’une enquête familiale aux accents surnaturels. D’abord fantomatique, le personnage s’incarne au fur et à mesure de ses expériences, passant du studio délabré où il vit reclus au microcosme dépaysant, à la fois merveilleux et dégoûtant de la croisière. Au cours de ce voyage initiatique, il traverse une variété de mondes, le présent et le passé, les rêves et les fantasmes jusqu’à l’au-delà. L’Aide au parcours d’auteur me permettra de mettre en place une nouvelle méthode de travail, tel un laboratoire de recherche, pour articuler les différentes strates narratives et formelles qui constitueront cette épopée à la fois réelle et imaginaire. »

Dyana Gaye

Parrainée par Cédric Ido

« Studio Kébé retrace les derniers jours avant fermeture d’un ancien studio photo de la Gueule tapée (quartier populaire de Dakar). Le photographe Moustapha Kébé et sa petite-fille Dorine en exhume les archives et décident d’organiser leur restitution aux anciens clients. À travers les époques mais toujours par le prisme du Studio, se mêleront histoires intimes et collectives, du quartier et plus largement de la ville, en musique et en chansons.
(…)
J’ai toujours nourri l’idée de travailler à une adaptation, sans jamais vraiment pousser la réflexion très loin. C’était comme posé là. Un jour je le ferai. Un jour je trouverai le titre qui s’imposera. C’est une série de romans graphiques épistolaires, qui m’accompagne depuis mon premier court-métrage. Une correspondance imaginaire, une histoire d’amour entre deux âmes sœurs que tout oppose, entre Paris et des îles imaginaires en face du Sénégal (…)
Un long-métrage et une série.
Pour le premier, il me faut pouvoir effectuer des recherches iconographiques et photographiques sur plusieurs époques, pour « inventer » l’œil de Moustapha Kébé sur près de cinquante années. Il y a également toute une recherche d’archives sonores que je souhaiterais entreprendre, aussi bien radiophoniques que musicales, pour composer la bande-son du studio au quotidien.
Pour la série, je veux tirer les fils des 7 tomes de cette correspondance, tisser une première ébauche de bible, hors normes, que je pourrais partager à mes collaborateurs.trices pour envisager son développement. »

Astrid de la Chapelle

Parrainée par Danielle Arbid et Yann Gonzalez

« Depuis que je fabrique mes films expérimentaux en toute autonomie, j’ai allègrement emprunté des points de vue qui ne sont pas les miens… minéral, animal ou encore momie. Le film a été jusqu’à présent ma réponse pour penser une nouvelle organisation visible des choses du monde, par la mise à jour de ses circulations sous-jacentes, des liens invisibles ou invisibilisés, qui dissoudraient cet agencement latent du monde et ses récits cristallisés. Mais il me manque l’humain, de la chair humaine. Je souhaite à présent écrire un long-métrage de fiction basé sur la figure du passeur·se de récit. Elle est une figure ambivalente, à l’aise partout, qui peut se détacher de son socle social, ni d’ici ni d’ailleurs. Il sera question de la manière dont on raconte le réel pour quelqu’un·e d’autre, pour faire « plus vrai » ; et pour moi de faire plus lent, en dégageant un temps dédié de recherche et un temps d’écriture plus conséquents. »

Julia Kowalski

Parrainée par Patric Chiha

« Je n’ai jamais cessé de cultiver des liens forts avec mon pays d’origine. Un rapport d’amour-haine. Une détestation contrebalancée par une tendresse infinie. Quelque chose m’émeut profondément dans le comportement des Polonais, dans leur démarche, leur style ou traits physiologiques, dans les couleurs, les odeurs, les bruits des villes et des campagnes. Parce que tout ça, c’est moi. Cette frénésie religieuse, ce virilisme de cowboys de l’est, cette fermeture d’esprit ou ces festins à base de bières, saucisses, choux, patates, c’est aussi moi, que je le veuille ou non. Et depuis la mort de mes parents, je ressens plus que jamais la nécessité de montrer, de filmer, d’archiver un monde en déclin, une génération, un mode de vie, une population, une ruralité. Ce monde décalé d’un demi-ton sur l’échelle de mon entourage français, et qui avec la mondialisation.

Jacques Kebadian

Parrainé par Nicolas Klotz

« Démarche innocente... feuilleter un album de famille ne l’est jamais. Photos ; anonymes pour la plupart ; et d’autres, celles du mariage de mes parents et de mon oncle, de mon père entouré d’amis inconnus, photos de bals et portraits d’enfants, toutes mises en scène et signées Phébus. Rares sont les familles arméniennes arrivées à Paris dans les années 30 qui ne sont pas passées par son studio. C’est en regardant ces photos, celle de ma famille et d’autres retrouvées après des repérages que m’est venu le désir de faire revivre par la fiction la vie d’une famille — la mienne, entrelacée autour de celle de Phébus et la vie d’une communauté qui défile dans son studio.
J’aimerais raconter ici ce qu’a été la vie de ma famille à leur arrivée en France accueillie dans un foyer à Courbevoie, une ancienne usine de poupées avec ses bureaux transformés en appartements gérée par mon oncle et ma tante. Il y avait plus que notre famille dans ce foyer : il regroupait aussi amis et orphelins.
Il ne s’agit pas pour moi de faire un film de reconstitution d’une époque avec un considérable budget décors, accessoires et costumes...Mais d'une ébauche
L’aide au parcours d’auteur sera précieuse pour m’engager pleinement dans l’écriture de ce projet. Je ne sais pas encore quelle forme exacte il prendra. Tout est envisageable : court, moyen ou long métrage. Je souhaite conserver cette liberté dans l’écriture de cette fiction. Dans cette phase de recherche et d’écriture, au-delà du travail de scénario, l’aide me permettra de rechercher les modèles qui pourraient interpréter les personnages, ma famille avant ma naissance...dans la communauté arménienne ici à Paris, à Alfortville et à Marseille.
Un souvenir tel qu’il brille à l’instant d’un péril... Ce projet, souvent rêvé, a mûri depuis longtemps. J’en avais le désir, un désir essaimé dans certains de mes films arméniens. Il sera pour moi la somme poétique de toutes mes recherches sur cette quête d’identité. »

Manon Coubia

Marrainée par Judith Godinot

« De film en film je reviens sur le territoire de mon enfance : la montagne. Chacun de mes films (récits brefs) inscrit sa narration et ses personnages dans la durée d’observation d’un paysage au présent et dans une dimension particulière : historique (Pleine nuit), ancestrale et mémorielle (L’immense retour) ou encore mythologique (Marée). Cet ancrage qui vient du documentaire est pour moi très important.  La montagne c’est aussi le lieu où je peux envisager le cinéma comme un partage commun dans une économie parfois minimale.
Aujourd’hui je souhaite faire l’expérience total d’un lieu (un refuge de montagne) sur une année pour fabriquer un récit long toujours dans une relation active et permanente à l’espace, à la nature et aux personnes qui l’habitent. En m’appuyant sur une fiction minimaliste soutenue par quatre comédiennes, amies et complices, j’imagine un film sur quatre saisons. Chaque saison a le visage d’une femme. Une gardienne de refuge. La gardienne comme réceptacle d’histoires présentes et passées, passeuse d’histoires. Je souhaite rendre le travail d’écriture perméable à la vie du refuge et du hameau tout en faisant éprouver la tension de cette nature qui se dérègle. Cette bourse me permettra donc de considérer l’écriture de ce projet dans tout son processus de recherche et de collecte tout en poursuivant l’exploration formelle que j’engage film après film. »

Bani Khoshnoudi

Parrainée par Nicolas Klotz

« À travers mon travail, je cherche à remplir le fossé entre les récits nationaux et de renforcer les idées autour de nos histoires communes. Le travail de documentation et de réflexion sur notre histoire contemporaine iranienne, que j’avais entamé avec mes documentaires et fictions dans le passé, continue aujourd’hui mais avec une nouvelle pérégrination autour des images et leurs puissances, les archives familiales et collectives et le travail de mémoire en suspens pour toute une société qui brise actuellement des tabous et son silence. Ce sont des questions à creuser avec trois nouveaux projets, dont un documentaire d’essai, un long métrage de fiction puis une série d’entretiens que je commence à filmer pour une installation vidéo. Tous les trois projets touchent à des grands thèmes qui me préoccupent depuis toujours : la modernité et ses violences, les révolutions, le fascisme et ses dégâts, les disparus et l’effacement de leurs histoires, le déplacement forcé, les silences familiaux et collectifs, les fosses communes et les traces sur la terre, les femmes et nos histoires de lutte en particulier, la mémoire et une démarche vers des réparations, la résistance. »

Giovanni Donfrancesco

Parrainé par Noé Debré

« Aujourd'hui je suis comme dans une clairière, au milieu de la forêt, face à deux chemins. L'un monte a? flanc de montagne et me permet de voir toute la vallée et la forêt d'où je viens. L'autre s'enfonce directement dans le bois, en direction d'une destination a? la fois familière et inconnue.
L’aide au parcours d’auteur m'aidera à explorer ces deux sentiers.
Le premier reprend celui d'un voyage entrepris il y a trente ans au Mexique, pour tenter de comprendre ce qu'il reste d'une utopie, lorsqu'une révolution n'a plus les projecteurs de l'histoire braqués sur elle.
Le second m'amène à repousser la frontière de l'hybridation de la réalité avec la fiction, que j'ai commencé a? explorer dans mes derniers films, tout en creusant des thèmes qui me sont familiers, à travers l'histoire d'un personnage qui doit choisir entre la loi des hommes et sa propre loi intérieure. »

Frédéric Jamain

Marrainé par Jehanne Rousseau

« En tant qu’auteur de jeux vidéo, mon travail consiste à trouver l'équilibre entre la narration et le gameplay. Réussir à faire sorte que l’histoire que je raconte ne pourrait pas exister sous un autre format. De faire en sorte, par le jeu, d’impliquer le joueur dans l'expérience, en questionnant ses choix et sa responsabilité.
Un jeu vidéo ne s'écrit pas uniquement sur le papier, il faut rapidement prototyper pour tester et faire tester, mettre à l’épreuve le principe même du jeu dès les premières étapes de conception.
L’aide au parcours d’auteur va me permettre d’accélérer ce travail de prototypage en faisant intervenir un(e) scénariste et un(e) game designer(euse) afin d’affiner ma proposition.
Mon objectif grâce à cette aide est donc de continuer à explorer de nouvelles formes de narration avec une expérience à la frontière des genres, mêlant une écriture sensible, une mise en scène en prises de vues réelles et un dispositif interactif. »

Marwan Khneisser

Parrainé par Dieudo Hamadi

« L'aide au parcours d'auteur constitue un soutien important pour le développement de mon premier long-métrage de fiction.
Dans mes précédents courts-métrages, mon travail était ancré dans la réalité et exposait d'une façon frontale comment la violence politique affectait la société libanaise.
Je souhaiterais à présent explorer des voies d'écriture qui s'écartent du réalisme pour adopter une dimension symbolique et allégorique.
Je vise à élaborer un récit qui interroge la manière dont l'Histoire, envisagée comme une construction narrative, est façonnée et manipulée par ceux qui détiennent le pouvoir.
L'aide au parcours d'auteur me permettra d'entamer cette recherche esthétique et narrative. Elle me donnera également les moyens d'effectuer une immersion documentaire qui précèdera la réalisation du long-métrage, une expérience essentielle pour approfondir mes personnages. »

Emma Benestan

Marrainée par Jehanne Rousseau

« Après plusieurs courts métrages, j’ai réussi à faire mon premier long. Je voulais qu’il soit comique, solaire et léger. Je n’arrêtais pas de dire : l’immigration n’est pas le premier plan de l’histoire, ce sont tous des jeunes comme moi issus de l’immigration, mais je veux que le projet ce soit la question de l’amour. Je mettais sous le lit tous les questionnements de ma vie de jeune adulte et celles de mon père d’un coup, en pensant que ça nous avait toujours trop déterminées ou réduits dans les représentations au cinéma que je voyais. Je pensais que la diversité devait être aussi à l’endroit des formes et pas simplement des récits, et donner aux jeunes issus de l’immigration des rôles dans des genres où je les voyais peu représentés : la comédie romantique ou encore le western, qui était le genre de prédilection de mon père. Politiquement, le combat me semblait nécessaire à cet endroit-là, et accéder à des formes plus grand public avec une diversité permettrait quelque part de faire changer les mentalités. Le récit de cette double identité en famille a toujours été complexe pour moi. Et je pense que très longtemps toutes ces questions m’ont fait peur. Mais maintenant, avec la tragique disparition de mon père, j’ai besoin de rentrer dans ces récits et de plonger avec ce qu’ils ont parfois de difficile. Pour la première fois dans mon parcours d’auteur, j’ai envie d’interroger enfin cette double identité dans laquelle j’ai grandi et la fracture entre les deux pays de mes parents. J’ai besoin de faire un travail documentaire et de créer un laboratoire d’écriture qui va me permettre d’être plus juste dans ces thématiques intimes et politiques. Grâce à la bourse, je peux me permettre d’explorer cette histoire familiale autour du projet d’une jeune fille retournant dans le passé de son père, dans l’Algérie des années 50. »

Laetitia Carton

Parrainée par Joël Durand

« En 2019, l’autisme est entré dans ma vie. Avec le diagnostic tardif de mon fils. L’énigme était enfin résolue, après 10 ans d’errance, d’incompréhensions, on nous donnait enfin le mode d’emploi de cet enfant hors-norme. Puis les professionnels que nous avons croisés m’ont surpris à identifier très vite que j’étais aussi « dans le spectre ». Moi autiste ? Cette nouvelle donne dans nos vies, ce grand chambardement intime, ce parcours, forcément, car je l’ai toujours fait, avec tout ce que je vis, j’ai envie d’en faire un film. Cette bourse Parcours d’Auteur va me permettre de prendre le temps de concevoir, écrire, imaginer un film dont la forme elle-même pourrait donner à voir et comprendre mieux l’autisme au féminin, dans toutes ses dimensions et l’expérience du monde qu’il porte. Creuser, approfondir, et créer un film documentaire qui soit une fresque familiale, amicale, sociale, historique et intimiste sur l’autisme et son versant féminin très méconnu. »

Sung-A Yoon

Parrainée par Dieudo Hamadi

« J’ai repris en main un désir de longue date : faire un film qui concerne les hôtesses d’accueil, celles qui, vêtues d’un uniforme, disent bonjour et au revoir. L’envie de raconter cette histoire vient de mon expérience personnelle et elle s’est vue ravivée chaque fois que je me rendais a? Séoul, ou? le phénomène des hôtesses d’accueil est amplifie? a? l’extrême. Ce projet, je l’envisage sous la forme d’un long-métrage de fiction, car c’est la forme qui me semble la plus adéquate pour raconter cette histoire. Issue des arts plastiques et du documentaire, cela répond aussi a? un besoin d’être bousculée dans ma pratique artistique. L’aide au Parcours d’Auteur m’aiderait a? prendre le temps de l’exploration afin de trouver un langage fictionnel qui m’est propre. Pour envisager l’écriture, j’ai ressenti le besoin d’aller en observation dans le milieu de l’hôtessariat d’accueil et de recueillir des témoignages. La bourse me permettrait notamment d’approfondir cette démarche. »

Stéphanie Gillard

Marrainée par Marie Voignier

« Je souhaite retourner dans la réserve de Standing Rock pour construire, autour de Manaja et de son travail, un film sur les vétérans Lakotas. Raconter le quotidien du retour, de la vie après l’armée. Chercher les éléments pour comprendre ces hommes et ces femmes, ce qui les a motivés, comment ils perçoivent leurs années de militaires ?  Pourquoi éprouvent-ils le besoin de prendre les armes pour le pays qui les a massacrés ? Comment chacun, avec sa personnalité, a vécu le départ, la guerre, le retour, le rapport à la mort, à la vie, à la réserve, tant à la nation Lakota qu'à la nation états-unienne ?
Ce projet va demander un long temps de repérages et d'écriture, car si je connais bien la réserve pour y avoir passé beaucoup de temps depuis 2008, si j'y ai ma seconde famille, je ne peux pas simplement arriver et poser ma caméra. Il me faut y passer du temps pour comprendre les enjeux et les réalités des vies de chacun, trouver les personnages mais surtout écrire ce film avec eux, construire le récit en collaboration avec les personnages, et toute la communauté de Standing Rock, faire un film réellement ensemble. Toujours pour être à la bonne distance et rester à hauteur d'homme. Ce temps est nécessaire pour travailler la forme documentaire que j'affectionne et vers lequel mes films se sont de plus en plus orientés, le cinéma direct, avec le moins d'interviews possible, pour être le plus proche tant de la réalité que du cinéma. »

Emilio Belmonte

Marrainé par Cécile Allegra

« L'aide au parcours d'auteur intervient à un moment crucial de ma trajectoire, après 20 ans de réalisation documentaire. Les limites entre réalité et fiction se brouillent de plus en plus dans mes pensées et ma pratique cinématographique. En plus de me permettre de consacrer un temps précieux à l'écriture et à l'exploration d'un premier projet de fiction, cette aide m'a offert l'occasion de réfléchir à mon travail, à mon parcours et au cinéma que je fais. Cette période de réflexion a suscité en moi le désir de réaliser de nouveaux films et m'a permis de mieux me connaître.
Grâce à cette initiative en faveur des auteurs, nous, réalisateurs et réalisatrices, avons la liberté d'expérimenter, de commettre des erreurs, d’emprunter des chemins inconnus, sans être accablés par la pression des résultats immédiats. Nous retrouvons ainsi un espace propice à la création. »

Randa Maroufi

Marrainée par Marie Voignier

« Je travaille sur les corps et l’espace, et leurs correspondances mises en scène. Chacun de mes projets est lié à un territoire et aux rencontres que j’y fait, un élément essentiel de ma pratique et de ma réflexion artistique. L’approche est souvent politique et clame l’ambiguïté, entre réalité et fiction, pour questionner le statut des images, et ce que ces correspondances espace/corps disent de nous.
J’arrive aujourd’hui aux prémices d’un nouveau cycle, où je souhaiterais explorer d’autres outils de création, que je n’ai pas pu ou su traiter jusqu’à présent seule. La maturité de ces dix dernières années de pratique me pousse à nouveau vers l’expérimentation, et notamment l’usage de différents registres d’images tels que les images d’archive, étant jusqu’alors davantage dans un processus de création de nouvelles images, mais aussi à une pratique plus collective, en invitant un.e scénariste et/ou un.e chercheuse à travailler ensemble sur mes deux prochains projets de courts et longs-métrages ». 

Emad Aleebrahim Dehkordi

Parrainé par Noé Debré

« Je souhaite profiter du temps de recherche offert par la bourse Parcours d’auteurs pour repenser et réécrire mon projet, Le Miroir, sous une nouvelle forme, pour trouver un chemin d’expression hors de mon pays d’origine, en dehors du lieu du récit, sans perdre la source de mon inspiration. Il me faut en redéfinir l’esthétique, et rencontrer les collaborateur.ice.s qui seront les plus à même de se lancer dans cette recherche avec moi. »

Sébastien Le Guillou

Parrainé par Noé Debré et Nicolas Klotz

« St Paul en Bretagne est un projet démesuré pour un premier film. C’est ce qui en fait l’attrait. C’est aussi l’histoire d’une reconversion après une première moitié de vie professionnelle à fabriquer des documentaires en breton pour France 3 Bretagne.
Tout est lent. Tout prend du temps.
Aujourd’hui je veux faire un film dont le processus de fabrication déborde de ses garde-fous et arrive dans mon village comme les géants de Royal de Luxe.
Avant d’exister, St Paul en Bretagne devra engendrer quantité de projets annexes, enchâssés les uns dans les autres… En cela, ce projet de film, n’est pas qu’un film mais une aventure pléthorique qui va durer plusieurs années. Il va falloir montrer par des courts-métrages ce que l’on sait faire et vers quel style de cinéma italien on tend ; il va falloir aussi trouver des modes de financement inhabituels ; m’associer à d’autres artistes et à des artisans peu accoutumés à travailler avec une caméra. D expositions, des installations, tout un élan pour aller vers la mise en production. C’est là une condition de faisabilité. Une volonté aussi, de faire de ce film une œuvre totale, au sens où on le dit de l’opéra…
L’aide sollicitée permettra d’accélérer les collaborations ; de passer à l’étape suivante, qui est la constitution d’ateliers de métiers d’art, en vue de ramener la machine du cinéma dans mon village du Vieux-Marché en Côtes d’Armor, aussi par les contacts avec la population.
L’aide au parcours tombe à pic !
Tout est lent. Tout prend du temps. J’ai la sensation que la lenteur est une force. Et que ce film, les clefs de sa fabrication et de son éventuelle réussite, sont tout proches de moi. »

Maxime Roy

Marrainé par Judith Godinot

« A chaque fois j’ai tourné dans l’urgence. On ne pouvait pas attendre. On ne devait pas attendre. Car a? travers l’acte de faire le film se jouait un témoignage a? vif. J’ai écrit avec ceux qui ont interprétés les rôles, comme une évidence imposée, nécessaire. J’ai eu cette impression que cela amenait une vérité impossible a? retranscrire autrement. Et lorsqu’ils ou elles étaient devant ma caméra, j’avais l’impression de travailler comme un médecin qui venait réparer une douleur. Et ainsi, ensemble, a? travers la fiction nous passions de l’ombre a? la lumière. »

Nino Kirtadzé

Parrainage collectif

« Je me vois parfois comme un réceptacle des séquences interrompues, images fragmentées, provenant des espaces-temps et de pays différents. Le passé défile en kaléidoscope des visages, des destins, d’époques et de pays, qui se tissent et se nouent dans ma mémoire personnelle, ils se parlent. Il y a des sons, des bribes de phrases, des mélodies lointaines. Dit ainsi, cela peut paraître éclectique, mais, en vrai, tout tenu par le même socle – par une vie.   
Une idée saugrenue me visite, chaque fois que j’y pense.
Que se passerait-il si, je me mettais à m’explorer, à chercher dans moi, en moi, intensément, obstinément, comme lorsque l’on guette la surface de l’eau afin d’y entrevoir les contours et les formes de ce qui vit dans sa profondeur ?  
Je songe à un film singulier, qui s’imprègnerait de ma mémoire subjective, mes perceptions sensorielles, qui serait un voyage dans trois époques, trois temps, au travers de trois, voire quatre générations successives de ma famille, qui est composée des Géorgiens, des Russes, des Ukrainiens.  Un film personnel, tissé des images d’une vie, « qui découle d’une vie, qui découle d’une vie » et qui raconte comment, pour devenir soi, on est toujours traversés par les autres.
Ce film se situe à la lisière de fiction et documentaire, il nécessite non seulement un pétrissage méticuleux de l’histoire de ma famille, mais aussi une vraie détermination de puiser au plus loin dans mon être, pour y trouver la vérité à transcrire.   Il demandera beaucoup de travail, de préparation, de scénarisation, de mise en scène.
L’aide au parcours d’auteur fait naître le temps précieux de concentration, de réflexion et de recherche, nécessaire pour faire émerger une nouvelle forme de narration et donner un corps filmique à ce plongeon en soi. »

Ioanis Nuguet

Marrainé par Cécile Allegra

« Les deux esquisses de projets que je veux présenter ici s’inscrivent dans la continuité de mes précédents travaux et dans un temps de préparation similaire, nécessitant un long travail de terrain et d’immersion, de repérages et de documentation, mais divergent quant à leur forme.
Le premier projet est celui d’un long-métrage qui mêle deux personnages historiques à une approche documentaire, dont j’ai commencé à collecter des fragments, des scènes potentielles et que j’ai rassemblé sous le titre "Grand Bois". Il se déroule le long du fleuve Maroni au cœur de la forêt primaire guyanaise.
Le second projet est un long-métrage de fiction dont le fond et l’aboutissement sont documentaires. Il mêle d’une part l’histoire d’une religieuse du XIXème siècle, qui fonda une colonie qu'elle espérait émancipatrice pour les esclaves guyanais, et d’autre part celle d’enfants amérindiens séparés de leurs familles pour être placés dans des foyers et ainsi forcer leur assimilation.
Si j’ai jusqu’à présent exploré un cinéma documentaire proche du cinéma direct - et principalement en solitaire - je souhaite maintenant expérimenter une forme hybride où la fiction agirait comme un révélateur du réel, à la fois dans la dimension historique qu’elle peut revêtir et dans la multitude des situations qu’elle invente pour le confronter. »

Christophe Galati

Parrainé par Bastien Dubois

« Je suis un auteur de jeux vidéo indépendant. Mes projets s’inscrivent dans une démarche d’hommage aux ères classiques du jeu vidéo qui m'ont aidé dans des périodes sombres de ma vie. J'utilise leurs codes et esthétiques pour raconter des histoires plus modernes et personnelles (touchant à la culture queer, les traumatismes, etc.). L'idée est de créer des sortes de chrono capsules inversées, des jeux qui auraient été modernes s’ils étaient sortis à l'époque dont ils s'inspirent, proposant une grande aventure avec des personnages qui, je l'espère, inspireront mes joueurs comme j'ai pu être inspiré.

Après un premier succès avec Save me Mr Tako qui m'a ouvert les portes du milieu professionnel, j'ai eu la chance de pouvoir commencer mon nouveau projet, Tako no Himitsu, en résidence artistique à la Villa Kujoyama. J'ai pu y défendre la place du jeu vidéo en tant qu'art et prendre confiance en ma vision. Je suis aujourd'hui à une croisée des chemins, où l'aide parcours d'auteur va me donner les moyens pour continuer à évoluer et me structurer pour me faire une place stable dans cette industrie, d'avancer sur des projets de plus en plus ambitieux et continuer à transmettre mes messages malgré l'adversité. »

Adriano Valerio

Marrainé par Fanny Burdino

« Après des années de recherche uniquement focalisée sur le cinéma de fiction, le tournage de mon film documentaire Casablanca a eu un impact proéminent sur moi. J’ai ressenti l’opportunité de construire un récit puissant qui se structure naturellement à partir de la vie réelle et qui peut trouver une forme saisissante sans la lourdeur de préparation et d’exécution du cinéma de fiction. Et un plaisir nouveau et profond dans la responsabilité de porter à l’écran ces émotions du réel et de la vérité intime. J’ai depuis constaté un changement de perspective, une envie flagrante de creuser de plus en plus dans le langage documentaire. »

Nadège Trebal

Parrainée par Laurent Bazin

« Jusqu’ici, en documentaire comme en fiction, j’ai compté sur les autres pour me raconter mon histoire. Histoires d’exil, de départs, d’évaporation. Dernièrement, deux nouveaux projets m’ont permis de questionner cette capacité d’éclipse, cet écart qu’il y a, entre mes films et moi. Deux documentaires, à des années-lumière l’un de l’autre, mais qui pourraient former diptyque. Quelque chose dans chacun, de l’ordre de transports effectifs et affectifs. D’un côté, le fret et la manutention de la marchandise à travers le paysage européen, survolé depuis l’habitacle d’un camion. De l’autre, la mémoire comme navette aveugle, vaisseau-fantôme qui sourde à travers les plis et les pans de l’histoire, dans le désordre d’une maison. Deux variations, deux mouvements. L’un avec des routiers, l’autre avec ma mère. Repérages de part et d’autre de la Méditerranée, recherches historiques, généalogiques, procès-verbaux, numérisation d’images anciennes, images encore à faire, demandes d’autorisation de tournage, prises de contact, rencontres, objets perdus, retrouvailles. L’aide au parcours d’auteur va me permettre de mener à bien, jusqu’au bout de ce dédale, la mise à jour d’une matière multiple, encore à venir, ou ensevelie, que j’aurai ensuite à décanter, à ordonner, pour préciser la somme et l’intention des films que je désire en donner. »

Anne Villacèque

Marrainée par Agnès de Sacy

« L’aide au parcours d’auteur va me permettre de consacrer tout mon temps à deux projets au long cours, opposés par leur économie et leur méthode, mais intimement reliés.

Le premier est un long métrage de fiction autour de la rencontre entre deux filles de 18 ans en 1981, quelques semaines après l’élection de François Mitterrand, et leurs destins croisés pendant 40 ans. « Roman filmé » sur l’amitié et l’ambition au féminin, ce projet assume ce que je m’étais jusqu’alors toujours refusée dans mon travail : faire fond sur ma mémoire et mon histoire personnelle, me construire moi-même comme personnage d’un grand récit.

Le second est un documentaire construit au jour le jour, seule, et sans phase d’écriture préalable, avec comme seul outil mon téléphone portable. Depuis 6 mois, j’accompagne et je filme une femme de 52 ans dans le cadre de la clinique psychiatrique où elle est soignée. Cécile a perdu la mémoire et le contrôle de son corps, mais personne ne sait pourquoi. Ensemble, nous tentons de lui redessiner une ligne de vie au moment où tout lui parait brisé, fragmenté. Et nous construisons une relation inattendue où s’entrelacent le désir de fiction, le soin et l’amitié. »

Wally Fall

Marrainé par Nora Philippe

« Après une dizaine d’années passées d’abord à défricher mon champ cinématographique puis à y planter mes premiers courts métrage et documentaires, c’est surtout en programmant des films au cours des six dernières années que j’ai commencé à comprendre vraiment ce qui m’avait amené ici au départ.

Le premier projet est un long métrage de fiction dont la durée a pris du temps à s’imposer à moi. J’ai besoin de temps pour dégrossir le deuxième personnage central de mon histoire et pour trouver la forme narrative du film qui mêlera sans doute des parties très réalistes à des séquences oniriques que j’aimerais au contraire, hors du temps.

Le deuxième projet est une création croisée de documentaire expérimental et d’installation sur le thème du Sacré dans un contexte bien particulier. Au-delà de la thématique elle-même qui nécessitera que je trouve la bonne porte d’entrée et le bon angle, c’est un projet dont l’écriture transversale va nécessiter des allers-retours, constants et souvent physiques entre le réel, la mémoire orale, les archives, les autres intervenants et le projet à l’écrit. L’aide me permettra de créer du temps et de l’espace pour approfondir mes recherches en plaçant ces deux projets dans leur temporalité respective. »

Maxime Martinot

Parrainage collectif

« L’Aide au Parcours d’auteur m’accompagne à un moment où le travail d’écriture d’un cinéma narratif d’un côté, et le travail d’expérimentation documentaire de l’autre, que je menais jusqu’alors en parallèle, se rejoignent dans plusieurs projets à venir. Dans Avenida Machado Santos notamment : le projet de film est une enquête cartographique se déroulant au Portugal. Sur le plan officiel de Lisbonne figure une avenue qui n’existe pas. Là où elle devrait passer, s’étend une grande friche vallonnée, séparant quartiers touristiques et quartiers populaires. La protagoniste Mariana cherche son chemin, tente de percer le mystère en demandant aux passants où se trouverait l’avenue. La quête de repères devient une enquête sur cette “avenue de papier”, sur le passé et le présent d’un quartier, et sans doute son futur. Contre le mensonge et le silence de la carte, les habitant·e·s sont invité·e·s à raconter leurs histoires, leurs craintes et leurs souhaits, en dessinant et commentant leurs propres cartes du quartier, chaque jour plus menacé par la spéculation immobilière. »

Pascale Breton

Marrainée par Nora Philippe

« Je ne sais pas quand ni comment est née mon obsession pour le point de vue du nourrisson : vraiment son point de vue personnel, sa perception du temps et de l’espace, du son et de l’être, à distance des attendrissements suscités par notre vision d’adultes sur le poupon forcément adorable.

Ce n’était qu’une interrogation, nourrie par la lecture du psychanalyste anglais Donald Winnicott et par des enquêtes familiales sur mes propres deux premières années qui coïncident avec la fin de la Guerre d’Algérie. C’est petit à petit devenu l’ébauche d’un film, un film plus complexe et plus composite que les autres, pour lequel je me réjouis d’avoir obtenu l’Aide au Parcours d’Auteur. Il fallait un contexte spécial pour avancer cette mosaïque au dessin changeant mais au pressentiment tenace : dans la caverne de l’amnésie infantile couvait non seulement un film mais aussi la possibilité du cinéma. »

Céline Rouzet

Parrainée par Bastien Dubois

« Nuits blanches, c’est encore un défi de taille. A l’heure où mon film documentaire vient de sortir et où se termine la fabrication de mon premier lm de fiction, je réfléchis à ce prochain projet : le meilleur moyen de le réaliser, sa viabilité, le temps qu’il me faudra. Il s’agira d’être malin et inventif pour ce tournage : coupler du huis clos avec peut-être un environnement naturel proche de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Car impossible de réaliser le film là-bas : trop dangereux, trop loin, trop cher. J’aime les histoires politiques qui parlent du réel tout en le romançant. Pour ce projet, je veux continuer d’injecter du romantisme et de la tension, de la tendresse et de la violence, une certaine noirceur parsemée d’éclats de lumière comme c’était le cas dans mes précédents films. Je veux filmer ce qui m’obsède depuis toujours : un monde conventionnel qui se fissure, des personnages qui dévient et dérangent, le malaise qui en découle.

Je réfléchis donc à créer un trouble en termes d’espace-temps comme je l’ai fait sur ma précédente fiction : situer l’histoire dans un lieu indéfini, imaginaire, mais qui ferait fortement écho à la réalité de notre monde. »

Christophe Cognet

Marrainé par Fanny Burdino

« Après avoir passé 20 ans à rechercher et à travailler les images clandestines des camps nazis – soit une médiation en quatre films, un livre et plusieurs articles –, et au moment de la sortie en salles de mon dernier film, À pas aveugles, sur et avec les photographies prises en secret dans ces camps, l’obtention de la bourse « Parcours auteur » me permet d’infléchir ce chemin et d’en travailler la matière sur d’autres établis : non pas d’opérer une rupture donc – c’est impossible – mais de prendre le temps d’une triple bifurcation.

Il s’agira d’écrire un film de fiction à partir du « tourisme noir » qui consiste en la visite de lieux de drames, comme les mémoriaux, les sites de Tchernobyl, de Fukushima ou du tremblement de terre du Wenchuan en Chine. Une jonction est à l’œuvre entre le divertissement et la souffrance humaine, le désastre – elle est vertigineuse.
Dans un deuxième projet nous ausculterons, avec le reporter de guerre Kamal Redouani, les rushes inédits qu’il a pu récupérer émanant de groupes terroristes du Moyen-Orient. Pour tenter d’en déjouer toute forme de fascination, nous trouverons des dispositifs de mise en scène pour les garder à distance et ne jamais vraiment les montrer – c’est une gageure. Nous y raconterons la quête de Kamal qui cherchera à opérer des « contacts » entre ses souvenirs traumatiques et ces images, pour tenter de trouver une forme de résilience.

Le troisième consiste en la double écriture d’un roman et d’un scénario à partir du même motif de départ, celui d’une enquête menée au présent dans ma ville d’enfance sur les traces d’un camarade, écrivain en herbe, doué, qui s’est donné la mort dans les années 90. C’est un projet plus tendre et plus ironique aussi, avec en point de mire cette question : comment nos imaginaires ont-ils pu se transformer à ce point en 30 ans ? »

Nine Antico

Parrainée par Antonin Peretjatko

« Le Fond Vert est un film sur un non-voyage à Venise, qui doit rendre compte du fantasme que l'on se fait d'une ville, de ce que l'on en attend. J'ai envie de jouer avec l'imaginaire que nous renvoie sa mythologie, et son personnage culte, Casanova.

La bourse va me permettre d'aller vers une forme plus expérimentale que mes projets de fiction, et d'explorer en audiovisuel de la même façon que je me l'autorise en bande dessinée. Cette recherche à la durée indéterminée, me permettra aussi de tester des modalités du rapport son/image pour mettre le mieux possible en valeur le caractère fantasmatique de ce film.

De la même façon que je suis entrée dans la bande dessinée par la porte du fanzine, j'aimerais aller vers une fabrication artisanale, bizarre, en essayant d'être autonome le plus longtemps possible. »

Anton Bialas

Parrainé par Nicolas Klotz

« Ne partant pas d’une forme d’écriture scénaristique traditionnelle pour laquelle j’ai eu jusqu’ici moins de désir, mon élaboration d’un film demande à être constamment nourrie par la fabrication concrète d’images et de photographies. Je dois m’imprégner intensément des lieux, des visages, des ambiances traversées, et expérimenter un grand nombre de situations à partir de ces rencontres avant de les faire naître et de les agencer à l’écrit.

Je souhaite que ce « passage » au long-métrage résonne à la fois comme un prolongement de mes obsessions et comme un nouveau commencement. Un désir plus fort de fiction, de personnages et de parole qui opposera d’abord un Paris contemporain ultra libéral et normalisé au romantisme transgressif de Bernardino Femminielli, puis les profondeurs du Moyen Âge à la poésie de François Villon.

L’aide au parcours d'auteur serait un soutien extrêmement précieux pour accompagner ce dyptique. Elle me permettrait à la fois de me plonger dans cette nouvelle forme d’écriture en m’entourant de nouveaux collaborateurs, et de rendre le temps de la rencontre et de l’expérience physique et visuelle, nécessaire à ma démarche, vivable et vivante. »

Cristèle Alves Meira

Marrainée par Agnès de Sacy

« Comment écrire un film de fiction à partir de la matière biographique de la vie d’une femme qui a réellement existé mais que je n’ai pas connu ?

À la lisière entre l’enquête documentaire et le film romanesque, le parcours d’auteurs me permettra d’engager un travail de recherche au long cours qui mêlera la récolte d’archives familiales et de témoignages à l’écriture d’un scénario.

Un biopic qui parcourrait différentes époques de la vraie vie d’une femme méconnue du grand public, dans lequel on entrerait d’abord comme dans un film documentaire d’archives familiales sur son adolescence au Portugal pour glisser ensuite dans la fiction avec sa vie d’adulte en France. »

Bijan Anquetil

Parrainé par Nicolas Klotz

« Jusqu’ici, j’ai travaillé souvent seul ou en (très) petite équipe. Des films courts, inscrits dans le temps long. Autant de portraits de personnages dont j’ai suivi le chemin. Aujourd’hui, je sollicite cette aide au parcours pour m’aventurer dans deux projets de long métrage. Le premier, une fiction, s’inspirera librement de l’histoire d’hommes et des femmes ayant, au début du XXème siècle, fondé une colonie au cœur de la forêt des Ardennes avec pour objectif d’essayer de mettre en pratiques les théories anarchistes. Le second, un documentaire, sera l’exploration d’une plaine délaissée, un territoire à l’aube d’une profonde transformation aux confins de la métropole parisienne. Ces films ne sont pas écrits. Ils exigent ce temps de recherche, cette disponibilité sans quoi rien n’est possible. C’est un endroit de notre travail pour lequel nous sommes rarement accompagnés. A côté de ce travail solitaire, l'aide au parcours me donnera du champ, du temps pour chercher les compagnons (personnage, scénariste, producteur...) avec qui constituer ce jeu de regards qui rend le cinéma possible. »

Alexander Abaturov

Parrainé par Laurent Bazin

« En passant à la fiction, il ne s’agit pas pour moi de rompre avec mon expérience passée de documentariste - au contraire, ces deux pratiques se nourrissent mutuellement. Dans mes films documentaires, je n’ai cessé de chercher et de révéler la part de fantastique qui se trouve dans le réel. Aujourd’hui, j’aimerais nourrir un univers imaginaire par la force de détails réalistes, de personnages plus vrais que nature. Dans cette nouvelle étape, il me tarde de rencontrer de prochains collaborateurs - producteurs, scénaristes, acteurs, directeurs artistiques - réunir les “enfants du désastre” pour créer ensemble des nouveaux univers. Et les fragments ne feront qu’un. »

Marjolaine Grappe

Marrainée par Clémence Lebatteux

« Je travaille actuellement sur deux projets très différents, dont les avancées et les approches sont diverses. La Bataille de l'ame se veut une plongée intime dans le monde virtuel — mais très réel — de la guerre technologique. Je souhaite, à travers ce projet de documentaire pour le cinéma m’éloigner du grand reportage et de l’investigation pour explorer la réalité par le cinéma-vérité. Le documentaire entend explorer la mythologie militaire américaine et son nouveau mantra pour recruter : celui d’une guerre toujours menée au nom de la liberté mais sécurisée, ludique, à distance. J’aimerais notamment collaborer avec le monde du jeux vidéo pour réfléchir à la meilleure façon de faire entrer le spectateur dans l'expérience de jeu immersive.

Je suis aussi au début de mes recherches pour réaliser un documentaire de création sur ma famille. Je souhaite m’appuyer sur des archives familiales et le fond d’archives MIRA (Mémoire des Images Réanimées d’Alsace), composé de milliers d’heures d’archives réalisées par des amateurs, pour retrouver la mémoire, sur grand écran et avec l’aide de tous ces anonymes, des lendemains de la Seconde Guerre Mondiale. J'aimerais faire un film sur la narration, sur la mémoire et l'imagination. Un film explorant la fabrication de la réécriture de l'Histoire. Un film historique qui s'emballerait pour devenir thriller psychologique. Ou le spectateur devra continuellement réévaluer la vérité changeante dans l'histoire. Et qui provoquerait un débat sur les motivations de ses personnages. Ce projet me bouscule, m’oblige à sortir de ma zone de confort, d’autant plus que je n'ai jamais réalisé de film en France. Tout jusqu'à présent m'avait préparé à raconter l'étranger, et à faire de cette distance une force. Alors que je m'apprete pour la première fois à diriger mon regard sur ce dont je viens, dans une proximité qui m'est étrangère, dans une forme que je veux différente, l’Aide au Parcours d’Auteur et l’accompagnement de ma marraine Clémence va me permettre d'imaginer de nouvelles modalités de création et de m’engager vers de nouveaux artistiques. »

 

02 décembre 2025

Les conférences du Paris Images 2026

Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) donne rendez-vous aux professionnels de la production cinéma et audiovisuelle pour son cycle de conférences qui se tiendra au Paris Images 2026, les...